ASSEMBLÉE NATIONALE Françoise Dumas, coach des députés novices
Le Gard n’a pas échappé à la vague de la République en Marche lors des dernières élections législatives, et sur les six députés de notre département, quatre novices ont intégré l’Assemblée nationale.
Et même si tous n’ont pas la même expérience en politique, d’Olivier Gaillard l’élu local expérimenté à Annie Chapelier la néophyte complète, venue de la société civile, l’Assemblée nationale, c’est un tout autre univers.
Un « accompagnement très dense » d’En Marche !
Heureusement, les nouveaux députés de la majorité présidentielle ne sont pas lâchés dans la nature : « il y a eu un véritable accompagnement d’En Marche », affirme le nouveau député de la cinquième circonscription Olivier Gaillard. Et pour les sortants aussi : « j’ai apprécié cet accompagnement très dense durant toute la campagne, avec un canal très structuré et la possibilité d’appeler un référent à n’importe quelle heure du jour et de la nuit », poursuit Françoise Dumas, réélue sur la première circonscription.
Et si la députée apprécie, c’est qu’«au PS on n’avait rien. En 2012, on nous a foutu dans une salle avec une feuille à remplir. On n’a pas eu un mot d’accueil, rien, là c’est sans commune mesure.» «C’est sur la lancée de la présidentielle, c’est carré », abonde le député de la troisième circonscription Anthony Cellier.
« Il faut être très modeste »
Malgré cet accompagnement, et notamment le séminaire de la majorité du week-end dernier au cours duquel les nouveaux élus ont été brieffés, les conseils d’une élue expérimentée comme Françoise Dumas sont précieux pour les néophytes. Le premier, et sans doute le plus important, c’est de s’assurer que sa tête continue à passer les portes sans encombre : « il faut d’abord être très modeste, lance la députée. Quand on est élu député, on a le sentiment d’être arrivé à quelque chose. Quand on sort de plusieurs mois de campagne et qu’on se retrouve propulsé dans un monde très impressionnant et très honorifique, on a tendance à penser que l’on est quelqu’un d’important. Il faut être humble, réaliste. »
Et se mettre au travail, très rapidement. Les députés connaissant la commission dans laquelle ils siègeront durant la législature depuis hier. Si chacun a ses sujets de prédilection, et que tous n’ont pas hérité de leur premier choix, Françoise Dumas rassure ses nouveaux collègues : «Tout est passionnant et il ne faut pas se disperser. Quand on arrive ici, il n’y a pas une commission où il ne se passe pas quelque chose d’intéressant dans la même semaine. Donc on a un peu tendance à dire je vais participer à ça, travailler sur ce thème-là, il ne faut surtout pas rentrer là dedans et ne pas se disperser. »
« Se préserver du temps pour soi, pour la réflexion personnelle »
Car l’expérimentée parlementaire prévient : la charge de travail qui attend les parlementaires est colossale. Conséquence, « on peut passer trois jours sans se voir et sans sortir, on vit en autarcie complète, on passe d’une réunion à l’autre, on est sur des rails et on n’a pas le temps de discuter. » D’ailleurs, Françoise Dumas confie n’avoir pas eu le temps lors des cinq dernières années d’aller au théâtre ou au cinéma à Paris. Dans ce contexte, charge à chacun de trouver le bon équilibre, dans cette vie duale organisée entre Paris du lundi au mercredi soir et sa circonscription le reste de la semaine… « Il faut penser à se préserver du temps pour soi, pour la réflexion personnelle, conseille Françoise Dumas. On peut être totalement absorbé par la fonction et ce n’est pas un gage d’efficacité, parce qu’on se noie dans le processus et c’est sans fin. »
Dernier conseil de la députée, lire le livre écrit par l’ancien Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas et Magali Alexandre, intitulé Manuel de survie à l'Assemblée nationale : l'art de la guérilla parlementaire. Même si le titre est assez éloigné de la fameuse « bienveillance » prônée comme un mantra par la majorité, nul doute que ce livre sera sur les tables de chevet de nombre des nouveaux parlementaires…
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Thierry Allard (avec Coralie Mollaret)