FAIT DU JOUR Création d'une ligne aérienne à très haute tension : cinq communes gardoises concernées
Une nouvelle ligne aérienne de 400 000 volts reliera Jonquières-Saint-Vincent à la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, sur un tracé de 65 kilomètres. Un projet estimé à 300 M€ porté par RTE, gestionnaire du réseau de transport d’électricité, qui en est au stade des premières concertations.
"On ne peut pas répondre aux objectifs de décarbonation avec le réseau d'hier." D'une simple phrase, Christophe Berassen, directeur du centre développement et ingénierie chez RTE, pose sur la table tout l'enjeu du projet présenté ce jeudi 16 novembre, au Musée départemental Arles Antique, à toutes les parties prenantes (communes, intercommunalités, établissements publics, chambres consulaires, services de l'État, associations environnementales etc), la première étape de la concertation dite Fontaine.
Un projet qui concerne la création d'une ligne électrique aérienne de 400 000 volts, sur une distance de 65 kilomètres entre les postes électriques de Jonquières-Saint-Vincent et de Feuilllane, sur la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, l'une des plus importantes d'Europe - plus de 42 000 emplois salariés -, encore en développement. Et même en pleine transformation, puisque l'ambition d'ici une dizaine d'années porte sur une diminution de moitié de ses émissions de gaz à effet de serre(*).
Un objectif qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’accélération de la décarbonation de l’industrie, première étape avant d'atteindre la neutralité carbone à horizon 2050, tel est le cap fixé par l'Europe et la France. "Pour relever ce défi, on a besoin, en actionnant la sobriété et l'efficacité énergétique, de réduire de 40 % notre consommation d'énergie globale issue à 60 % d'énergies fossiles donc pétrole, gaz, charbon. On a besoin de muter vers des énergies à bas carbone, notamment l'électricité. Si on veut viser la neutralité carbone, il faut passer de 25 % d'énergie électrique consommée actuellement, à 55 % ", explique Christophe Berassen.
"La région PACA consomme actuellement en moyenne 5 000 à 8 000 mégawatt. L'électrification de nos usages conduira très clairement à une augmentation des besoins de consommation électrique de l'ordre de 6 000 à 8 000 mégawatt."
Christophe Berassen, RTE
La bascule est très importante et se traduira tout logiquement par une augmentation des besoins en électricité à hauteur de 35 à 40 % et cela dès 2035, afin d'accompagner la décarbonation de l'industrie et la dynamique de transition énergétique engagée sur le territoire (immobilier, mobilité etc). "Nous sommes tous concernés, les usages ont changé, ils s'électrifient et le réseau doit s'adapter pour répondre à cette évolution très forte de la consommation et assurer la sécurité de l'alimentation", insiste le représentant de RTE.
À ce jour, 60 % de la consommation électrique de la région PACA est assurée par deux artères principale au départ de la Vallée du Rhône, Tavel plus précisément. Deux artères qui ont été structurées dans les années 70-80. Outre l'optimisation et le renforcement du réseau actuel, RTE prévoit donc la création "d'une nouvelle colonne vertébrale électrique pour la région PACA qui rendra possible la décarbonation", justifie Christophe Berassen. Coût global de l'opération : environ 800 M€ dont 300 M€ consacrés à la ligne aérienne de 400 000 volts reliant Jonquières-Saint-Vincent à Fos-sur-Mer, financés de moitié par les clients raccordés.
Pourquoi pas une ligne souterraine ?
Si le tracé n'a pas encore été défini, RTE a enterré l'idée d'en faire une ligne souterraine. "La technologie souterraine existe effectivement, elle est usuellement utilisée sur des liaisons de tensions inférieures, sur des 63 000 volts, 225 000 volts mais de moindre puissance. Pour mémoire, le filet de sécurité de la région PACA, et c'est le maximum qui existe aujourd'hui en liaison à 225 000 volts est à 500 mégawatt", souligne le directeur de centre. Le même reconnaît l'existence de lignes souterraines à 400 000 volts, "mais souvent sur des courtes distances et de faibles puissances."
Seule l'aire d'étude définissant un périmètre ciblé de 615 km2, 48 km de long et 14 km de large, a été présentée aux parties prenantes, ce jeudi, et validée sous l'égide de la sous-préfète d'Arles, Cécile Lenglet, représentant le préfet de région. Cinq communes gardoises sont concernées, à ce stade du projet. Celles du territoire de la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence dont Jonquières-Saint-Vincent bien sûr, Beaucaire, Bellegarde, Fourques et Vallabrègues, avant de passer de l'autre côté du Rhône où cinq communes bucco-rhodaniennes sont également à l'étude. Des territoires qui pourraient bénéficier du dispositif d'accompagnement financier dans le cadre de projets locaux s'inscrivant notamment dans la transition énergétique.
Une concertation ouverte au public sera organisée au début de l'année 2024, lui donnant ainsi l'occasion de participer à l'analyse des différents tracés possibles pour les futures installations électriques, tenant compte des études environnementales qui auront lieu au préalable. Puis viendra la validation du fuseau de moindre impact dans le courant de l'été 2024 pour viser une déclaration d'utilité publique à horizon 2025. Et enfin un début des travaux en 2027-2028.
Pour en savoir plus sur ce projet, cliquez ici.
*La zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer est l'une premières lauréates de l'appel à projet "zone industrielle bas carbone", porté par l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) dans le cadre de France 2030.