Publié il y a 3 h - Mise à jour le 07.10.2024 - Louise Gal - 4 min  - vu 93 fois

FAIT DU JOUR Un CAP cuisine aux saveurs cosmopolites à Arles

Des étoiles et des femmes à Arles

Cours de cuisine du programme Des étoiles et des femmes.

- Louise Gal

Créé en 2015 par Alain Ducasse, le dispositif Des étoiles et des femmes permet à des habitantes de quartiers prioritaires de se former dans le domaine très masculin de la restauration. Une antenne arlésienne existe depuis 2018 et il sera possible de goûter leur cuisine dimanche 13 octobre lors du Grand festin des Étoiles et des femmes organisé place de la mairie.

L'heure du coup de feu est passée, mais dans la cuisine du Greta CFA Provence, au lycée Charles-Privat à Arles, onze femmes s'activent pour préparer un poulet basquaise. "Je me régale, c'est mon cours préféré", lance tout sourire Rida El Mohtadi, le professeur de cuisine de cette classe un petit peu particulière. D'ordinaire, les cuisines sont majoritairement remplies d'hommes, mais celle-là fait figure d'exception à plusieurs égards. Les apprenties cuisinières étudient en effet dans le cadre du programme national Des étoiles et des femmes, implanté à Arles depuis 2018. 

Un CAP cuisine pour des femmes des quartiers prioritaires

Ce dispositif, créé en 2015 par le chef Alain Ducasse, "accompagne des femmes passionnées de cuisine et habitant dans des quartiers prioritaires à (re)trouver un emploi dans la restauration." L'antenne arlésienne est portée depuis 2019 par l'association Petit à Petit, en partenariat avec le Greta CFA Provence qui s’occupe de toute la partie pédagogique, et France Travail qui lance le marché de la formation et rémunère les femmes durant leur formation.

Les étudiantes préparent donc durant 10 mois un CAP cuisine, en alternant entre vingt-deux semaines au lycée et quatorze semaines dans des restaurants du territoire. "Au début, c'était principalement des chefs étoilés. C'est aujourd'hui beaucoup plus ouvert à de la bistronomie, des semi-gastronomiques ou à des petites adresses qui cuisinent toujours en frais, toujours sur place, avec du local, de la saisonnalité et du respect", souligne Anne Drilleau, directrice de l'association Petit à Petit.

"C'est une chance unique"

Les profils sont cosmopolites, ce qui enrichit l'apprentissage culinaire. "Il y a des techniques à voir tout au long de l'année, et au fur et à mesure je complexifie un peu les recettes. Mais je n'ai pas de plat imposé, nous avons beaucoup d'échanges, je leur demande aussi ce qu'elles souhaitent apprendre", raconte leur professeur de cuisine. "Même moi j'apprends des choses, car certaines proposent des recettes de la Réunion, d'autres d'Ukraine, du Brésil, de la Côte d'Ivoire, etc...", se réjouit celui qui accompagne ce programme depuis trois ans. 

97 % de réussite au CAP

"C'est une chance unique. C'est ma chance", déclare avec beaucoup de reconnaissance Lydia, qui fait partie des onze femmes sélectionnées cette année. Depuis toujours attirée par la cuisine, cette Arlésienne de 52 ans, mère de trois enfants, n'avait jamais franchi le pas. "Je suis issue de l'hôtellerie et de la restauration, côté salle. Mais on a beaucoup de mal en ce moment à trouver des postes de serveur avec des horaires en continu. C'est donc pour moi aussi l'opportunité de trouver un emploi dans un secteur moins encombré", explique celle qui s'apprête à faire ses premiers pas en tant que cuisinière en stage dans le restaurant Inari à Arles.  

De l'autre côté du plan de travail, Olga fait revenir des bouts de poulet. Autre parcours de vie, autre histoire, autre nationalité, mais une même passion pour la cuisine et une même reconnaissance pour ce dispositif. Elle est arrivée en France en 2022, suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. "Je recommence ma vie à zéro, je n'ai plus rien, j'ai tout perdu à cause du conflit et j'ai deux enfants dont je dois m'occuper", confie celle qui a travaillé durant 13 ans comme directrice de salle, mais qui a également déjà travaillé en tant que cuisinière. "Je rêve d'apprendre la cuisine française, c'est parmi les meilleurs plats au monde", estime-t-elle, ajoutant qu'elle se voit bien proposer à son futur employeur des plats ukrainiens et tatares. 

Fanette Bugaud, qui coordonne le programme pour l'association Petit à Petit, remarque deux profils parmi les candidates : "Il y a les femmes qui n'ont jamais travaillé et qui veulent le faire pour elles-mêmes, et celles qui ont ça en tête depuis longtemps mais qui n'ont jamais franchi le cap." Diverses aides sont mises en place afin de leur permettre de suivre au mieux leur formation. L'association les accompagne ainsi pour trouver des moyens de locomotion, ou encore pour trouver une solution pour la garde de leurs enfants. "Nous faisons en sorte que tous les freins soient levés." Le CAP affiche un taux de réussite d'environ 97 % et un taux de retour à l'emploi d'environ 70 %. Certaines sont notamment embauchées par le chef chez qui elles ont réalisé leur stage. 

Le Grand Festin des Étoiles et des femmes

Les plats préparés durant les cours sont ensuite distribués au Secours populaire. "Nous n'avons que des bons retours", vante le professeur. En attendant de pouvoir goûter leur cuisine au sein des différents restaurants du territoire qui les accueillent en stage, il sera possible de déguster des plats lors du Grand Festin des Étoiles et des femmes, organisé le dimanche 13 octobre sur la place de la mairie. Ce festival culinaire et solidaire accueillera des trios atypiques : un chef de renom, une femme en formation de CAP cuisine et un “commis atypique”, c’est-à-dire une personnalité arlésienne souhaitant s’engager dans l’aventure. Chaque brigade servira des recettes au format "street-food" aux convives qui dégusteront les cinq plats du menu. "L'idée est de promouvoir le métier et promouvoir le programme. Les bénéfices iront à notre dispositif d'insertion professionnelle des femmes en cuisine", explique Anne Drielleau, directrice de l'association Petit à Petit.

Réservation en ligne obligatoire : https://www.helloasso.com/associations/association-petit-a-petit-arles/evenements/le-grand-festin-des-etoiles-et-des-femmes Tarif 35 €. 

Louise Gal

Arles

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