FAIT DU SOIR Le quartier de Lafoux à Remoulins : un nœud à résoudre car dangereux pour les cyclistes
Lancée en ligne par l’association Gard O Vélo, la pétition réclame l’aménagement sécurisé continu de la voie verte du Pont du Gard entre la route de Beaucaire et le début de la voie cyclable du Pont du Gard à Remoulins. En cinq mois, 4 300 signatures ont été collectées.
500 mètres. Une distance courte à traverser et pourtant pour les cyclistes, cela peut paraître une éternité quand ils doivent partager la route avec des véhicules en nombre, mais aussi et surtout des poids lourds. C’est ce qui se passe fréquemment au quartier dit de Lafoux à Remoulins, les deux-roues quittent la voie verte du Pont du Gard à Remoulins pour rejoindre l’itinéraire de la route de Beaucaire, ou chemin inverse. Martine et Jean, des quinquagénaires originaires de Bretagne, en ont fait l’expérience : « C’est compliqué, il faut avoir des yeux partout ! » Certains, beaucoup même, font le choix de rouler sur les trottoirs , « mieux vaut croiser un piéton, ralentir et s’arrêter, qu’être frôlé par un camion. » Sans en avoir conscience, ils s’exposent à un autre danger potentiel, celui d’être percutés par le véhicule d’un riverain sortant de son garage.
Alors que le secteur du vélo est en pleine forme, malgré un effet plateau ressenti par les professionnels cette année, après néanmoins un pic, une courbe ascensionnelle qui a débuté lors de la période de confinement. En 2022, le marché français représentait 3,6 milliards d'euros, boosté notamment par les vélos électriques et des mesures incitatives pour l’usager dont des coups de pouce financiers de l’État. Mais encore faut-il que les infrastructures soient adaptées pour permettre à ces deux-roues de circuler en toute sécurité et à leurs propriétaires de réduire par ailleurs les émissions de gaz à effet de serre, un enjeu national, faut-il le rappeler.
Suite à la présentation du bilan annuel national de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr) au mois de mai dernier(*), la fédération française des usagers de la bicyclette rappelle « que c’est aux pouvoirs publics d’assurer la sécurité de tous les usagers de la route à commencer par les plus vulnérables d’entre eux. Les maîtres d’ouvrage et les collectivités notamment ont le devoir de rendre les voiries moins dangereuses, en agissant principalement sur la vitesse et sur la création d’itinéraires cyclables sécurisés, principalement sur des voiries existantes. » Et la même d’appeler : « Les collectivités et l’État à agir rapidement pour sécuriser les déplacements des cyclistes hors-agglomération. »
Un message dont Gard O Vélo se fait l’écho à l’échelle locale. Depuis cinq ans, ce maillon manquant situé sur les terres remoulinoises a déjà fait l’objet de nombreuses requêtes, restées sans réponse. Dans une pétition publiée en ligne au mois de juillet, l’association présidée par Agnès Sénicourt, souligne la dangerosité de cette portion et insiste auprès de la mairie de Remoulins, de la Communauté de communes du Pont du Gard, du département du Gard et de la région Occitanie, pour que soit décidée « de prolonger la voie verte sur cette portion ». « Cette voie verte du Pont du Gard permet aussi la liaison avec le Pont du Gard et Uzès. Elle est indispensable connectée à un encorbellement du pont de Remoulins dans la perspective de la desserte de la nouvelle gare de Remoulins-Pont du Gard. » En cinq mois, cette pétition numérique a reçu 4 300 signatures (cliquez ici pour accéder à la pétition), alors que Remoulins compte moins de 2 500 habitants.
« Les études techniques sont lancées afin de trouver la meilleure solution, nous sommes en recherche de financement »
Nicolas Cartailler, maire de Remoulins.
Nicolas Cartailler le concède : « Je n’emprunte pas cette route à vélo avec mes enfants. » Pour le premier édile remoulinois, « il y a urgence à agir car il y a un problème de sécurité à la fois pour les cyclistes locaux, les touristes mais aussi pour les collégiens qui viennent par exemple de Sernhac ou de Saint-Bonnet-du-Gard. » La phase de pré-étude des projets de réaménagement du quartier de Lafoux et de création d’un encorbellement du pont, a permis d’élaborer un premier budget prévisionnel estimé à 2,5 M€. « Les études techniques sont lancées afin de trouver la meilleure solution, nous sommes en recherche de financement », indique le maire, assurant avoir reçu une fin de non-recevoir de la part de la CCPG. « C’est pourtant un projet d’interêt communautaire », souffle-t-il.
On connaît les relations houleuses entre la commune et l’intercommunalité, des tensions rendues publiques lors des deux derniers conseils communautaires. Pour autant et pour en revenir au sujet qui nous intéresse et inquiète riverains et cyclistes, Philippe Marchesi, deuxième vice-président de la CCPG en charge de l’Aménagement du territoire et de la ruralité, affirme que « ce dossier apparaît dans le cadre de la réouverture de la gare de Remoulins. » Également président du PETR (Pôle d'équilibre territorial et rural) de l'Uzège-Pont du Gard, il informe que ce projet de rénovation et de mise en sécurité sur le carrefour de Lafoux a été présenté dans le cadre du programme FEDER (Fonds européen de développement régional), au même titre que celui de la création d’une passerelle sur le pont de Montfrin ou la création d’une piste cyclable pour relier Remoulins à Pouzilhac.
« le Conseil départemental travaille sur ce dossier. »
Philippe Marchesi, vice-président de la CCPG et président du PETR Uzège-Pont du Gard.
La réponse est attendue avant les fêtes de fin d’année. « Mais si on n’y arrive pas avec le FEDER, on y arrivera avec autre chose, on trouvera une issue », rassure l’élu communautaire. D’après ce dernier, « le Conseil départemental travaille sur ce dossier. » Le maire rapporte avoir rencontré les équipes techniques au début de l’été. Le Département serait donc favorable à ce projet, sans que nous n’ayons pu avoir de confirmation, ni de détail sur la teneur de son intervention malgré plusieurs appels à différents services compétents de la collectivité.
*245 personnes sont mortes à vélo en 2022, dans le bilan dressé par l’ONISR. Parmi celles-ci, 56 % roulaient sur des voiries hors-agglomération. Sur ces routes, on constate ainsi une augmentation de 47 % de la mortalité chez les cyclistes, soit trois fois plus qu’en agglomération.