BAGARD Le nouveau moulin du Mas Miger met en réseau propriétaires d'oliveraies et cueilleurs intéressés
En s'approchant de la départementale Alès-Anduze, le nouveau moulin à huile du Mas Miger a gagné en capacité, tout en permettant aux amateurs et petits producteurs de presser leurs propres olives. Avec Rés'olives, le moulin crée un service de mise en relation des propriétaires au temps compté et des cueilleurs potentiels qui disposeraient de temps pour aller ramasser. Le tout en louant du matériel à prix réduit. Le nouveau chapitre du moulin s'écrit depuis le 23 octobre, au lancement de la récolte 2023.
Difficle de rater le bâtiment flambant neuf, le long de la départementale 910 et de la route de Béthanie. Dans leurs nouveaux 400 m2, les trois associés du moulin du Mas Miger travaillent sur du matériel italien dernier cri, qui permet d'individualiser la trituration demandée, de faire de l'oléiculture sur mesure quand d'autres pratiquent le prêt-à-porter. Un nouveau départ rendu possible par l'arrivée, à côté de Cyril Clauzel, de sa soeur Mylène, et du mari de cette dernière, Cyril Hazard.
Car il fallait des coudées franches, une expérience et un capital supplémentaire pour mettre 200 000 € d'investissement dans l'aventure reprise de ses parents par le seul Cyril Clauzel, en 2016, et qui assurait une petite production. Or, le couple Hazard avait vendu son entreprise de chaudronnerie, installée dans le bassin alésien, juste avant la crise Covid. "L'objectif, c'est entre autres d'acheter des champs d'oliviers complets, avance Cyril Hazard. Aujourd'hui, 90 % de notre activité, c'est du service, de la trituration. Les gens paient le service et repartent avec l'huile, à partir de trois kilos d'olives."
"Un marché de niche, pour s'adapter aux petits clients"
Cyril Hazard, gérant du mas Miger
Le moulin a ainsi décidé d'accepter "un marché de niche pour s'adapter aux petits clients", confie Cyril Hazard, qui connaît les réalités des oliveraies cévenoles et des premières plaines, bien éloignées des vastes étendues des Baux-de-Provence ou de Nyons. D'où l'achat de "petits malaxeurs pour triturer à partir de 100 kilos", dans la Mecque de la machine-outil oléicole, l'Italie. "Tout le monde rêve d'avoir sa propre huile", sait Cyril Hazard. Et pour ceux dont l'envie naîtrait en réalisant que la trituration de leur production confidentielle devient possible, le mas Miger met désormais à disposition, pour 30 € la journée, une location d'un kit matériel complet pour récolter. Les deux moulins les plus proches de Bagard sont à Martignargues et Saint-Hippolyte-du-Fort. "Aujourd'hui, les gens vont au plus près." En plus de la clientèle de proximité - qui peut aller jusqu'à la vallée Borgne ou même l'arrière pays viganais - Cyril Hazard espère donc bien attirer une clientèle séduite par les services propres au mas Miger. "On a notre carte à jouer."
Car si le mas a, évidemment, sa propre production, qui ne demande qu'à s'étendre, les trois nouveaux associés innovent aussi en créant une plate-forme afin de mettre en relation des propriétaires au temps compté, ou qui ne se voient pas aller glaner des oliviers éloignés, avec des cueilleurs potentiels, prêts à sacrifier une journée dans la semaine - ou plus - pour aller cueillir. "C'est un concept de partage et d'échange, détaille Cyril Hazard. Il suffit de se rendre sur le site Internet dédié (*), de s'inscrire en cliquant sur propriétaire ou cueilleur, on peut ajouter des photos ainsi que sa situation géographique. On regarde ceux qui "matchent" et on les met en relation." Au final, 50 % de la production ira au cueilleur, 25 % au propriétaire et 25 % au mas Miger.
Une huile d'olive par village ?
Le site étant vaste autour du moulin, Cyril Clauzel en profitera, dès le printemps, pour vendre sur place sa propre production maraîchère. En bon entrepreneur, son beau-frère songe déjà à valoriser les déchets de la production oléicole, en chauffage ou en enrichissement des sols agricoles. Une autre idée consisterait à "territorialiser" les productions pour que chaque village qui possède des oliviers puisse avoir sa propre cuvée, par exemple. Une épicerie fine, les Pépites du Moulin, viendra compléter l'offre du moulin en été, au bord d'une route qui voit passer en moyenne 6 000 véhicules par jour, pendant la saison.
Si le trio s'est lancé, c'est donc qu'il y croit, profondément. "On a préalablement fait une étude de marché sur le potentiel : depuis 4 ou 5 ans, beaucoup de monde s'est mis à planter des oliviers. C'est plus facile à cultiver que d'autres fruitiers. Puis, on a aussi regardé l'Espagne, où la production s'est effondrée cette année. En France, la consommation ne fait qu'augmenter, il reste donc à faire." L'année 2023 - avec une pluie tombée au bon moment et une quasi absence de fruits touchés par la mouche - est venue conforter les trois associés. "Et puis, par rapport à la chaudronnerie, on cherchait une activité sur la terre et la nature. Ici, c'est du concret. Et les gens sont contents." Et la saisonnalité du métier permet, aussi, de laisse libre cours à ses envies d'évasion, hors saison.
(*) https://resolives.fr