FAIT DU JOUR Les grandes affaires criminelles de 2024
Assassinat d’un policier, Rambo des Cévennes, médecin violeur et fillette jetée dans le Rhône… L’année judiciaire gardoise, ou concernant des Gardois, est riche. Des assassinats qui ont fait la "une" des médias, un médecin et un instituteur mis en cause pour des viols, des agressions entre bandes rivales autour des stups…
Une évasion spectaculaire
C’est la cour d’assises d’appel de Draguignan qui va juger trois Nîmois pour des faits qui ont défrayé la chronique en janvier 2019. Ce jour-là, Lofti Boussouak arrive au tribunal pour s’expliquer sur son implication dans le gang des pirates de la route. Ces derniers dépouillaient les étrangers circulant sur l’autoroute du soleil. À son arrivée au tribunal de Tarascon, le véhicule de l'administration pénitentiaire est pris pour cible. Les agents pénitentiaires sont menacés, des coups de feu éclatent. Une balle va même traverser l’habitacle sans toucher personne. Un véritable miracle. Lofti Boussouak ne parlera pas devant le juge de sa participation aux agressions d’automobilistes étrangers sur l’autoroute. Il s’enfuit avec l’aide de deux complices. Le trio sera retrouvé six mois plus tard, caché dans les Cévennes, près de Chamborigaud, alors qu’il a poursuivi ses activités délictuelles en visant d’autres automobilistes étrangers dans le même secteur. Rattrapé et condamné en première instance il y a moins d’un an devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, Boussouak a écopé de 25 ans de réclusion criminelle. Ses deux compères d’expédition ont été respectivement punis de 22 ans et 18 ans de prison. Ils seront tous les trois en appel du 11 au 16 janvier pour cette tentative de meurtre sur des agents pénitentiaires.
Tuerie dans une scierie des Cévennes
C’est le procès le plus attendu de ce premier semestre et probablement l’un des plus importants de ces dernières années dans notre département. Important car la fuite de Valentin Marcone dans les bois cévenols a tenu en haleine la France entière pendant plusieurs jours. Une chasse à l’homme avait été lancée contre lui par les gendarmes du Gard. Les militaires voulaient retrouver ce jeune père de famille qui venait de commettre l’irréparable en tuant un camarade de travail et son patron dans la petite scierie familiale du village cévenol des Plantiers.
Avec une question : pourquoi un tel geste ? Pourquoi Valentin Marcone en est-il arrivé à ce terrible double assassinat ? Le procès se tiendra devant la cour d’assises du Gard présidée par Christian Pasta du 24 au 29 janvier.
Un instituteur accusé de viols sur ses élèves
Ce dossier-là a également ému dans le secteur de Nîmes et plus précisément à Cavairac où cet enseignant œuvrait au moment de sa mise en cause. Depuis il est suspendu de l’Éducation nationale, mais il n’a jamais varié dans sa version, réfutant totalement les accusations. Défendu depuis le début par maître Marc Roux, il est accusé de viols et agressions sexuelles sur plusieurs petites filles. Il sera jugé du 30 janvier au 5 février prochain devant la cour d’assises.
Un policier tué sur un point de deal
On devra traverser le Rhône pour s’installer dans la cité des Papes durant 15 jours, du 19 février au 1 mars pour voir l’autre grand procès de cette année 2024 dans le ressort de la cour d’appel de Nîmes. Un policier mort au combat de la drogue et tué sur un point de deal en mai 2021 dans le centre-ville d’Avignon. Son meurtrier présumé a toujours nié les faits malgré de gros faisceaux menant vers lui. Ce jeune, âgé d’une vingtaine d’années, sera jugé devant les jurés vauclusiens. L’affaire intéresse également notre département car le policier Masson a des parents proches qui vivent dans le Gard et son papa, aujourd’hui à la retraite, était policier à Bagnols-sur-Cèze. Éric Masson, 36 ans, jeune père de famille laisse une épouse et deux petites filles dans le chagrin absolu. Une famille dévastée par le drame qui sera représentée par le pénaliste nîmois maître Philippe Expert et maître Sabine Gony-Massu.
Des viols sur quatre ex-compagnes
C’est un dossier très particulier que va aborder la cour criminelle départementale. Un homme accusé de viol sur ses ex-compagnes, ou plutôt dénoncé par celles-ci. Des femmes qui pour certaines d’entre elles ne se connaissaient pas lorsqu’elles ont révélé les faits. Quatre anciennes petites amies accablent le suspect pour ces violences et viols. C’est l’avocat général Bertrand Baboulène qui soutiendra l’accusation du 4 au 8 mars 2024
Un médecin accusé de viols sur des patientes
Il nie les accusations, mais il est pourtant renvoyé pour viol sur plusieurs patientes. Ce rhumatologue a-t-il agi selon les critères médicaux ou a-t-il franchi l’interdit ? Plusieurs femmes ont déposé plainte contre lui. C’est la cour d’assises du Gard qui va se pencher sur le cas de ce praticien du 11 au 14 mars.
Morte dans le Rhône, jetée par son père
Un appel qui va résonner autour de la souffrance d’une fillette. Un père de famille condamné en première instance à la perpétuité à Avignon se retrouvera en appel à Nîmes pour la mort atroce de sa fillette, jetée dans le Rhône en juillet 2020. Il avait attaché sa fille, âgée de 11 ans, avant de la pousser dans le fleuve. Le père de famille sera jugé du 15 au 19 mars dans le Gard.
Une cour d’Assises spéciale
C’est rare, très rare, mais la cour d’assises va statuer en formation spéciale composée uniquement de cinq magistrats professionnels les 28 et 29 mars 2024. C’est une très vieille affaire de drogue en bande organisée que va aborder la juridiction, en examinant le cas d’un homme soupçonné d’avoir fait accoster un bateau rempli de 2,7 tonnes de cannabis à Port Camargue. L’enquête de la police judiciaire et des enquêteurs américains avaient permis d’intercepter ce voilier au Grau-du-Roi en 1996. Le dernier suspect de ce trafic avec l’ombre des mafias européennes et américaines a été extradé et sera fixé sur son sort pour cette affaire vieille de 27 ans.
L’infirmier accusé d’un double assassinat
Deux morts retrouvés dans une voiture, elle-même enfermée dans un hangar à l’abri des regards sur la commune de Saint-Gilles. En mai 2021, un septuagénaire est retrouvé mort à l’avant de son véhicule stationné dans le hangar de sa dépendance. Il a été violemment frappé selon les conclusions de l'autopsie... Le corps de son épouse a été découvert dans le coffre de cette même voiture. Rapidement, un infirmier, qui habite la propriété et qui est membre de la famille par alliance, suscite l'intérêt des enquêteurs de la section de recherches de Nîmes. Cet homme qui entretenait des relations conflictuelles avec ce couple est arrêté quelques jours après le crime. Il avoue les actes et il est depuis incarcéré. Des violences inouïes pour des raisons futiles. En demandant sa libération avant son procès devant la cour d’appel de Nîmes, l’infirmier soupçonné indique que le jour du drame, le couple avait failli écraser son chien en roulant vite dans la propriété privée familiale dans lequel le double assassinat sera perpétré. Est-ce la raison d’un tel passage à l’acte ? La réponse de la cour d’assises interviendra le 5 avril après quatre jours de débats. À noter dans ce dossier que l’épouse de l’auteur présumé des faits, un temps mise en examen, a été totalement blanchie par la justice, comme un autre proche de l’accusé. Ce dernier comparaîtra donc tout seul pour les deux assassinats.
Le retour du roi des poubelles
Richard Pérez et ses éternels démêlés avec la justice gardoise sera de retour sur la scène judiciaire et médiatique nîmoise. Il comparaîtra aux assises du Gard car il est soupçonné d’être le commanditaire de la tentative d’assassinat du "parrain" de Nîmes. Des faits anciens survenus aux abords du golf de Vacquerolles à Nîmes, une nuit d’hiver, il y a plus d’une décennie. L’ex-roi des poubelles de la ville-préfecture gardoise a toujours nié les faits et sera jugé avec d’autres comparses du 10 au 14 juin prochain.
Fusillades mortelles et coups de feu pour la drogue
Deux affaires à la suite avec les mêmes accusés. Il s’agit de l’assassinat d’un adolescent sur un point de deal du Mas de Mingue, à Nîmes. Un garçon de 17 ans abattu par un tueur qui approche dans une voiture. Des balles fusent, un gamin décède et des accusés sont renvoyés devant la cour d’assises du 17 juin au 21 juin. La semaine d’avant, la plupart des mêmes accusés auront été jugés par la même cour pour une autre tentative d’assassinat toujours sous fond de stupéfiants et de rififi entre bandes rivales.
Une série de braquages chez des particuliers
C’est finalement loin de Nîmes et à la cour d’assises de Toulouse que se déroulera le procès de sept hommes mis en examen pour une série de braquages dans le Gard et les Bouches-du-Rhône. Un procès loin des passions nîmoises de première instance, puisque les avocats de la défense n’ont pas pu défendre leurs clients dans le Gard. Le bâtonnier Aoudia avait demandé le report de ce procès à Nîmes en juin dernier, après qu’un avocat de la défense a été insulté par son client qui lui avait même craché dessus. Le président de la cour d’assises du Gard avait refusé de reporter ce procès et les débats avaient eu lieu avec cette procédure rarissime "d’interdit à la barre" décrété par le bâtonnier et interdisant donc aux avocats de s’exprimer. Résultats des courses : des sanctions très lourdes pour ces braquages au domicile de particuliers. Les principaux protagonistes ont écopé jusqu’à 30 ans de prison pour le principal mis en cause. La cour d’assises de Toulouse se réunira loin du tumulte nîmois, du 28 juin au 5 juillet.
Loup blanc le gourou et le viol de ses adeptes
Si le procès n’est pas encore fixé, le gourou "loup blanc" sera devant la justice gardoise d’ici la fin de l’année 2024 pour le viol de plusieurs femmes adeptes de son mouvement. Lui aussi a toujours nié les accusations.
Et aussi…
Le tribunal correctionnel de Nîmes présidé par Jérôme Reynes jugera deux affaires particulières en ce début d’année 2024. La première, le 19 mars, concerne un trafic international de protoxyde d’azote autour d’un épicier local qui faisait venir des Pays-Bas des quantités vertigineuses de produits souvent utilisés par les jeunes pour se droguer.
L’autre dossier correctionnel concerne un réseau particulier de stupéfiants articulé autour de miliaires qui faisaient venir de Guyane de la cocaïne ingurgitée par des "mules". De la drogue qui était ensuite vendue dans le Gard, notamment par un retraité de l’agriculture qui avait son réseau local en rase campagne. Le procès est prévu les 6 et 7 février prochain au tribunal correctionnel de Nîmes.
À VENIR
Ce procès-là n’est pas encore fixé, mais on sait qu’il se tiendra à partir du dernier trimestre 2024. Il devrait durer au moins quatre mois et devrait déborder sur 2025. C’est le plus gros dossier jugé en matière criminelle depuis des décennies dans le ressort de la cour d’appel de Nîmes. Il sera abordé d’abord devant la juridiction criminelle vauclusienne et concerne un dossier de "viols" impliquant une cinquantaine d’accusés. Dans le terrible rôle principal, un père de famille et grand-père qui a avoué avoir drogué son épouse avant que cette dernière ne soit violée par des inconnus rencontrés par le mari sur des sites Internet.