BEAUCAIRE Retour sur la présentation du budget 2024 "digne d'une propagande"
La mairie de Beaucaire a présenté hier son rapport d’orientation budgétaire en conseil municipal. Ce dernier devra être voté officiellement avant le 15 avril, mais il a soulevé quelques débats auprès de l’opposition qui l'a qualifié "d'outil de propagande".
Le Conseil municipal de ce mardi a largement été dédié au rapport d’orientation budgétaire (ROB), présenté par Julien Sanchez, le maire de Beaucaire. Le préambule donne le ton « Grâce à la rigueur et au sérieux budgétaire de la municipalité depuis 2014, Beaucaire va pouvoir continuer en 2024 à investir et à supporter l’épouvantable conjoncture économique due aux amateurs qui tiennent les rênes du pays pour encore trois ans ». Après avoir rappelé les différents investissements effectués en 2023 (base nautique, la réhabilitation de l’école Garrigues Planes…), ce sont ceux prévus en 2024 qui ont été présentés.
Développement de la gare en pôle multimodal, travaux pour le projet du quartier Sud Canal, réhabilitation de la route de Nîmes et de celle de Saint-Gilles ainsi que d’autres voiries communales, le plan de Sauvegarde et de Mise en valeur du site patrimonial remarquable de Beaucaire (PSMV), la réhabilitation de la Croix Couverte ou encore l’installation d’un premier terrain de football en synthétique, voilà les pôles de dépenses évoqués. D’autres investissements (notamment pour les écoles ou encore pour la rénovation énergétique de la Halle des Sport) ont été évoqués, mais sont encore sous réserve de subventions.
« Les subventions, on va les chercher avec les dents »
Parce que pour la mairie de Beaucaire, c’est là le nerf de la guerre. « Les subventions, on va les chercher avec les dents » s’enorgueille Julien Sanchez, qui ne manque pas de souligner les économies réalisées sur tous les projets de la commune grâce à ces subventions obtenues en faisant « un très fort lobbying, comme d’habitude ». 80 pourcents pour le PSMV, autant pour la Croix couverte, 530 000 euros pour le terrain de foot… en tout, ce seront 7 millions d’euros de subventions qui seront récoltées par la mairie pour ses différents projets.
Outre les dépenses d’investissement, les dépenses de fonctionnement ont également été présentées. Si les charges générales et de gestion courante seront plus élevées en raison de la hausse du prix de l’électricité, mais aussi pour des raisons administratives imposées par l’État, la municipalité assure que les taxes locales resteront gelées en 2024, et que les subventions proposées aux associations augmenteront encore cette année, jusqu’à 500 000 euros. Il est également prévu que la dette de la commune se voit remboursée à hauteur de 8 millions d’euros, notamment via les subventions qui renflouent l’emprunt réalisé en 2023, la prévoyant de 9 176 123 euros pour la fin de n’année, contre 17 214 915 euros au 1er janvier.
Un outil de propagande
Pour l’opposition, ce ROB est « un véritable outil de propagande, pure visant à faire croire que le RN gère mieux que les macronistes dans une optique de politique nationale. ». Charles Ménard (opposition Beaucaire en commun) s’insurge ainsi contre « l’autosatisfaction permanente » de la municipalité, et évoque la dégradation des services municipaux rendus aux beaucairois, notamment à cause de la baisse des effectifs employés par la collectivité. « Faire plus avec moins, vous êtes comme le gouvernement du président Macron qui avec 10 milliards d’austérité en plus veut nous faire croire que l’hôpital va mieux marcher avec encore moins de moyens pour les soins, que l’Éducation Nationale avec moins de moyens et moins d’enseignants va mieux former nos enfants... »
Julien Sanchez s’était plus tôt félicité d’avoir justement réduit ces effectifs afin d’éviter une hausse des dépenses de fonctionnement de 2 millions d’euros « sans toutefois porter atteinte à la qualité des services rendus. Cela est dû à l’implication de tous et à une meilleure répartition des missions ». Cette baisse d’effectif a notamment été motivée par les décisions gouvernementales relatives aux agents de la fonction publique : « Comme d’habitude, le gouvernement n’apporte aucune aide aux collectivités territoriales pour financer les mesures prises »
Le bien être des employés de la commune a également été remis en cause par Charles Ménard : « Vous dites que vous avez du mal à recruter, mais je ne suis pas particulièrement surpris quand on voit la considération que vous avez pour le personnel public… ». Ce à quoi le maire rétorque que « l’autorité territoriale n’est pas là pour être un bisounours. Moi je crois au bien-être du personnel, mais si quelqu’un n’est pas épanoui à un endroit, il peut toujours aller voir ailleurs, ça recrute dans toutes les communes. On a des départs et des arrivées, comme dans toutes les collectivités. »
"Si j'étais à la présidence de la CCBTA..."
Luc Perrin, au nom de la liste d’opposition Unis pour Beaucaire, n’a pas non plus manqué d’exprimer, son mécontentement quant à ce ROB. Il souligne notamment les griefs de la mairie contre la CCBTA, qui ne ferait pas les investissements essentiels pour la commune, Julien Sanchez ayant par exemple évoqué des cache-poubelle en fer forgé lors de la réunion publique pour le PSMV. La réponse du maire ne s’est pas fait attendre : « Si on était à la présidence de la CCBTA, tout ceci ne serait qu’une formalité. J’en ai parlé au président, j’en ai parlé en conseil communautaire, ce n’est pas possible : vous voyez bien qu’ils s’en foutent de notre ville. Vous avez soutenu le maire de Bellegarde à la présidence de la CCBTA. Les Beaucairois vous jugeront pour ça aux prochaines élections municipales, ce scrutin sera sanglant pour vous. On se rappellera de tout cet argent qui manque à la ville par votre responsabilité. »
Autre sujet de débat, la gestion des écoles de la commune. La mairie a annoncé notamment le projet de numérisation des écoles primaires, l'opposition lui reproche de délaisser les établissements scolaires au profit d’autres projets. Luc Perrin s’insurge : « Est-ce vraiment être responsable et être un bon gestionnaire que de consacrer autant d'énergie et d'argent communal dans une base nautique ou un centre des congrès quand des centaines d'enfants doivent passer leur scolarité dans une école rue Nationale plus que vétuste voire insalubre et que des centaines d'autres ne trouveront bientôt pas d'école pour les accueillir ? ».
Julien Sanchez rétorque alors que ces dépenses n’ont rien à voir dans la mesure où elles ne sont pas soumises aux mêmes subventions, l’école étant « peu subventionnée en France, on pourrait en parler au ministre de l’éducation. Elles sont de maximum 40% et sur 3 ans, donc on se dit que franchement quand on voit tut le fric qu’ils donnent à Marseille ou à Nîmes il pourrait aussi en donner un peu aux autres villes qui ne sont pas des zones de non-droit » Un budget de 9 millions d’euros sera donc proposé via un nouveau plan de financement, qui sera présenté prochainement au préfet et soumis au vote.