Publié il y a 1 an - Mise à jour le 16.09.2023 - Thierry Allard - 3 min  - vu 1575 fois

FAIT DU SOIR À Beaucaire, le RN entre dans l’arène européenne

Marine Le Pen, ce samedi soir à Beaucaire

- Capture d'écran / DR

Il y avait d’abord une grande fête sous un ciel gris, autour des arènes de Beaucaire, avec des stands régionaux aux couleurs du Rassemblement national, dans une exaltation des traditions. De quoi d’ores et déjà donner le ton de la suite, à savoir les discours du président du RN Jordan Bardella et de Marine Le Pen.

Sans surprise, le RN défendra la souveraineté des nations, l’identité et les traditions, saluées par le maire de Beaucaire Julien Sanchez en ouverture, contre le « mondialisme », et Marine Le Pen fera l’annonce de ce qui était attendu, à savoir une « déclaration solennelle des droits des peuples et des nations ». Le but étant, en 16 articles, de « sacraliser les droits des peuples et des nations sans lesquels les droits individuels ne peuvent s’épanouir », lancera Marine Le Pen devant un public conquis.

Les sacraliser contre quoi, ces droits ? Contre les instances supranationales, et au premier chef l’Union européenne, même si la finaliste des deux dernières présidentielles citera aussi les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) pour faire bonne mesure, « pour que plus jamais nous ne tolérions qu’on impose des modes de gouvernance ou des législations à des gouvernements démocratiquement élus. » On y retrouve aussi la « défense des identités », entre autres. Ce matin à l'occasion d'une rencontre avec la presse régionale, Marine Le Pen avait même rapproché son initiaitve de la Déclaration universelle des droits de l'Homme adoptée par l'ONU en 1948. 

Marine le Pen voit grand, donc, en parlant carrément de la « vocation universelle » de cette vision. De quoi faire coup double, imagine-t-elle : à la fois « rendre aux Français des leviers souverains qui n’auraient jamais dû leur être confisqués », mais aussi « rendre à la France sa voix particulière », en lui donnant une place centrale dans un mouvement qu’elle espère large. Et, au passage, pour Marine Le Pen, il s'agit aussi de se tailler une stature internationale. « Ce texte est essentiel, nous le présenterons dans toutes les institutions où nous sommes présents », avance Marine Le Pen, visiblement sûre de son coup face à « un logiciel mondialiste aux abois ».

Si ce projet, seule annonce du jour, a suscité les applaudissements du public (5 000 personnes d’après Jordan Bardella), le public n’a jamais été aussi chaud que lorsqu’il s’agissait d’immigration. Sur la politique migratoire, Marine Le Pen estimera une nouvelle fois que « c’est à nous et nous seuls de la déterminer en fonction de nos intérêts », à rebours donc de la politique européenne actuelle.

« #OnContinue! »

Jordan Bardella, qui s’est exprimé avant Marine Le Pen, s’est plus axé sur le pouvoir d’achat, en défendant « le travail, le socle, le pilier de la prospérité économique et la clé de la solidarité nationale », en faisant un lien avec l’Union européenne pourfendue par Marine le Pen par le biais du marché européen de l’énergie et ses « règles absurdes ».

Le clivage entre le RN qui joue la « proximité » et même le « lien charnel » avec le peuple, selon les termes de Jordan Bardella, et la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron « qui gère le pays comme une salle de marchés, au service d’un petit nombre » est exacerbé. Il est désormais complété par un autre : « Les forces du renoncement, de Jean-Luc Mélenchon à Emmanuel Macron » face aux partisans de « la puissance, c’est pouvoir ce que l’on veut », pose le président du RN. 

La puissance donc, face à la délinquance, dont la solution « se résume en un mot : l’autorité », lancera-t-il en énumérant des principes déjà mille fois entendus, de la « tolérance zéro » à la « suspension des allocations familiales aux parents de mineurs récidivistes », mais aussi contre « l’immigration massive ». « Les Français doivent regarder Lampedusa, ce sera notre futur si on ne reprend pas dès maintenant le contrôle de nos frontières », avancera-t-il, suggérant de « raccompagner les bateaux à leur pays de départ. » Là aussi, rien de bien neuf.

Et l’environnement dans tout ça ? Le RN ressort son concept de localisme, et défend « une vision de l’Homme enraciné dans son environnement. » Au final, rien de bien concret ni de très neuf mais ça suffit au RN, qui a le vent dans le dos dans tous les sondages avec 2027 comme objectif ultime, pour lancer sa campagne européenne, sous le slogan « Vivement le 9 juin ! » Dans le public, entre les drapeaux tricolores, on apercevait des écharpes sur lesquelles un hashtag était brodé : « #OnContinue! »

Et aussi

Julien Sanchez a profité de la tribune pour faire huer le ministre Olivier Véran, venu hier à Beaucaire, qualifiant cet épisode « d’indécent et minable ». Il en a également profité pour défendre son bilan de maire, avant que le député Yoann Gillet n’exacerbe le contraste entre Beaucaire et Nîmes, « qui n’a pas encore la chance d’avoir un maire RN. » Le député invitera aussi à « en finir avec ces zones de non-France », contre lesquelles « le RN est la solution. »

Thierry Allard

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio