LA GRAND'COMBE Squatté et abattu début août, un bâtiment du quartier de la Pise pourrit l'ambiance en ville
Face aux calomnies qui circulent en ville ou sur les réseaux sociaux, la municipalité tient à faire savoir qu'elle a cherché la concertation des mois durant avec les squatteurs mais n'a trouvé que porte close. La démolition émane d'une décision de justice. Si elle regrette la situation, la maire, Laurence Baldit, ne voyait pas d'autre issue possible.
Ancien entrepôt de menuiserie PVC et aluminium, le bâtiment du quartier la Pise était à l'abandon depuis plusieurs mois. "La mairie s'est portée acquéreur pour mener un projet de réhabilitation", explique la maire, Laurence Baldit. C'était le 6 octobre 2022. "Du jour où le bâtiment est devenu propriété mairie, il a été investi de manière professionnelle, se désole la maire, avec pose de compteur électrique et d'une boîte aux lettres." Un acte "revendiqué sur les réseaux sociaux". "On a fini par avoir un interlocuteur, celle qui avait revendiqué l'occupation."
Une mystérieuse Madame R., nomme Laurence Baldit. Avec laquelle le dialogue s'est révélé très compliqué. L'affaire est examinée par le tribunal d'Alès lors d'une audience du mois d'avril. Le délibéré est rendu le 26 juin, laissant place à un arrêté d'expulsion, "sans délai, alors que d'habitude il y en a un de deux mois". Seule personne identifiée, l'arrêté est remis à Mme R. par un huissier de justice, alors même que celle-ci n'a pas assisté à l'audience du tribunal et semble avpoir disparu depuis. Organisée avec les gendarmes et en lien avec la sous-préfecture, l'expulsion a lieu le 7 août, en présence d'un serrurier. L'entreprise de démolition est déjà sur place, pour ne pas risquer que le bâtiment soit squatté à nouveau.
Mais sur place, le 7 août, personne. "C'était un capharnaüm..., se souvient Laurence Baldit. Moi, je voulais surtout que personne ne se blesse." Les agents chargés de sortir le matériel, avant destruction de l'édifice, repèrent "de la production artistique, de type marionnette, une presse, etc." Le matériel est sorti pour être mis à l'abri, selon la mairie, notamment deux voitures et une caravane qui aboutissent aux services techniques.
"On ne les connaissait pas, sinon on les aurait appelés"
Laurence Baldit, maire de La Grand'Combe
"Le lendemain, ils sont venus récupérer leurs biens qu'on avait mis à l'abri dans un container", détaille le premier adjoint, Norbert Jouvert. La municipalité découvre alors le nom d'une association, celle des Géants du sud. Une structure créée à Sauve, en 2004, mais instalée à Saint-Hippolyte-du-Fort et qui utilisait le bâtiment de la Pise comme lieu de stockage de ses marionnettes géantes. "On ne les connaissait pas, sinon on les aurait appelés", plaide aujourd'hui la maire et son premier adjoint. Sur la page Facebook des Géants du sud, on dénombre sept marionnettes annoncées comme définitivement perdues. Un inventaire complété sur le site squat.net, qui évoque également "un atelier sérigraphie complet (...) l'atelier et tous les outils, les affaires des habitantes et utilisateurs", ainsi que quelques membres perdus pour d'autres marionnettes.
"D'octobre à juin, on a tenté d'aller discuter, argumente encore Laurence Baldit. On m'a fermé systématiquement la porte au nez." Mais, depuis la destruction, les réactions sont vives : mobilisations de protestation sur le marché, procession funèbre de marinnettes la semaine dernière, mais aussi des tags hostiles sur la gendarmerie, sur l'Intermarché situé à trois cents mètres du bâtiment détruit, dans le quartier de Trescol, "et des posts très violents sur les réseaux sociaux". La municipalité justifie aussi son choix d'appliquer assez rapidement la décision de justice par le "préjudice financier, les problèmes d'hygiène et d'insalubrité, les nuisances sonores, un problème de sécurité pour les véhicules et des feux allumés dans le bâtiment".
Pour une municipalité comme la nôtre, c'est un incroyable gâchis"
Laurence Baldit
"Au niveau de la population, c'est un grand soulagement, se satisfait Laurence Baldit. Mais ce que je regrette, c'est le manque de communication : on aurait pu discuter, travailler avec eux une convention d'occupation précaire, etc. Pour une municipalité comme la nôtre, qui fait beaucoup pour la culture, c'est un incroyable gâchis". Elle regrette que les assocations du bassin, "qui savaient que cette association était là", ne l'aient pas informé du risque qui planait au-dessus du squat, en plus de l'injonction apportée par huissier. "Ç'aurait pu être tellement différent s'il y avait eu un dialogue, poursuit-elle dans le regret. Mais nous avons mené une procédure judiciaire, ce n'était pas la seule volonté du maire !"
Désormais, les 300 m2 au sol - où s'étalent toujours les gravats de l'opération - devraient accueillir une partie des cars Lafont, "également une société qui installe des kartings, mais aussi des associations culturelles". Tandis que sur le site Leetchi, trente-trois personnes ont participé à la cagnotte qui doit aider les Géants du Sud à racheter du matériel. Le texte introductif de la cagnotte indique, au passage, que l'association effectuait alors une résidence à La Grand'Combe. La compagnie détenait plus de vingt marionnettes.
Contactée par Objectif Gard, l'association les Géants du Sud devrait, après concertation entre ses membres, livrer sa version des faits.