L’INTERVIEW Le patron du PS, Pierre Jaumain : « Gouverner fait partie de l'ADN des socialistes »
Le patron du PS du Gard, Pierre Jaumain, fait sa rentrée politique sur Objectif Gard. Nomination du Premier ministre Michel Barnier, relations entre les différents partis de Gauche ou encore déménagement de la fédération PS… Entretien.
Objectif Gard : Michel Barnier a été nommé Premier ministre par le président Emmanuel Macron. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Pierre Jaumain : C’est à l’image d’Emmanuel Macron : le déni total de démocratie. Il a refusé de nommer à Matignon une femme, Lucie Castets, choisie par la Gauche arrivée en tête aux élections législatives et première force dans l’hémicycle. Il nomme aujourd’hui un homme issu d’une famille politique très minoritaire au sein de l’Assemblée.
À quoi faut-il s’attendre, selon vous, avec Michel Barnier à la tête du Gouvernement ?
Nous savons qu’il mènera une politique de Droite. Par exemple, sur la réforme des retraites pour laquelle les attentes des Français sont majeures, il est partisan de la retraite à 65 ans et qu’il ne changera donc rien à la logique installée par Emmanuel Macron. Aujourd’hui, il faudrait lancer une grande conférence nationale sur les salariés, va-t-il le faire ? Un grand plan national pour l’éducation ? Ou encore de grandes réformes autour du logement ? Au regard de son parcours, j'en doute.
La Gauche n’a-t-elle pas raté quelque chose ? Elle n’a pas su rebondir après le refus de Lucie Castets et l'éventualité de la nomination de Bernard Cazeneuve.
Moi, j’aurais été favorable à sa nomination. Je pense que gouverner, et prendre nos responsabilités, fait partie de l’ADN des socialistes. Il y a une grande partie de l’électorat de Gauche et des Français qui souhaitent des réformes pour leur quotidien, leur pouvoir d’achat. Cela passe par une meilleure redistribution des richesses. Alors, vous savez, même s’il aurait été difficile de faire passer toutes les réformes, cela aurait été positif.
La Gauche n’a-t-elle pas une part de responsabilité ?
C’est sûr que le blocage de principe de La France insoumise sur une négociation sur le programme, ainsi que la candidature de Bernard Cazeneuve a naturellement créé les conditions de l’échec.
Y-a-t-il deux Gauches irréconciliables ?
Il y a, à la fois, des positions de la direction nationale de LFI avec lesquelles je ne suis pas du tout d’accord. Mais par ailleurs, il y a des militants de LFI avec qui nous travaillons qui méritent le respect. Avec eux, nous pouvons faire des choses. Alors faut-il juger LFI par rapport à ses militants ? À sa direction ? Je n’ai pas tranché la question. LFI pose des conditions qui rend la possibilité de gouvernement impossible.
Beaucoup d’inquiétudes pèsent sur le budget 2025. Cette année, le déficit devrait être plus élevé, 5,6 % du PIB, contrairement à ce qui était prévu. Cela vous préoccupe-t-il ?
Oui, c’est toujours inquiétant quand la dette publique augmente trop. Ce n’est pas un hasard, d’ailleurs. On a fait des cadeaux fiscaux aux plus riches. On refuse de revoir la fiscalité pour demander à ceux qui ont le plus de contribuer à l’effort national. Dans notre pays, il y a un problème de répartition des richesses, le capital est trop peu fiscalisé alors que le travail l’est énormément.
Un mot plus local. Fin septembre, les socialistes se retrouveront sans local. Qu’allez-vous faire ?
On déménage à la fin du mois septembre, c’est vrai. On quitte nos locaux. On cherche toujours de nouveaux locaux. On fera nos réunions dans des salles publiques, des mairies et dans l’ensemble du département du Gard. La permanente, elle, fera du télétravail. C’est largement possible. Cette décision permettra d’assainir la situation financière de la fédération.
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