Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 17.04.2021 - corentin-migoule - 3 min  - vu 2735 fois

FAIT DU SOIR Ils ressuscitent de vieux vélos !

Fouad effectue une dizaine de réparations chaque semaine. (Photo C.M)

Depuis quelques mois, le chantier d’insertion Pays cévenol s’est lancé dans l’économie circulaire à travers le recyclage et la vente de vélos issus des déchetteries du territoire et des dons de particuliers.

À Saint-Hippolyte-du-Fort, le numéro 6 de la Grand rue n’a jamais été aussi mouvementé. Depuis le début de l’année, la recyclerie du Pays cévenol y a pris ses quartiers et l’affaire, qui était restée pendant deux ans dans les cartons, marche comme sur des roulettes. « Il va nous falloir un local plus grand », prévient Maud Bousquet, en charge de la mise en œuvre d’un projet jadis imaginé par la Dirrecte.

Après trois mois de travaux à l’automne dernier, puis la formation des salariés issus du chantier d’insertion Pays cévenol, les premiers vélos ont été réceptionnés en décembre et les premières ventes actées début février. Si une trentaine de vélos a été vendue, plus d’une cinquantaine, soit l’équivalent d’une demi-tonne de déchets, est déjà passée entre les mains expertes des six employés, mobilisés deux jours par semaine. Des bécanes offertes par des particuliers tout heureux de vider leur grenier, et par les déchetteries du territoire qui « jouent le jeu en les mettant de côté. »

« Les acheteurs ne négocient jamais le prix »

Des pépites s’y glissent parfois, comme cette pièce des années 40 que Fouad, le ‘‘monsieur vélo’’ de la recyclerie, n’ose pas toucher : « On ne sait jamais, ça pourrait intéresser un collectionneur ! » Au sein du local, deux ateliers : « Quand le vélo arrive, on le diagnostique pour définir s’il est réparable ou si on peut récupérer des pièces détachées pour les réinvestir sur un autre vélo », développe la chargée de projet.

Fouad se charge alors d’en faire des bolides de compétition. « Le plus beau, c’est de voir le sourire sur le visage des enfants qui repartent avec un vélo », s’émerveille le dernier nommé qui, petit, « n’a pas eu la chance d’en avoir. » Car à la recyclerie, les engins se vendent à petits prix. « De 5 à 70 euros », annonce le référent vélo, qui fixe le coût en fonction de plusieurs paramètres dont le temps passé sur la réparation et l’état général du véhicule.

« Les acheteurs ne négocient jamais le prix. Quand ils font des réflexions, c’est pour dire que ce n’est pas assez cher », se marre le trentenaire. Les pièces détachées qui ne sont plus fonctionnelles sont récupérées et réutilisées pour l’atelier d’upcycling, « une pratique qui permet de passer d’un déchet à un objet unique », vulgarise Maud Bousquet.

Cléomène est en charge de l'atelier upcycling où les membres laissent libre cours à leur créativité. (Photo C.M)

Cléomène, l’un des plus âgés de la bande, en est le référent. Bijoux à base de chambre à air, ceintures fabriquées avec des roues de vélos, bougeoirs et nichoirs sont autant de créations artisanales réalisées par la recyclerie. « On n’a pas encore trouvé ce qu’on pouvait faire d’esthétique avec les cadres de vélos », regrette Maud Bousquet qui, à court terme, espère atteindre une démarche zéro déchet.

Parce que le Piémont cévenol est « assez mal desservi au niveau des bus » et que « tout le monde n’a pas une voiture », l’usage du deux-roues demeure « une bonne option » d’après la jeune femme, d’autant que les voies vertes y sont « très développées. » Si Patricia Ponsolle, directrice du chantier d’insertion, s’évertue à chercher un nouveau local plus grand, c’est en raison d’une offre et d’une demande qui « n’attendent que de croître », selon Maud Bousquet.

Afin que la recyclerie ne reste pas « un acte isolé » et s’intègre pleinement dans une démarche globale vertueuse, l’association entend mener « dès qu’on le pourra » des ateliers de sensibilisation liés à la réduction des déchets et au réemploi des objets.

Corentin Migoule

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