Entre l'église Saint-Étienne et la place aux Herbes, se niche une petite place qui n'était jusqu'alors qu'un simple lieu de passage sans identité propre. Un manquement désormais révolu, puisque ce lieu est aujourd'hui agrémenté d'une fontaine et d'arbustes, rendant la promenade bien agréable. Il porte maintenant le nom de place de la Marquise de Crussol. La municipalité uzétienne a décidé de baptiser cet endroit en l'honneur d'une femme qui a beaucoup œuvré pour la ville et sans qui, Uzès ne serait sûrement pas la même aujourd'hui.

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C'est bien la Marquise de Crussol, Marie-Louise Béziers de son vrai nom, qui est allée plaider auprès d'André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, pour qu'Uzès bénéficie d'un secteur sauvegardé, le premier de Languedoc-Roussillon. Elle a eu gain de cause dans les années 60. Celle que l'on surnommait la "Marquise rouge" connaissait bien le ministre car il faisait partie des personnes qui fréquentaient son salon parisien. On lui doit aussi le ré-ancrage du Duché au sein de la famille et dans la ville d'Uzès. 

Pavés et arbres plantés

Le ruban inaugural a été coupé en présence des Uzétiens nombreux, des élus et du Duc d'Uzès, Jacques de Crussol d'Uzès, qui est le petit-fils de la Marquise de Crussol. Tout ce petit monde a ensuite déambulé dans la ville, au rythme des anecdotes historiques de Guillaume Boccaccio, chef de projet du label Ville d'Art et d'Histoire. Un véritable voyage dans le temps qui s'est achevé au pied du Duché, sur la place éponyme, qui elle aussi a été métamorphosée au cours des derniers mois de travaux. 

Plus de bitume, plus de stationnement anarchique, mais désormais une place entièrement pavée, où une quinzaine d'arbres a été plantée pour créer à l'avenir des zones ombragées. "Le projet semble simple mais il y a une ligne directrice particulière. On voulait un support le plus apaisé possible pour ne pas trop en rajouter autour de ce monument majestueux qu'est le Duché", décrit l'architecte-paysagiste, Gilles Amphoux. Trois magnolias ont pris racine, là où devait se trouvait le jardin jésuite. 

Un projet évoqué pour la première fois il y a 45 ans

Cette requalification de la place est une satisfaction pour le maire qui a commencé à parler de ce projet en 1989 avec un des habitants qui n'est autre que le Duc d'Uzès. "45 ans après, nous y arrivons et nous avons cette magnifique réalisation. Une réalisation qui a pris 45 ans de savoir-faire en travaux à Uzès, c'est peut-être cela qui fait sa grande réussite", félicite Jacques de Crussol d'Uzès. Et le maire d'assurer : "Cette opération a été conduite en collaboration avec les riverains à qui nous avons présenté le projet et écouté leurs remarques afin de satisfaire aux mieux leurs besoins compte-tenu que les habitudes sont forcément changées."

Mais avant le gros œuvre, des fouilles ont été menées par l'INRAP (Institut national des recherches archéologiques préventives) pour s'assurer qu'un trésor ne se trouve pas sous nos pieds, à l'image de la mosaïque découverte en 2017 à deux pas de là. Le maire d'Uzès l'assure cette fois-ci : "Aucun élément majeur n’a été découvert mais cela a permis de retrouver les traces des anciens bâtis, de les référencer et d’en effectuer le relevé topographique précis."

1,9 million d'euros pour l'opération des deux places

Les travaux se sont ensuite étalés sur plusieurs mois et ont été parachevés la semaine dernière, avec la mise en lumière de la façade de la mairie et du mur du Duché qui se font face. Avant cela, il a fallu terrasser puis paver la place, sur une surface d'environ 3 000m2. L'entreprise De Filippis s'est chargée de cette partie, aidée par le centre social de Saint-Quentin-la-Poterie qui a effectué le tri des pavés en amont.

Plusieurs types de pavés ont été utilisés. La majorité est issue de Lozère, une autre partie est en grès rouge et vient de Vallabrix. Le long de l'enceinte du Duché, on peut voir des bordures formées avec des pavés de récupération, qui sont jointés avec du sable et permettent donc un enherbement et une infiltration de l'eau. "La couleur claire des sols favorise la réflexion des rayons du soleil et évite ainsi le phénomène des îlots de chaleur", précise aussi Jean-Luc Chapon. 

Petite touche de modernité, des bancs ont été installés, munis de prises de recharge USB capables de recharger les téléphones. Les touristes pourront prendre sans crainte de nombreuses photos sans avoir peur de la panne de batterie. Et les lycéens pourront se brancher le temps de la pause méridienne. Les colonnes enterrées ont aussi été remplacées. Au total, l'opération des deux places s'élève à 1,9 million d'euros, dont 72 000 € de subvention octroyés par la région Occitanie.