BEAUCAIRE À travers ses livres, Vincent Jarousseau "donne un visage aux invisibles"
Vincent Jarousseau, photographe et documentariste, sera ce mercredi 29 mars, au café Gambetta à Beaucaire, à partir de 18h30. Invité par le Rassemblement citoyen Beaucaire, il présentera son dernier livre, Les femmes du lien, un récit choral autour de huit femmes qui mêle roman-photo, documentaire et bande dessinée.
Ce n'est pas la première fois que Vincent Jarousseau vient à Beaucaire. La rencontre avec le Rassemblement citoyen Beaucaire, et notamment sa présidente Laure Cordelet, remonte aux années 2014-2016, au moment où en collaboration avec l'historienne et politologue Valérie Igounet, le photographe et documentariste travaille sur son premier ouvrage intitulé L'illusion nationale : deux ans d'enquête dans les villes FN. Parmi ses villes donc, Beaucaire. Depuis, chaque nouveau livre donne lieu à une conférence-débat dans la cité de la belle pierre. C'était le cas en 2019, avec la sortie de son deuxième livre, Les racines de la colère : deux ans d'enquête dans une France qui n'est pas en marche.
Un troisième vient compléter sa bibliographie, et ce depuis le 22 septembre 2022, sous les éditions Les Arènes. Un récit choral autour de huit femmes, parmi les trois millions de travailleuses - selon les chiffres de la Dares - "essentielles" que la crise sanitaire a mises en lumière, qui mêle roman-photo, documentaire et bande dessinée. "Donner un visage aux invisibles, c'est le point en commun de tous mes livres. Ce sont des livres qui parlent beaucoup des classes populaires et des fractures françaises", explique Vincent Jarousseau.
Ce livre-là s'inscrit dans une bi-territorialité, car réalisé à la fois dans des zones rurales du nord de la France et en Seine-Saint-Denis, principalement aux côtés de femmes qui ont eu un parcours migratoire. "Entre 2016 et 2018, j'ai beaucoup travaillé à Denain, sur un projet concentré sur la question des mobilités des classes populaires, ce qui m'a amené assez naturellement à la fin du livre au mouvement des Gilets jaunes puisque plusieurs des protagonistes de cet ouvrage s'engagent dans ce mouvement. Déjà, aussi bien sur ce livre que sur le premier, j'ai croisé la route de nombreuses femmes qui issues des métiers du secteur médico-social."
Pendant deux ans, entre 2019 et 2021, Vincent Jarousseau a cheminé à leurs côtés dans divers lieux, à l'hôpital, à domicile etc. "J'ai choisi des femmes dont les professions sont les plus emblématiques, plus représentatives. Je pense aux aides à domicile, aux aides-soignantes ou assistantes maternelles par exemple. Mais aussi des parcours de vie particuliers, à ce qu'on appelle dans la littérature scientifique, des modèles pour rapporter la réalité", précise le documentariste. Rendre compte de leurs conditions de travail et de vie, faire ressentir la complexité et la diversité des expériences, et adopter le point de vue de celles qui créent du lien dans nos sociétés.
Une partie de son travail a été réalisée pendant la crise sanitaire. "Ça a été assez particulier. Ce qui a été pour moi extrêmement intructif, c'est qu'on s'est beaucoup focalisé sur les métiers de l'hôpital pendant cette période, à juste titre. Mais en en oubliant - même s'il y a eu quelques rattrapages par la suite - le reste, ce reste qui faisait partie de la chaîne des responsabilités, que ce soit les auxiliaires de vie... Je pense aussi à Angélique dans le livre, assistante maternelle, qui prenait en charge les enfants dont les mamans travaillaient dans le secteur hospitalier."
Par la forme narrative employée, Vincent Jarousseau privilégie des récits très incarnés pour sensibiliser les lecteurs à des situations, à des contextes. Au-delà de ces parcours de vie, il amène aussi à réfléchir sur la représentation massive des femmes dans ces métiers.