C’est la remarquable plume de l'historienne Sarah Rouvière qui embarque le lecteur de ce livre se lit comme un thriller vers un monde oublié plus ou moins volontairement. À travers Anne Lapra, l’historienne Sarah Rouvière évoque le rôle des femmes dans la résistance huguenote. Dans une enquête menée tambour battant, l’autrice restitue avec talent le tragique, la tension et l’espoir propres à cette vie hors du commun.

En 1739, Anne Lapra, enceinte de huit mois, et son mari sont arrêtés pour avoir hébergé un pasteur clandestin et son épouse, également enceinte. Les deux couples sont emprisonnés. Un mois plus tard, l'évasion d'Anne Lapra - qui vient d'accoucher - et de l'épouse du pasteur stupéfie les autorités.

De Suisse où elle s'est réfugiée, Anne Lapra aide alors son mari, envoyé aux galères pour "crime de religion", à transmettre de précieuses informations sur les forçats. Tandis que pèse sur elle une condamnation par contumace à la tour de Constance, la fugitive protestante prend tous les risques pour aller visiter le galérien à Marseille...

À travers Anne Lapra, l'historienne Sarah Rouvière évoque le rôle des femmes dans la résistance huguenote. Dans une enquête menée tambour battant, l'autrice restitue avec talent le tragique, la tension et l'espoir propres à cette vie hors du commun. Docteure en histoire, Sarah Rouvière est spécialiste du protestantisme français clandestin pendant la période d'interdiction de la "Religion prétendue réformée", de 1685 à 1789. Sa thèse de doctorat a mis en lumière les contributions des femmes ardéchoises à la résistance protestante pendant ces années de répression.

Rappel des faits

En 1517, Martin Luther, un moine allemand et professeur de théologie, conteste certaines pratiques catholiques qui, selon lui, ne sont pas conformes aux textes bibliques. Ses idées se propagent dans une Europe en quête de réforme religieuse et donnent naissance au protestantisme. Cette "Religion prétendue réformée" gagne du terrain en France.

De 1562 à 1598, protestants et catholiques s'opposent dans de sanglantes guerres de Religion, auxquelles Henri IV met fin en signant l'édit de Nantes en 1598. Ce texte confère une certaine liberté religieuse aux protestants tout en reconnaissant le catholicisme comme religion officielle du royaume. Mais au XVII siècle, de nouveaux conflits ravivent les tensions entre protestants et catholiques et l'hostilité de la couronne envers les "religionnaires" fragilise l'édit de Nantes.

Sous Louis XIV, la politique antiprotestante s’intensife et rend la vie sur le territoire français compliquée pour les protestants. Après des années de persécutions contre celles et ceux qui le pratiquent, la révocation de l'édit de Nantes, en 1685, interdit le protestantisme en France et contraint les religionnaires à se convertir au catholicisme, sans laisser la possibilité à ceux qui refusent d'abjurer d'émigrer à l'étranger. C'est le début de la période dite du Désert.

Moins sujettes aux soupçons, les femmes sont alors moins surveillées par les autorités. Lorsque la prédication leur est interdite au sein de leur communauté en 1721, Les protestantes du Vivarais, et surtout celles issues de milieux aisés, continuent malgré tout à occuper un rôle crucial dans l'organisation logistique et l'assistance matérielle de la résistance, à l'instar d'Anne Lapra.

Anna Lapra en dates. 1717, naissance d'Anne Lapra. 1739, arrestation d'Anne Lapra. 1740 elle rejoint la Suisse, son mari est condamné aux galères à perpétuité. 1768, libération des dernières prisonnières de la tour de Constance. 1775, libération des derniers
galériens protestants et, en 1787, édit de tolérance.

Anne Lapra, fugitive protestante 112 pages au format 12 x 17 cm pour 10 euros.