Plus de 20 millions de femmes n’ont pas accès à l’avortement en Europe. Bien plus qu'un constat, un combat. Celui de militant(e)s et d'organisations féministes. Alice Coffin, journaliste et élue écologiste au Conseil de Paris, ainsi que Mathilde Viot, juriste et présidente de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, en sont. Ces deux militantes féministes sont les portes-paroles françaises de la campagne européenne "Ma voix, mon choix". Leur revendication : que toute personne dans l’Union européenne puisse avoir accès à l’avortement gratuitement et en toute sécurité, peu importe qui elle est et d’où elle vient.

"L'avortement pourrait devenir un sujet central"

Une Initiative citoyenne européenne a été enregistrée au mois d'avril, charge aux membres du réseau issu de sept pays (Slovénie, Irlande, Pologne, Finlande, Espagne, Croatie, France) de collecter un million de signatures en un an. 400 000 ont déjà été recueillies, dont 64 000 en France. Le duo français a pris le parti de mener leur campagne pro IVG sur le terrain, tandis que les élections européennes approchent à grands pas. Et ce n'est pas un hasard. "L'objectif est de montrer ce décalage entre la massification et la force qu’a pris ce mouvement féministe dans de nombreux pays européens et l’absence de ces problématiques dans les discours politiques, médiatiques. Alors que l’avortement pourrait devenir un sujet central", explique Alice Coffin.

Et la même de poursuivre : "Deuxième raison, on arrivera assez vite au million de signatures, j'en suis persuadée. Mais si sont envoyés, à Bruxelles et Strasbourg, des parlementaires européens qui ne votent pas cette initiative, ça n’aura servi à rien.  Donc évidemment que c’est un combat contre tous les politiques qui ne sont pas prêts à s’engager pour cette cause là. On parle de l’extrême-droite, parce que nous luttons contre, mais en réalité le spectre est bien plus large." Un questionnaire a été envoyé à toutes les listes déclarées pour le scrutin européen, sur leur positionnement par rapport à cette initiative citoyenne européenne, les réponses seront prochainement publiées.

Parmi la vingtaine de villes visitées par Alice Coffin et Mathilde Viot : Beaucaire. La réunion publique s'est tenue dimanche dernier à l'espace Mare Nostrum. Assia Hifi, co-fondatrice de l'Observatoire du racisme en politique, accompagnait les portes-paroles de "Ma voix, mon choix". Face à ces trois militantes, des membres de l'Action citoyenne antiraciste antifasciste Beaucaire présidée par Laure Cordelet. Pourtant "peu habituée des combats féministes" de son propre aveu, la Beaucairoise se joint volontiers à leur discours dans la lutte "pour les droits des femmes et contre les dérives extrémistes." D'ores et déjà, des actions sont prévues, calquées sur ce qui a pu être fait dans d'autres villes, c'est-à-dire parer d'un foulard vert les statues emblématiques de Beaucaire : Goya et Le Clairon, entre autres.

Un maillage de solidarité entre féministes

Des projets qui enthousiasment Alice Coffin. "Nous sommes très heureuses, cette campagne est l'occasion de construire un maillage de solidarité entre féministes européennes, mais aussi localement en France. Un réseau dont on aura énormément besoin bien au-delà de cette Initiative citoyenne européenne, avec tout ce qui se passe politiquement et notamment en France, avec les prochaines élections", explique l'élue écologiste à Paris. Alice Coffin a quitté Beaucaire faisant la promesse d'y revenir.