L’INTERVIEW Le père Frédéric Auriol : « On soulage les cœurs et les corps »
Le 4 octobre aura lieu, en la cathédrale de Nîmes, la messe de rentrée des médecins et des professions de santé. À cette occasion, le père Frédéric Auriol évoque ce rendez-vous annuel et aussi sa tâche quotidienne auprès des malades et des soignants.
Objectif Gard : Que représente la messe de rentrée du 4 octobre ?
Frédéric Auriol : Pour inaugurer le travail de l’année des aumôniers, il y a cette messe de rentrée des professionnels de santé, qui existe depuis 19 ans. Mais tout le monde est invité. C'est une célébration où on met le paquet avec orgue, trompettes et quelques cantiques. Ça reste une messe traditionnelle où des soignants interviennent.
Quelle est votre mission quotidienne ?
Nous sommes les ministres d’un culte. On répond au besoin de ce culte et nous avons une mission d’accompagnement des malades et de leurs proches.
La première des motivations est d’être au service de la personne hospitalisée
Sur quel territoire officiez-vous ?
Il y a le CHU, le Grau-du-Roi et Serre-Cavalier. J’ai aussi les cliniques de la ville, les Franciscaines, Valdegour, la polyclinique du Grand Sud et des Ephads. Ça fait beaucoup pour un seul homme.
Avez-vous une équipe autour de vous ?
Nous avons deux collègues aumônières des hôpitaux et un réseau de bénévoles formés et accompagnés. Ils sont une vingtaine et ils nous accompagnent dans les divers services de l’hôpital.
Comment devient-on bénévole ?
La première des motivations est d’être au service de la personne hospitalisée. L’écoute est le socle, c’est sur elle que tout repose. Nous avons des lieux de formation à l’hôpital, dans des lieux plus privés, dans le cadre de l’aumônerie.
On recueille les ressentis, les incompréhensions et les souffrances
Dans quelles circonstances fait-on appel à vous ?
Ce sont parfois des situations où les personnes sont proches de la mort. Ça peut être pour donner le sacrement des malades. Je suis occasionnellement là lors de l’annonce d’un diagnostic. On recueille les ressentis, les incompréhensions et les souffrances. Nous répondons jour et nuit.
Ce sont les proches des malades qui vous appellent ou le personnel hospitalier ?
Un peu les deux. Les personnes hospitalisées et les familles qui font appel à nous. Il y a aussi les soignants eux-mêmes.
Vous soulagez les âmes ?
On peut le dire que comme ça. On soulage les cœurs aussi et les corps, tout se confond. Nous sommes dans le « prendre soin ». Nous faisons des visites lors desquelles nous faisons preuve d’écoute.
On est plus sollicité qu’avant et plus par les soignants
Ce travail est-il aussi récompensé par quelques joies ?
Oui, quand on se retrouve devant une famille qui se réconcilie. Ou alors, il m’arrive de donner le baptême à un bébé dont on ne sait pas s’il va vivre et finalement, tout va bien. On revoit le bébé et on reçoit les remerciements des parents. Ça fait du bien.
Comment avez-vous exercé lors de la crise sanitaire ?
Pendant le Covid, nous avons pu nous déplacer partout, en tant que personnel hospitalier. J’ai beaucoup utilisé l’application WhatsApp et j’ai permis à des personnes de voir leurs proches en direct.
Quels changements avez-vous noté depuis vos débuts ?
Cela fait 22 ans que je suis aumônier des hôpitaux. On est plus sollicité qu’avant et plus par les soignants. Dans le milieu hospitalier, pour être connu, il faut être reconnu. Alors, il faut avoir une vraie présence empathique. Je ne passe pas dans un service sans prendre des nouvelles d’un soignant. Nous voyons entre 40 et 50 personnes dans une semaine.
Des liens se créent-ils avec des patients ?
Oui, mais notre souci est plutôt de renvoyer les personnes vers la paroisse ou d’autres prêtres qui se trouvent dans la ville de Nîmes.
Comment se passe la cohabitation avec les autres religions ?
Nous vivons en bonne harmonie et on se soutient.