FAIT DU SOIR La Poste remet les aînés sur le chemin du numérique avec sa tablette "Ardoiz"
En milieu de semaine dernière, Yvette, Alésienne âgée de 78 ans, a reçu sa tablette tactile "Ardoiz" des mains de Jean-Régis, facteur de La Poste, lequel a lui-même assuré l'installation de l'outil et assisté la prise en main.
Pour compenser ses diverses baisses activités en partie liées à la dématérialisation des démarches administratives, La Poste se réinvente : visites à domicile, portage de repas et de médicaments, sessions du Code de la route... Le groupe s'est même mis à réaliser des audits de voirie au profit des collectivités. Depuis quelques années, les installations de tablettes Ardoiz au profit des seniors font aussi partie de son champ d'actions.
Nous avons assisté à l'une d'elles à Alès en milieu de semaine dernière. Jean-Régis, facteur alésien depuis 2015, s'est rendu chez Yvette, 78 ans, habitante d'un immeuble de la Grand'rue Jean-Moulin. Vivant seule - avec ses deux chats - dans son appartement depuis la mort de son mari, la septuagénaire ne correspond pas tout à fait au profil de la mamie complètement larguée par l'ère du numérique.
Elle a longtemps possédé un ordinateur, avant que celui-ci ne soit jugé obsolète par ses proches. "À mon âge je ne me voyais pas investir dans un nouvel ordinateur, même si mes héritiers auraient été contents", a ironisé celle qui, vous allez vous en apercevoir, ne manque pas d'humour. Pour communiquer avec ses proches, Yvette se sert donc de son smartphone. Mais, avec ce dernier, "je n'arrive pas à faire tout ce que je veux" concède l'aînée.
Laquelle a donc opté pour une tablette "Ardoiz" mise au point il y a quelques années par la société Tikeasy, filiale du groupe La Poste. La tablette, un bon "compromis" espère celle qui a découvert le dispositif l'an dernier par le biais de sa conseillère bancaire. "J'avais râlé parce que je n'arrivais pas à suivre mes comptes puisque je ne reçois plus mes relevés au format papier. Elle m'a conseillé la tablette", rejoue l'aînée. Vendu au prix de 220 €, l'outil est aussi disponible à la location "longue durée". C'est cette seconde option qui a été choisie par Yvette ayant contracté un abonnement d'une durée de deux ans, pour 26 € par mois installation comprise.
Avec une vingtaine d'installations à son actif, Jean-Régis s'y est donc attelé. Malgré un couac relatif à un "faux contact" au niveau de la prise de la box internet occasionnant quelques minutes de flottement, la phase d'installation s'est plutôt bien déroulée. Le facteur alésien a d'abord configuré et paramétré l’Ardoiz, avant de réaliser les différentes inscriptions et de présenter le fonctionnement des applications à sa nouvelle détentrice.
Systématiquement lors de l'installation, des fiches techniques sont remises au client, ainsi qu'un stylet tactile, un chargeur et des écouteurs. Pour faciliter son utilisation par les seniors, la taille des caractères est réglable, l’ergonomie et la navigation ont été simplifiées et toutes les applications essentielles sont préinstallées. Les échanges en vidéo avec les proches sont également facilités par la tablette et son écran 10.1 pouces (25.65 cm) qui contient sa propre "visio" accessible depuis le site famille.
Après avoir pris soin d'écrire sur le carton de la tablette le code de connexion, Jean-Régis a fini par remettre l'outil à Yvette. "C'est le moment qu'on adore !", a glissé le facteur à l'instant où l'Alésienne prenait en main la tablette. Quel en sera son principal usage ? "Je suis beaucoup sur Youtube", clame celle qui "cherche des informations sur le monde" via des plateformes alternatives telles que Rumble et Odyssee.
Passionnée d'histoire et de géopolitique, cette ancienne enseignante en sciences-physiques au lycée Jean-Baptiste Dumas retraitée depuis 2006 n'entend pas s'embarrasser avec "les jeux de gosses". "Je veux qu'on m'enlève tout ça ! Les jeux vidéos, ça m'énerve !", peste Yvette, laquelle se dit plus disposée à jouer à des jeux "intelligents" de type sudoku, scrabble et mots fléchés.
La gestion de son compte bancaire en ligne donc, ainsi que l'impression d'articles de presse sont autant de fonctions de la tablette qui plaisent déjà à cette septuagénaire au caractère bien trempé. Avant de quitter son domicile, Jean-Régis lui a indiqué qu'elle pouvait le joindre via un "numéro spécial" assurant une assistance téléphonique en cas de besoins.
Grâce à cet outil, La Poste entend contribuer à "la réduction de la fracture numérique" et permettre aux séniors de se "familiariser et de s’approprier les outils informatiques". Sur internet, la tablette fait tout de même l'objet de quelques critiques, à l'image du site "Priorité seniors" qui pointe sa "faible autonomie" de "quatre heures environ en charge complète", ainsi qu'un appareil photo de "faible qualité", entre autres.
Le nombre d'installations de tablettes dans le Gard n'a pas pu nous être communiqué, mais si elle n'est pas magique, l'"Ardoiz" semble jouir d'un bel accueil des aînés qui se laissent parfois tenter sur le tard. "Récemment, on a fait une installation pour une personne âgée de 94 ans et ça se passe bien", promet Jean-Régis en guise de conclusion.