Publié il y a 2 jours - Mise à jour le 27.06.2024 - Propos recueillis par Coralie Mollaret - 2 min  - vu 262 fois

L’INTERVIEW L'Occitaniste Patric Lapierre : « Nous ne sommes pas tentés par le repli identitaire »

Patric Lapeirre, président de la MARPOC

Patric Lapeirre, président de la MARPOC

- Coralie Mollaret

La 48e édition des Universités occitanes se tient du 5 au 9 juillet à Nîmes. L’Occitan, une langue certes en voie de disparition, qui porte toutefois des valeurs de tolérance et de respect des autres cultures, assure le président de la la MARPOC (Maison d'animation et de recherche populaire occitane), Patric Lapierre.   

Objectif Gard : quelle est l’histoire des Universités occitanes d’été ?  

Patric Lapierre : Ces universités ont été créées à Montpellier en 1972. À l’époque, la langue et la culture n’étaient pas aussi représentées qu’elles le sont aujourd’hui. Nous sommes face à un paradoxe… Il y a, c’est vrai, des institutions qui font la promotion de la langue occitane. Toutefois, sa transmission est inexistante, notamment dans la cadre académique suite à l’adoption de la loi Blanquer. 

Que dit cette loi ? 

Le texte a supprimé l’option Occitan au bac. Avant, des lycéens pouvaient avoir des points supplémentaires. Aujourd’hui, vous vous doutez bien qu’ils ne choisissent plus l’option… Conséquence : les directeurs d’établissement gèrent différemment. Le collège Révolution a fait sauter l’Occitan. Donc, il n’y a pas de continuité de l’enseignement. Moins d’élèves, moins d’étudiants qui passent le Capes…. Tout cela met en danger le département Occitan. Cette loi nous a plongés dans un cercle vicieux.  

Quels seront les temps forts de ces universités d’été ? 

L’ouverture se fera à Carré d’Art avec deux conférences en français et en occitan. On parlera de langue et de nation, pour savoir ce qui se cache derrière ce concept avec Christian, de l’université de Perpignan. Dimanche soir, à la Placette, nous aurons un bel exemple de coopération entre musiciens occitans et Kabyle. L’occasion de montrer que la coexistence de cultures est quelque chose d’important. Si on s’y attèle, nous avons la possibilité de vivre de manière apaisée entre différentes cultures. On en a absolument besoin. 

Contrairement au Breton, au Corse ou au Basque, l’Occitan est une langue en voie de disparition. Comment l’expliquer ? 

Pour ces exemples, il y a soit l’insularité, soit le développement économique dont longtemps ces régions sont restées à l’écart. Ensuite, en Occitanie, il y a eu beaucoup de mouvement de population avec l’arrivée des réfugiés espagnols, des travailleurs italiens puis polonais qui travaillaient dans les mines et enfin, les Arabes dans le bâtiment. Le melting-pot est une réalité. Il n’y a pas de raison de la rejeter, ni d’avoir un jugement là-dessus. L’Occitan est un mouvement de civilisation qui a une culture millénaire. 

En ces temps de campagne électorale, on parle beaucoup de retour aux racines. On dit que c’était mieux avant… Qu’est-ce que cela vous inspire ? 

L’occitan porte des valeurs de tolérance, d’ouverture. Nous ne sommes pas du tout tentés par le repli identitaire. Nous sommes pour la coexistence pacifique des cultures qui s’enrichissent les unes avec les autres. Nous voulons une langue vivante, qui s’affiche dans l’espace public et se transmet. 

Pourquoi, à titre personnel, vous êtes-vous lancé dans cette bataille ? 

Comme de très nombreux Occitans, mes parents comprenaient, mais ne parlaient pas beaucoup la langue. Dans mon village, à Saint-Jean-du-Gard, on a baigné dans un franccitan : on parlait à moitié français, à moitié occitan. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, les enfants avaient interdiction de parler l’occitan à l’école sous peine de punition. Alors, l’occitan est pour moi ce qui me relie à ma famille, à mes ancêtres bien plus qu’une maison ou quelconque héritage. 

Propos recueillis par Coralie Mollaret

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