GARD Selon l'État, la situation du loup évolue peu dans le Gard avec 14 attaques avérées en 2023
Tandis que le Plan national d'actions 2024-2029 (PNA) - qui devait entrer en vigueur au 1er janvier - risque d'être retardé, le comité départemental loup se tenait, ce lundi, dans le Gard, sous la houlette d'Anne Levasseur, sous-préfète du Vigan et référente loup du département. L'État note un nombre d'attaques stable dans le Gard, tandis que le seuil de survie du loup est assuré au niveau national. Si préfecture et DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) relèvent une discussion assez apaisée entre représentants des éleveurs et associations de défense des animaux, les premières mesures ébauchées du PNA semblent ne satisfaire personne.
Au 8 décembre, 95 ovins avaient été tués dans le Gard sur l'année 2023, ainsi qu'une chèvre et un bovin. Un chiffre qui inclut 55 bêtes tuées le 20 mars, à Sernhac mais dont le décès ne peut être attribué au loup. "Nous en sommes à quatorze constats de dommages imputables au loup", recense le directeur de la DDTM, Sébastien Ferra. Soit une vingtaine de carcasses pour lesquelles le loup serait responsable. Les autres ont vu les suspicions écartées et le décès pourrait être finalement attribué à un chien errant ou à une chute de falaise (comme à Sernhac).
Un chiffre stable, selon l'État, dans une constellation de données qui montrent une augmentation de la présence du loup en France. "La population a augmenté, avec une hausse en nombre, précise Sébastien Ferra. 1100 sont dénombrés sur le territoire, dans 53 départements, soit 25 départements de plus en 2023, presque le double. Dans le plan national d'actions en cours, la viabilité de l'espèce était fixée à 500 individus. Le seuil est bien dépassé." Si aucune meute ne paraît encore installée dans le Gard, le Gard est une ZPP, soit une zone de présence permanente de l'espèce. "Nous avons la suspicion de la présence d'un couple, et donc d'une reproduction possible. L'OFB (office français de la biodiversité, NDLR) va vérifier." À proximité, une meute a été identifiée sur le plateau du Larzac et une autre, en Lozère, à proximité de l'Aigoual.
Et si le chiffre d'attaques reste stable, les dépenses pour mesures de protection ont bondi de 34% dans le Gard, contre 19% au niveau national. "Nous avons financé 130 000 € pour 55 demandes en 2023 (39 M€ au niveau national, NDLR). En sachant que 80% du montant est pris en charge par l'Union européenne et l'État." Une aide qui intervient pour l'achat et le quotidien des chiens de protection, pour l'installation de clotûres et le gardiennage. L'indemnisation a atteint 4 M€, au plan national, pour 12 000 attaques. "Ce chiffre est stable, poursuit Sébastien Ferra, ce qui veut dire que les mesures de protection produisent leur effet".
Douze demandes de tirs de défense en 2023 dans le Gard
Des mesures de protection que les éleveurs souhaitent voir complétées par une possibilité facilitée de tirer et de prélever un plus grand nombre de loups. "Le préfet autorise le tir à la demande des éleveurs, rappelle la sous-préfète du Vigan, Anne Levasseur. Mais avant le tir, il faut que l'éleveur ait pris les mesures de protection nécessaires." En 2023, douze demandes de tirs ont été effectuées dans le Gard. Sept on été accordés, trois refusés, et deux abandonnés en cours de route par les éleveurs. Le dernier loup prélevé dans le Gard remonte à 2019.
"Il est indispensable, quand une personne voit un indice, qu'elle l'indique à l'OFB, insiste Anne Levasseur. Pour qu'on ait une connaissance fine du loup." Tout en permettant des effarouchements plus nombreux. "Les tirs de défense pourront porter sur 19% du nombre supposé de loups. Au départ, le quota était de 10%." Au niveau national, 173 loups ont été supprimés en France en 2023. En 2024, 209 loups pourront être prélevés. "On considère que la population a atteint le seuil de sauvetage, poursuit Anne Levasseur. On met en avant des actions pour équilibrer les activités d'élevage et de biodiversité. En gardant à l'esprit que le pastoralisme reste très important dans notre département. Mais que le loup est une espèce protégée."
La négociation du comité départemental du loup a néanmoins permis d'adapter quelque peu le zonage qui concerne le département, en accord avec la préfète d'Auvergne-Rhône-Alpes, référente loup au niveau national. La préfecture passera ainsi en cercle 1 les secteurs qui subiront une attaque début 2024, quand il aurait fallu que ce soit avant la fin 2023. À la clé, pour les éleveurs, la possibilité d'installer chiens, clotûres et gadiennage subventionnés. En cercle 3 (présnce possible du loup), seuls les chiens sont financés. "Le but est de permettre. la majorité des éleveurs menacés de se défendre, avance Sébastien Ferra, notamment pour les tirs de défense simple : aujourd'hui, deux personnes peuvent tirer simultanément. Avant ce n'était qu'un seul."
Préfecture et DDTM promettent aussi des réunions pour faire le point dans les estives, avant la montée en altitude des troupeaux, vers la fin avril. "On aura déjà tous les éléments, en amont, pour être plus réactifs", espère le directeur de la DDTM du Gard. Autre avancée à l'intention des éleveurs, l'harmonisation des formulaires de demandes de régulation entre le Gard et la Lozère. Une mesure suggérée par les éleveurs, l'été dernier, lors d'une réunion suite à une attaque sur l'estive de Camprieu (relire ici et ici).
La consultation nationale, sur les premières directions annoncées du Plan national d'actions, a donné lieu à 13 000 participations. "Les remontées d'information ne sont pas très favorables à ce qui a été présenté, admet Anne Levasseur. Les éleveurs souhaiteraient que les tirs soient plus automatiques. Mais si on met en place quelque chose d'automatique, ça devient vite ingérable." En face, les associations de défense des animaux "sont contre le fait qu'on revienne sur le statut juridique du loup, afin de mieux les connaître scientifiquement, relate la sous-préfète du Vigan. C'est un équilibre, il faut que les gens travaillent ensemble." Si - comme cela en prend le chemin - le plan national d'actions, pour la période 2024-2029, n'est pas adopté au 1er janvier, l'ancien plan national continuera de s'appliquer. Il ne sera, alors, pas encore question de visibilité génétique, de modification du statut de l'espèce, de la simplification des procédures de tir ou d'un statut pour les chiens de protection. Et ce retard n'est imputable ni aux professionnels, ni aux associations animalistes.