BEAUCAIRE "Noël condamné", "atteinte à la laïcité" : la crèche au coeur d'un nouveau duel entre la mairie et la LDH
Le tribunal administratif étudiait ce mercredi matin la légalité de l'installation de la crèche dans le hall de la mairie de Beaucaire. Une soixantaine de soutiens au maire étaient présents.
Une soixantaine de personnes étaient présentes ce mercredi matin à 10h devant le tribunal administratif de Nîmes pour soutenir Nelson Chaudon, maire RN de Beaucaire, accompagné du député Yohann Gillet, alors que la juridiction était appelée à statuer sur la légalité de l'installation de la crèche provençale dans le hall de la mairie. La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a en effet déposé un référé pour non respect de la laïcité. L'avocate de l'association, Sophie Mazas, souhaite "enjoindre le maire de retirer la crèche dans un délai de 24h après la décision du tribunal administratif, avec une pénalité de 2 000 euros par jour de retard."
Si les deux parties s'accordent sur un point, c'est que c'est un rendez-vous, quasiment annuel depuis 2014, dont elles se passeraient bien. Dans la petite salle d'audience, remplie par des soutiens de la mairie de Beaucaire, maître Sophie Mazas a plaidé sur le caractère urgent de la requête de la LDH, estimant qu'il y a "une atteinte grave et immédiate du principe de laïcité, de neutralité du service public et d'égalité."
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Et l'avocate de préciser que les "impôts sont faits pour financer les écoles, et les deniers du culte pour financer la liberté de religion". "Si tradition il y a, a-t-elle poursuivi, elle est hors des murs de la maison commune, qui doit accueillir les principes laïques." Elle a également souligné les décisions antérieures. "De manière constante, la juridiction administrative, la cour administrative et le conseil d'État ont jugé que la crèche de la nativité de Beaucaire n'entrait pas dans les dérogations prévues sur l'interdiction de mettre une crèche. La cour administrative de Marseille a jugé que c'était une crèche catholique avec du prosélytisme."
Alors que quelques personnes présentes dans la salle ont tantôt rigolé, tantôt murmuré ou lâché quelques soupirs, maître Sophie Mazas a interpellé le président. "On constate l'impunité totale des responsables exécutifs qui se permettent de mépriser la juridiction administrative et de ne pas exécuter les décisions de justice. C'est un mépris de la séparation des pouvoirs. On se permet même de rigoler dans l'enceinte de votre juridiction", a-t-elle souligné alors qu'un "allez dégage", a été marmoné par une Beaucairoise à la fin de sa plaidoirie.
"Une installation temporaire sur un emplacement public d'une crèche qui porte un caractère culturel, artistique ou festif est légal. Je soutiens que nous sommes devant une crèche qui présente tout cela. Elle a perdu son seul caractère religieux, elle est entrée dans les traditions des fêtes de fin d'année. Les santons sont l'expression de l'art", a de son côté défendu l'avocate de la mairie de Beaucaire, Sylvie Josserand, également députée RN.
"Cette armée pacifique de santons provençaux ne crée pas un danger, une menace immédiate dans l'hôtel de ville de Beaucaire", a-t-elle indiqué tout en plaidant "l'irrecevabilité de cette requête car elle est dirigée contre la commune alors que la décision a été prise par le CCAS qui a une personnalité juridique." Cette dernière a également estimé que par l'intermédiaire de la crèche, c'est "Noël qui est condamné, ce sont les traditions, les racines de la France, l'âme de notre pays, de notre nation qui sont combattues." Une plaidoirie qui a fait réagir trois Beaucairois, membres de la LDH, également présents ce mercredi matin. "La crèche dans la mairie de Beaucaire n'est pas une tradition", rétorque Marie-France Amiard à la sortie du tribunal. "Il y a eu pendant des années des expositions de crèches dans une salle communale, les santonnales sont dans une salle municipale et on n'a jamais rien dit car il n'y a aucune atteinte à la loi de 1905", complète Françis Labbe.
S'ils ont tenu à venir assister à l'audience au sein du tribunal administratif, c'est pour montrer que "tous les Beaucairois ne sont pas derrière" Nelson Chaudon. "Les frais de justice c'est le contribuable qui paye, les autocars pour faire venir ses soutiens aussi, les amendes aussi", ont-t-ils souligné. Questionné à ce sujet, le maire a botté en touche. "Ce n'est pas un budget si important que ça, c'est équivalent à n'importe quelle procédure juridique. Mon objectif est que les Beaucairois gardent la tête haute", a-t-il indiqué, estimant qu'il n'y avait pas beaucoup de risques pour qu'une amende journalière soit mise en place. La décision du tribunal administratif devrait être rendue d'ici la fin de la journée.