Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 05.11.2020 - thierry-allard - 4 min  - vu 9934 fois

FAIT DU JOUR Coronavirus : les tests antigéniques débarquent dans les pharmacies

Véronique Guillermin, en tenue de cosmonaute, accompagnée de Sylvie Gaboriau, de la Grand pharmacie du Talabot, à Nîmes (Photo : Corentin Corger / Objectif Gard)

Les tests antigéniques, aussi appelés tests rapides, arrivent cette semaine dans les pharmacies. Une arme de plus dans l’arsenal du corps médical pour dépister les cas de covid-19 et tenter de juguler une épidémie qui s’accélère depuis plusieurs semaines dans notre département. À qui sont destinés ces tests ? Où en est-on de leur déploiement ? Et concrètement, sur le terrain, comment se passe leur utilisation ? Objectif Gard fait le point.

À première vue, rien ne différencie le test antigénique du désormais célèbre test PCR. Dans les deux cas, un prélèvement dans les narines à l’aide d’un écouvillon est nécessaire. La différence se fait dans l’analyse du prélèvement. Là où un test PCR nécessite d’être analysé en laboratoire, le test antigénique va détecter les protéines de la covid-19 en moins d’une demi-heure.

« Ce n’est pas la même cible de patients que les anciens tests, explique la présidente de l'Union régionale des professionnels de santé (URPS) pour les pharmaciens, Valérie Garnier, par ailleurs pharmacienne à Meynes. Il faut qu’il y ait des symptômes et nous sommes en train de border au niveau de l’âge. » En effet, l’arrêté publié le 17 octobre au Journal officiel précise notamment qu’il faut pour en bénéficier être âgé de moins de 65 ans et ne pas présenter de risque de développer une forme grave de covid-19. Par ailleurs, « le test est un peu moins sensible que les précédents, poursuit Valérie Garnier. Il y a très peu de faux-positifs mais un peu plus de faux-négatifs qu’avec les anciens tests. »

Ce nouveau type de test est réservé en priorité aux symptomatiques et il est « fiable à 98% » concernant les cas positifs, affirme Sylvie Gaboriau, titulaire à la Grand pharmacie du Talabot, à Nîmes. En revanche, on constate une marge d’erreur de 4% quand la réponse est négative. C’est pour cela que l’ARS déconseille le test antigénique aux cas contacts et préconise le PCR.

Les tests peuvent être pratiqués par les pharmaciens, médecins et infirmiers. C’est aux officines de se procurer les tests. « Sur les 250 pharmacies du Gard, quasi tout le monde aura des tests pour les procurer aux médecins et aux infirmiers sans avance de frais, détaille Valérie Garnier. 30% des pharmacies, soit environ 80 officines gardoises, devraient se lancer pour les tests sur place. »

En pratique, « c’est un peu la démerde »

L’intérêt de ce déploiement est de profiter du maillage territorial des pharmacies : « Elles sont mieux réparties que les laboratoires. Ça va limiter les flux de populations car tout le monde pourrait faire des tests autour de chez soi », explique la présidente de l’URPS pharmaciens, qui compte sur les tests antigéniques pour « tester plus largement et plus rapidement. »

Pharmacienne à Meynes, Valérie Garnier est présidente de l'URPS pour les pharmaciens (Photo d'archives : Boris Boutet / Objectif Gard)

Pour l’instant, l’heure est à la mise en place du processus dans les pharmacies. « Une dizaine de pharmacies dans le Gard se sont d’ores et déjà lancées. Les autres vont le mettre en place petit à petit dans les quinze prochains jours, avance Valérie Garnier. Dans les pharmacies trop petites pour accueillir des tests, on peut imaginer que des salles soient mises à disposition par les communes, avec l’aval de la préfecture et l’Agence régionale de santé (ARS), et que médecins, pharmaciens et infirmiers se relayent. »

Sur le terrain, « c’est très compliqué à mettre en place, c’est un peu la démerde », résume Sylvie Gaboriau, titulaire à la Grande Pharmacie du Talabot quand on lui demande d’évoquer la mise en place des tests antigéniques. Le test n’est pas imposé aux officines, qui se portent volontaires pour le proposer. « J’ai accepté dans le cadre de ma mission de santé publique. J’ai pris sur moi car sinon on ne va pas s’en sortir », poursuit la pharmacienne.

Car ce test requiert d’abord des moyens humains. Au Talabot elles sont cinq dont les deux titulaires à avoir été formées, puisque là aussi c’est sur la base du volontariat. Il faut par ailleurs pour la personne qui pratique le test « s’habiller en cosmonaute », compare Véronique Guillermin, également titulaire pour procéder à l’exercice.

Lundi, une infirmière du centre hospitalier universitaire de Nîmes est venue pour montrer les bons gestes et pratiquer car « nous n’avions jamais fait ça », explique la pharmacienne. La présence de cette professionnelle est à l'initiative de la responsable de l’officine, car sinon l’Agence régionale de la santé a seulement envoyé un tutoriel vidéo qui, affirme Sylvie Gaboriau, « ne suffit pas. » La question du personnel est prégnante : pendant que les pharmaciennes réalisent ces tests, elles ne sont pas en boutique. Ainsi, ce mercredi d’après-midi, faute de personnel habilité, il n’y a pas eu de dépistage à la Grande pharmacie du Talabot.

Un espace dédié

La tenue de ces tests nécessite une pièce dédiée, désinfectée après chaque passage. Et ce alors qu’il faut aussi réserver un lieu pour la vaccination contre la grippe, qui a repris avec la deuxième livraison des doses. Pour pallier le manque de place, certaines pharmacies qui en ont la capacité financière et l’espace suffisant ont installé un barnum. Au Talabot, on a condamné un tout petit local.

Sur les sept patients testés ce mardi, deux étaient positifs et aucun sur les cinq de ce mercredi. Pour éviter de se changer toutes les cinq minutes, les rendez-vous sont concentrés sur une plage horaire que d’ailleurs certains patients n’honorent pas.

Ces nouveaux tests sont avant tout un moyen de désengorger les centres de test comme celui situé au Parnasse à Nîmes. Les noms des cas positifs sont ensuite envoyés par mail à l’ARS car la plateforme dédiée connaît quelques couacs pour le lancement. Ce test antigénique est pris en charge par l’Assurance maladie, à qui les pharmacies facturent 34 euros par test.

« Ces tests jouent un rôle actuellement, mais ils seront aussi cruciaux au prochain déconfinement pour éviter une troisième vague », estime Valérie Garnier. Cruciaux comme le respect des mesures barrières et le port du masque. Car si Sylvie Gaboriau est prête à organiser son activité pour assurer sa mission, elle dénonce le fait de voir encore trop de personnes qui ne portent pas de masque ou le portent mal. « Je suis sortie ce matin. J’ai vu le facteur masque baissé et les gens qui passaient à côté. Il faut vraiment changer de comportement », conclut-elle.

Boris Boutet et Corentin Corger (avec Thierry Allard)

Thierry Allard

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