Tous vêtus d’un t-shirt rouge aux couleurs du collège, les enseignants du collège Vigne à Beaucaire ont manifesté hier contre la réforme du « Choc des savoirs » prévue par le gouvernement pour la rentrée prochaine. Ils ont ainsi distribué à la sortie de l’école des tracts expliquant leurs revendications, allant parfois jusqu’au milieu de la route pour se faire entendre et sensibiliser les passants à leur cause. Cette action est dans la continuité de la grève particulière exercée par les enseignants.

Pour rappel, la réforme du choc des savoirs, c’est une réforme qui a pour but d’élever le niveau scolaire des collégiens français, notamment par la mise en place de groupes de niveaux. Ce sont ces groupes de niveau qui sont aujourd’hui remis en cause par le corps enseignant, qui dénonce une réforme délétère et propice à la stigmatisation de certains élèves. « Les enfants ne comprennent pas tout, tout ce qu’ils ont retenu c’est qu’il y aurait des groupes de nuls » explique l’une des enseignantes.

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Tous dénoncent un projet présenté sous couvert de bon sens, mais qui finalement n’en n’aurait pas vraiment. « On accueille des élèves de 6e qui vivent déjà un gros changement : ils ont une nouvelle structure, de nouveaux professeurs… Avec cette réforme, ils en auront encore plus, ils n’auront même plus de vraie classe. Et la relation de confiance qu’on peut avoir avec eux sera impossible à mettre en place, ce n’est pas quelque chose qui s’instaure du jour au lendemain… » Et puis comment évaluer des élèves de niveaux différents ? Pour la plupart des enseignants, il sera difficile de trouver une méthode équitable, les élèves n’étant pas tous évalués selon les mêmes critères.

Les enseignants ont également, à travers cette réforme, l’impression d’être méprisés par le gouvernement. « A chaque nouvelle fournée de ministres, tout change, il n’y a aucune continuité. On n’est jamais consultés sur ces questions. Pourtant, on a un système de soutien aux élèves en difficultés qui a été mis en place, et qui fonctionne bien ! On a des groupes d’accompagnement personnalisé et d’approfondissement le mercredi matin. Avec la dotation allouée à cette réforme, ce dispositif aurait pu être généralisé, mais non ! À la place, on va devoir l’abandonner avant même d’avoir pu l’évaluer correctement sur le long terme… Finalement, comme pour le personnel hospitalier, l’État se désengage complétement du public au profit du privé ».

L’enseignement privé, voilà également la source du sentiment d’injustice des manifestants. Beaucoup craignent que la réforme ne soit destinée qu’aux établissements publics. « Le ministre affirme que ça sera appliqué à tous, mais le collège d’Alzon a déjà annoncé qu’ils ne l’appliqueraient pas parce que leurs élèves n’en ont pas besoin. Si cette mesure est nécessaire pour le public, pourquoi ne l’est-elle pas pour le privé ? » s’indigne un professeur. Cette réforme deviendrait alors pour certains enseignants une véritable expérience, ce qui inquiète aussi les parents : « On n’a pas envie que nos gamins deviennent des souris blanches de laboratoire ».