GARD Augmenter les recettes plutôt que baisser les dépenses
Le MODEF National tenait une conférence de presse. La Chambre d’agriculture du Gard s’est prêtée au jeu.
En salle de direction de la Chambre d’Agriculture du Gard à Nîmes, le Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF) prenait la parole via l’introduction de son président Frédéric Mazer. Les sujets du jour concernaient l’arrachage viticole, les prix agricoles et la sortie de la production agricole des accords mondiaux du commerce…
Coprésident national du syndicat, Frédéric Mazer est accompagné de Didier Gadéa, président héraultais, et de Xavier Fabre, du bureau gardois et vigneron à Domazan.
C’est d’ailleurs lui qui prend la parole et qui fait un point sur la campagne d’arrachage d’une grande partie du vignoble français. Encore. « Cette année ? 27 000 hectares sont arrachés, soit 3 % du vignoble. Encore une fois, l’ancienne région Languedoc-Roussillon est la bonne élève avec plus de 15 000 hectares arrachés dont 4 000 dans le seul département du Gard. »
Depuis qu’il est installé, il y a un peu moins de 20 ans, on parle de 100 000 hectares arrachés à ces cultures. « Le modèle ultralibéral détruit notre potentiel au lieu de valoriser le travail et les produits. Est-ce qu’on continue comme ça avec FranceAgriMer et la FNSEA qui détériorent notre avenir ? »
Pour un agriculteur, l’arrachage est un sentiment d’échec mêlé à un crève-cœur. « Avec ces 27 000 hectares arrachés, ce sont 1 500 vignerons qui vont complètement arrêter leur travail après avoir reçu une prime ridicule. Ils n’avaient aucune autre perspective, ça n’est pas une politique digne ! »
La prime étant de 4 000 euros par hectares, une fois les taxes et les frais payés, il ne reste plus grand-chose dans le panier. En tout cas pas de quoi redémarrer quelque chose ici ou ailleurs, dans l’agriculture ou un autre secteur. « Cet arrachage est un échec total qui ne règle aucune problématique qui peut toucher à la production ou à la gestion des stocks… Les friches vont simplement se multiplier, une jolie percée possible pour les incendies et les inondations » ajoute Xavier Fabre.
Selon le Modef, il ne faut plus baisser les dépenses mais chercher à augmenter les recettes en trouvant l’argent où il est. Pour Didier Gadéa, les problèmes sont aussi gouvernementaux.
« Il va bientôt y avoir les élections de la Chambre et les syndicats bougent mais seul le Modef a la revendication d’un prix de référence, fixe et rémunérateur, garanti par l’État. Cela s’est déjà fait aux USA entre 1938 et les années 1990, ça s’est aussi vu en France avec le Front Populaire en 1936 et c’est actuellement le cas dans le pays le plus peuplé du monde, l’Inde. Nous notons un mépris très puissant des classes en France. »
Mettre en place un tel prix pourrait bien débloquer les situations. Avec un prix de départ cohérent, les négociations entre producteurs et acheteurs seront plus aisées.
« Mais cela ne suffit pas ! À nous, les paysans, on nous achète un produit à un prix dérisoire et à vous, au bout de la chaîne, on vous le vend très cher. Les prix flambent, mais ce sont les marges de certains qui posent problème, il faut règlementer cela. »
À cet aspect économique s’ajoute deux autres problématiques. Le prix de l’énergie et la pyramide des âges. Trop de spéculations autour de l’énergie ? Quant à la pyramide des âges, elle s’est tout simplement inversée en quelques décennies. « Il faut briser les monopoles privés, les Chambres doivent changer de cap. »
Et le président gardois de reprendre la parole pour parler d’un problème international, l’OMC. « Cet organe est malade du capitalisme financier… Les juges n’y sont même plus nommés. Les USA se sont affranchis des règles mises en place par l’OMC et le nouveau traité avec la Nouvelle-Zélande est incroyable. Le ton y est donné sur les mesures sanitaires et phytosanitaires… Il n’y a même plus de clause miroir ! Les matières premières doivent être sorties de l’OMC et du marché spéculatif, c’est ce que demande le Modef. Les paysans sont des travailleurs, pas des commerçants ! »