ÉDITORIAL Les jours heureux du communiste Fabien Roussel
Ce vendredi s’ouvre à Marseille le 39e congrès du Parti communiste français. L'occasion pour les militants de consacrer une nouvelle fois leur leader : Fabien Roussel. Il y a peu de suspense : en début d'année, son projet d'orientation avait obtenu un score soviétique avec près de 82 % des voix. Contre 18 % pour la deuxième proposition portée par d'anciens acteurs communistes comme Marie-George Buffet.
Qu'est-ce qui a changé en dix ans au PCF ? D'abord, l'incarnation portée par l'ex-candidat à la présidentielle. Une parole plus audacieuse, plus dans l'ère du temps, plus libre aussi assurément. Le député de la 20e circonscription du Nord et secrétaire national du PCF depuis 2018 veut aussi dépoussiérer un mouvement qui a perdu de sa superbe depuis 50 ans. Même s'il dirige encore plusieurs communes en France et en association avec les socialistes, plusieurs exécutifs départementaux et régionaux, il a besoin de se réinventer pour sortir du spectre communiste daté. Fabien Roussel est le candidat naturel pour ce ménage historique. Il maitrise en plus les rouages médiatiques d'aujourd'hui pour se faire entendre et surtout pour se distinguer. Notamment de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) avec qui, depuis le début, il a gardé quelque peu ses distances, appelant de ses voeux à un dépassement de cette association. Non pas pour l'écarteler mais au contraire, pour la renforcer. Le premier communiste, on en est sûr maintenant, ne veut pas jouer dans une pièce de théâtre, il veut gouverner. Et changer de l'intérieur un système libéral à bout de souffle. Lucide, il rappelle à qui veut l'entendre que la population qui ne se déplace plus dans les urnes est une partie de la solution pour le retour de la Gauche au pouvoir. Pour cela, dans les quartiers populaires comme au coeur de la France profonde, il tente le pari de parler à tous les Français. Surtout à ceux qui ne partagent pas ses points de vues. Il a une autre recette : piquer les thèmes refuges des autres partis pour en faire sienne. Prenons la valeur travail chère à la Droite, Fabien Roussel veut en faire le centre de son futur programme. Stop les allocs, place à un monde du travail repensé et adapté au monde d’aujourd’hui, qui offre un emploi à tous. Car pour lui, à la différence de l'extrême-Gauche et des Verts, le travail est source d'épanouissement. Et pas seulement d'épuisement. Sans compter que la ressource économique créée par les entreprises permet de financer une meilleure redistribution. Reste à convaincre maintenant une majorité de Français que l'utopie des jours heureux n'est pas qu'un beau slogan sur une affiche... 2027 est encore loin. Le temps long est un avantage pour rendre crédible une idée juste...