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Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 30.04.2024 - Sabrina Ranvier - 5 min  - vu 186 fois

LE DOSSIER Un massacre, un traître et une rivalité sans fin

Eric Dars, scénariste de "Germanicus et la colère barbare".

- Sabrina Ranvier

Passé du côté des Germains, Arminius fomente un complot. Entre 20 000 et 30 000 personnes sont massacrées. Germanicus est envoyé pour se venger. Chronique d’une haine.

« C’est une histoire d’incompréhension et de haine, entre deux peuples mais aussi entre deux hommes », résume Éric Dars, scénariste de « Germanicus et la colère barbare ». Arminius est un Germain qui a été éduqué à la romaine. Il a même été élevé au rang de chevalier par Rome. L’empereur Auguste, qui a parfaitement confiance en lui, l’envoie aider un général romain à pacifier les troupes germaines. Mauvaise idée. « Arminius va retourner sa veste et trahit Rome », raconte Éric Dars. Il fomente une révolte et tend un piège au général romain. Le résultat : trois légions romaines et les civils qui les accompagnent sont décimées, soit un total d’environ 25 000 morts en trois jours. Le nouveau spectacle des journées romaines de Nîmes démarre avec cette fameuse bataille de Teutobourg, qui laisse un goût particulièrement amer aux Romains.

Ils en ressortent avec une unique envie : se venger

Cinq ans plus tard, l’empereur Tibère trouve le candidat idéal pour laver l’affront, son neveu Germanicus. « On le dit beau, fin politique, grand stratège, décrit Éric Dars. Il cumule toutes les vertus ». Sur le terrain, il est sans pitié : « Il va mener une politique très brutale, brûler les villages, réduire en esclavage… dans le but de coincer Arminius. » Y parviendra-t-il ? Éric Dars répond d’un sourire et refuse d’en dire plus.

Ce professeur d’histoire est beaucoup plus loquace sur le point commun de ces guerriers. Arminius comme Germanicus, ont tous deux épousé une femme au caractère tempétueux. Agrippine, la Romaine, suit Germanicus sur les camps de légionnaires. « C’est rarissime à l’époque. C’est un sacré bout de bonne femme, constate Éric Dars. Depuis la bataille contre Carthage, il est interdit aux légionnaires de se marier. Les femmes n’ont pas du tout le droit de rentrer dans les camps ». Agrippine y entre et emmène même avec elle d’autres matrones, femmes d’aristocrates. « Elle a fait un mariage d’amour et a suivi partout son mari. Ses neuf enfants ont connu la vie des camps militaires », ajoute Martine Muracciole-Aziza, agrégée de Lettres classiques.

Thusnelda, princesse chérusse qui a épousé Arminius contre l'avis de son père, ne se contente pas de se rendre dans les camps militaires. Elle combat. Une actrice a été recrutée pour jouer son personnage dans les arènes. « On va la voir combattre aimer, tuer, décrit Éric Dars. Les femmes barbares, germaniques et scandinaves, ont une liberté plus importante que les romaines. On peut les trouver au combat sur les champs de bataille pour soigner, insulter et se battre ».

Femme romaine et prêtresse germanique

Agrippine et Thusnelda ont-elles fait bouger les lignes ? Quelle est la place des femmes à l’époque antique ? Le Musée de la Romanité de Nîmes propose des animations gratuites autour des prêtresses germaniques chérusques et sur « la femme romaine à l’époque d’Agrippine ». Elles se déroulent en continu dans les jardins du musée les 4 et 5 mai. Toutes sont assurées par l’association lyonnaise Lugdunum antica.

En quelques saynètes d’une vingtaine de minutes, une prêtresse germanique fera revivre, plusieurs fois par jour, une cérémonie pour le départ en guerre. Les curieux pourront ensuite l’interroger. « Pour les Romains, la prêtresse germanique passe pour une sorcière, analyse Jérémie Dardenne, médiateur en archéologie et directeur artistique de l’association. Elles faisaient office de médecin en préparant des onguents, de sage-femme… » Il estime même qu’elles étaient en quelque sorte des psychologues car, en tirant les runes, elles pouvaient trouver le moyen de réconforter quelqu’un, de donner des conseils après une défaite. « Ses femmes pouvaient intervenir dans la guerre : elles pouvaient employer des arguments religieux pour retarder une attaque, ajoute-t-il. C’était un moyen détourné d’intervenir dans la stratégie ». Thusnelda, l’épouse d’Arminius, « était à la fois prêtresse germanique et chef de guerre ».

En présentant notamment les toilettes, les cosmétiques, l’association abordera de manière ludique le rôle de la femme romaine à l’époque d’Agrippine. Les enfants pourront s’informer en fabriquant une pommade-parfum.

La Ville propose des spectacles gratuits de combats de gladiateurs samedi 4 et et dimanche 5 sur la place Gabriel Péri.  • Yannick Pons

Gourmets, petits budgets… Les animations à ne pas rater

• Pour les petits budgets. Difficile de payer des places de spectacle pour toute la famille ? Pas de panique, les journées romaines de Nîmes comprennent une série d’animations gratuites. Le samedi soir à 20h30, les 570 reconstituteurs du spectacle défileront aux flambeaux entre la Maison Carrée et les arènes. Les barbares feront une démonstration de préparation de guerre sur le parvis de l’amphithéâtre tandis que les Romains les observeront du haut des arènes. On pourra aussi croiser des petits groupes de reconstituteurs samedi 4 et le dimanche 5 mai en ville de 11h à midi. Combats de gladiateurs, spectacles de danse antique ou encore pièces de théâtre… La Ville propose également des spectacles gratuits place Gabriel Péri et aux Jardins de la Fontaine.

• Pour ceux qui veulent remonter le temps. Regarder c’est bien, s’immerger c’est mieux. Les enfants peuvent apprendre gratuitement à fabriquer des médaillons en argile à l’effigie d’Arminius ou des couronnes végétales aux jardins de la Fontaine. Un atelier participatif gratuit « coiffées comme les Romaines » se tiendra samedi 4 et dimanche 5 mai dans les jardins du musée de la Romanité. L’idée : on se fait coiffer comme une Romaine du 1er siècle après Jésus-Christ et on découvre ensuite à quelle classe sociale on appartient, quel est son métier. Fabriquer une cotte de maille, des cosmétiques, composer une mosaïque… D’autres ateliers sont aussi proposés dans le fort des légionnaires installé aux Jardins de la Fontaine. Compter entre 4 et 7 € pour accéder au fort où on peut aussi assister à des animations sur la vie militaire. Il est ouvert du mercredi 1er au dimanche 5 mai de 11h à 19h.

• Pour les mordus d’histoire. Des universitaires, spécialistes d’histoire antique, animeront des conférences jeudi 2 et vendredi 3 mai à 19h à l’université de Nîmes, site Vauban. Yann Le Bohec détaillera la « bataille » de Teutobourg tandis que Cédric Chadburn se centrera sur les guerriers germains. Le service valorisation du patrimoine de la ville propose aussi des visites guidées de Nemoz à Nemausus.

• Pour les hyperactifs. Ceux qui adorent bouger peuvent participer à une chasse au trésor. Il suffit de se présenter à l’office du tourisme entre 10h et 18h. On y reçoit des instructions et on doit trouver un lieu. Compter une demi-journée.

• Pour les gourmets. Maxime Chenet, chef étoilé, va préparer un banquet antique sur la thématique du mariage avec des spécialistes de l’alimentation romaine. Il sera servi aux jardins de la Fontaine samedi 4 mai dès 20h. Le tarif est celui d’un restaurant gastronomique : 90 € le repas. La Ville organise également un banquet gallo-romain sur l’Esplanade. Les moins téméraires pourront se laisser tenter par le thermopolium, le « fast-food » version romaine. Une taverne romaine est reconstituée au Musée de la Romanité. Elle ne servira pas de vrais repas mais fera déguster gratuitement des vins et des mets comme le minutal, un ragoût avec de la viande et des épices.

Sabrina Ranvier

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