LE 7H50 de Patrice Quittard, maire de Poulx : « Les maires de l'Agglo ne sont pas achetables »
Candidat à un deuxième mandat en mars 2020, le maire (sans étiquette) de Poulx dresse un bilan de son mandat et partage son expérience à Nîmes métropole.
Objectif Gard : Votre premier mandat s’achève. Comment l’avez-vous vécu ?
Patrice Quittard : Eh bien, je n’avais jamais fait de politique en tant que telle. Mais je l'ai très bien vécu. Je ne me suis pas engagé par dépit. Avant de devenir maire, je me suis impliqué dans la vie associative de mon village en créant une crèche. Ensuite, j'ai glissé tête de liste aux municipales de 2008. J’ai titillé le maire sortant et six ans après, nous avons gagné.
Être maire, surtout d'un village, n'est pas toujours facile...
C'est très prenant. Je suis retraité mais j'ai toujours l'impression d'être dans la vie active. Vous côtoyez beaucoup de monde et vous êtes au contact de vos administrés, de leurs problèmes. La contrepartie, c'est que nous subissons une baisse des aides de l’État alors que les besoins de la population, eux, augmentent.
Quelle est votre plus belle réussite ?
Ce serait aux habitants de répondre… D'après moi, il y a eu l’informatisation de notre groupe scolaire et prochainement, la mise en place d’une maison en partage de 19 logements. Il y eu la réfection de la pinède après la violente tempête de 2015 : avec l’ONF (Office national des forêts) nous avons arraché puis replanté 250 pins sur les 500. Ça a été une décision difficile. Nous avons également construit une soixantaine de logements sociaux, permettant aux Poulxois de rester sur le village.
Comment avez-vous financé tous ces investissements ?
En 2018, nous avons dépensé 4,250 M€ en investissement (subventions comprises, ndlr). Nous avons vendu certains de nos terrains mais surtout, nous avons bénéficié de fonds de concours de Nîmes métropole.
Guerre Fournier-Lachaud : « Il y en a assez ! »
Ah, comme le maire de Saint-Gilles, Eddy Valadier, vous savez convaincre le président de Nîmes métropole, Yvan Lachaud ?
C’est vrai que l’on doit être la deuxième ou troisième commune à bénéficier de ces subventions. Mais après tout, quand vous faites un projet, vous devez aller à la pêche aux financements. Surtout qu’à Poulx, la dette est importante et nous n’empruntons plus.
Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, accuse le président de Nîmes métropole d’acheter les maires avec ces fonds de concours. Qu’en pensez-vous ?
Je n’apprécie pas ce genre de propos. Les maires ne sont pas achetables ! M. Fournier dit ça sous le coup de la colère. Il faut qu’il se rappelle que la ville de Nîmes bénéficie aussi de fonds de concours. D'ailleurs Nîmes a de gros projets, ses subventions sont plus importantes. Ainsi, toutes les écoles sont équipées de tableaux interactifs numériques. Je sais de quoi je parle : je suis vice-président en charge du développement numérique.
Comment vivez-vous la guerre Fournier-Lachaud à l’Agglo ?
Cette guéguerre perpétuelle n’est pas bénéfique à la population. On est quand même une agglo qui, en 2014 a démutualisé certaines compétences comme les ressources humaines. À mon goût, et c’est partagé par d’autres collègues, trop souvent le conseil communautaire est une suite du conseil municipal de Nîmes. Il y en a assez !
« Le pouvoir doit rester entre les mains des maires »
Quel rôle doit jouer l’Agglomération d'après vous ?
Je serais partisan d’une Agglo qui a toutes les compétences, y compris l’urbanisme. Aujourd’hui les pouvoirs des maires sont de plus en plus limités. Si l’Agglo a toutes les compétences, elle pourrait mieux négocier ses marchés et faire des économies. Seulement, le pouvoir décisionnaire doit rester entre les maires.
Yvan Lachaud, président de Nîmes métropole, n'est pas maire. Cela a-t-il des conséquences sur l'Agglomération ?
Je dirai oui si les maires qui l’entourent ne font pas leur travail. Et non si les maires qui l’entourent font leur travail.
Au vu de toutes vos analyses, serez-vous candidat aux municipales de 2020 ?
Oui. Je suis en train de me préparer et de constituer mon équipe. À Poulx, des efforts restent à faire sur la voirie. Ce sera l'un de nos chevaux de bataille.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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Poulx, village dortoir ? Gare à celui qui emploie ce qualificatif peu valorisant pour le village de Poulx. Le maire sortant préfère plutôt "village résidentiel : Poulx possède un merveilleux patrimoine forestier : 1 900 hectares et seulement 250 hectares de construits. C’est un village récent qui a connu sa croissance à la fin des années 60 quand nous avons réussi à tirer l'eau depuis Marguerittes (nappe de la Vistrenque). En 1986 quand j’ai construit à Poulx il y avait 1 500 habitants. Aujourd'hui, nous sommes à 4 200."