Certes, cette élection arrive « un peu plus tôt que prévu », admet Pierre Meurin. Deux bonnes années avant la fin du mandat du fait d’une crise au sein de la majorité de Claire Lapeyronie et d’une série de démission dans l’opposition. Les Spiripontains vont donc devoir voter fin avril/début mai, et contrairement à 2020, cette fois le Rassemblement national sera sur la ligne de départ.

Non pas avec Pierre Meurin en tête de liste, mais avec Emmanuel Le Pargneux, 24 ans, qui se présente comme « diplômé de sciences politiques, arrivé dans le Gard pour des raisons professionnelles », pour travailler avec le député du parti d'extrême-droite, donc. Né en 1999, il est originaire de Lyon, et a donc « naturellement dérivé sur le Rhône pour arriver à Pont-Saint-Esprit », s’amuse-t-il. Encarté au RN depuis deux ans, il a « toujours voté RN ». Côté engagements, « j’en ai eu quelques-uns dans des associations, mais ça n’avait rien à voir avec la politique », dit-il pudiquement. Il a notamment été président d’une association, La Voix des sans père, opposée à la procréation médicalement assistée sans père, proche de la Manif pour tous, opposée au mariage pour tous. Un peu politique tout de même. 

« Un tandem maire/parlementaire »

« Il me fait penser au Julien Sanchez d’il y a dix ans », dit de lui le député et patron du RN gardois Yoann Gillet, « il est jeune, a la tête sur les épaules, le sens de l’intérêt général et il prend les choses avec la lourdeur qui s’impose, car être maire, ce n’est pas rien », renchérit-il. Les deux députés ne tarissent pas d’éloges sur un candidat « brillant, un grand militant, déjà bien connu des spiripontains. » Il faut bien ça pour prendre la place qui revenait naturellement à Pierre Meurin, qui ne sera donc pas tête de liste, mais en troisième position. Pourquoi donc ? « J’ai beaucoup hésité », affirme-t-il, avant d’estimer que « abandonner le fauteuil de député après un an et demi serait un léger manque de respect » pour ses électeurs.

Il se murmure aussi qu’il s’agit de ne pas laisser sa place à l’Assemblée nationale à sa suppléante, Brigitte Roullaud. « Les électeurs ont fait confiance non pas à ma suppléante mais à moi, malgré les grandes qualités de ma suppléante », balaie-t-il, avant d’affirmer aussi vouloir « faire monter des talents. » Toutefois, on sent le jeune candidat très entouré : lors du point presse, les deux députés finissent parfois ses phrases, et le présentent longuement avant de lui donner la parole. Pas qu’une impression : « Nous formerons un duo, annonce Pierre Meurin. Emmanuel sera le chef, je l’aiderai, je ferai remonter les problématiques locales au niveau national. » Un « tandem maire/parlementaire », en somme, comme Pierre Meurin l’évoquera plus tard.

« Faire de Pont-Saint-Esprit un mini-Beaucaire »

Le reste de la liste sera dévoilé « dans les semaines à venir », affirme le député de la 4e circonscription, « elle sera constituée d’une pluralité de personnes, de talents, de compétences, de quartiers différents, une équipe extrêmement motivée, dynamique », développe le candidat. La liste s’appellera « Le renouveau spiripontain », annonce-t-il ensuite. Comme la liste, le programme sera dévoilé ultérieurement, mais il comprendra cinq grands axes : « La propreté, dont les résultats actuels sont plus que déplorables, l’insécurité, avec un certain nombre de mesures que nous mettrons en place rapidement, une nouvelle vision de l’urbanisme, avec une rénovation du Plan local d’urbanisme, la santé, Pont-Saint-Esprit étant un désert médical, et redresser la ville économiquement », énumère Emmanuel Le Pargneux. Le candidat évoque aussi « une fiscalité trop importante » et un travail à venir « avec les commerçants pour redynamiser la ville avec leur appui. »

Pierre Meurin parle quant à lui « d’un message d’apaisement » pour les Spiripontains. L’exemple qui revient est celui de Beaucaire. « Pont-Saint-Esprit c’est le Beaucaire d’il y a dix ans, en souffrance, mal entretenue, avec des finances bancales. Tout ça, à Beaucaire, on a pu le changer », affirme Yoann Gillet. Un exemple dont Emmanuel Le Pargneux veut « (s)’inspirer », avec « du bon sens et du pragmatisme », pour « retrouver une ville française, où il fait bon vivre, faire de Pont-Saint-Esprit un mini-Beaucaire », reprend Yoann Gillet, qui considère que « Claire Lapeyronie a échoué, clairement. »

L'objectif ? « Rien de moins que la victoire », annonce Pierre Meurin, qui rappelle qu’il a fait « plus de 63 % des voix » au second tour des Législatives en 2022 à Pont. « La ville est bien mûre pour changer », estime de son côté Yoann Gillet, quand Emmanuel Le Pargneux affirme aborder cette élection « avec beaucoup de sérénité. » « Et d’humilité », s’empresse de rajouter Pierre Meurin, qui se garde de tout « excès de confiance », une élection municipale n’étant pas une élection nationale, ça se saurait. Le RN a prévu de lancer sa campagne dès ce samedi, sur le marché.