BAGNOLS/CÈZE Rue de la République, "Tendance chaussures" et "Petite nature" ont fermé
Ce jeudi 29 février, deux commerces de la rue de la République ont tiré le rideau pour la dernière fois. Il s'agit de "Tendance chaussures" qui arrête son activité et de "Petite nature" qui déménage au Grau-du-Roi.
Ce jeudi soir, à 19h, Corinne Felfoldy a tiré pour la dernière fois le rideau de sa boutique "Tendance chaussures" sise en bas de la rue de la République, au n°68. Une décision qu'elle a mûrement réfléchie et prise après des fêtes de fin d'année et des soldes moroses. "Ça fait déjà deux fois que je dis que je ferme. À chaque fois, je me donnais une autre chance en me disant que ça allait repartir", témoigne-t-elle. Cette fois, son choix est ferme, elle casse tous les prix avant le point final.
Cela faisait neuf ans qu'elle avait ouvert son magasin, d'abord rue Fernand-Crémieux avant de le transférer rue de la République. Elle avait choisi Bagnols-sur-Cèze, seule ville où se trouvaient des locaux commerciaux dans ses critères. C'était aussi l'occasion de se rapprocher de sa famille qui vit dans le Vaucluse.
"Les gens ont plus de difficultés que de pouvoir d'achat"
Dans sa boutique bagnolaise, Corinne Felfoldy vend des chaussures, des accessoires, des foulards, des chapeaux, des portes-monnaies pour femmes. Mais depuis quelque temps déjà, les affaires n'allaient pas fort. La gérante dresse un tableau peu reluisant : "Les rues de Bagnols sont désertes, la fréquentation est de pire en pire. Les gens ont plus de difficultés que de pouvoir d'achat. À cela s'ajoutent l'insécurité, les poubelles..."
Elle ajoute : "La taxe foncière est hors de prix. On ferme car on ne peut plus. C'est la réalité. Les commerces indépendants sont très fragilisés". Elle qui était indépendante depuis 20 ans ne veut plus remonter d'affaire. Une fois que toutes les procédures seront réglées pour la cessation d'activité, elle essaiera de retrouver un travail.
"Petite Nature" déménage au Grau-du-Roi
Ce jeudi 29 février, a aussi fermé une autre boutique du haut de la rue de la République. Il s'agit de "Petite nature", situé au n°11, dédiée au prêt-à-porter féminin. Fabienne Primo, sa gérante depuis six ans, a décidé de déménager au 31 rue des Combattants au Grau-du-Roi dès avril prochain. "Il n'y a plus de passage à Bagnols-sur-Cèze. Cela fait un an que je ne vis plus. Il fallait que je trouve une solution pour sauver les meubles", déplore-t-elle. Pourtant, elle a le cœur gros de quitter la ville où elle est née. De quitter cette rue où elle a noué des liens forts avec les autres commerçants. "C'est bien de tourner une page mais celle qu'on laisse derrière nous ne comporte pas que du négatif", admet-elle.
Mais sa situation financière devenait de moins en moins tenable. Elle poursuit : "On sent que le pouvoir d'achat est bas. Par rapport à Noël il y a deux ans, j'ai perdu sur la période plus de 70 % de mon chiffre d'affaires. Avant que je n'arrive plus à payer les fournisseurs, il fallait réagir et j'ai opté pour une station balnéaire où il devrait y avoir plus de passages et donc plus de ventes." Malgré des places de parking gratuites à proximité et un large choix de boutiques aux styles différents, beaucoup de Bagnolais font leurs achats ailleurs, constate la commerçante.
"Même la rue de la République à Avignon est touchée"
Un peu plus tôt, la ressourcerie Grey House a également fermé sur cette même artère piétonne. Selon une étude de la Fédération des acteurs du commerce dans les territoires (FACT) et de Codata, la vacance commerciale dans le centre-ville de Bagnols-sur-Cèze était de 14,3 % fin 2022 contre 21,3 % en 2018. "On a une baisse de 7 points de pourcentage, ça s'est amélioré", commente Fabienne Avis, manager du centre-ville bagnolais. Mais d'autres départs à la retraite vont survenir et des boutiques vont changer d'emplacements. "Je suis en rapport avec plusieurs managers de commerces partout en France, les centres-villes se meurent un peu. Même la rue de la République à Avignon est touchée", reconnaît-elle.
Néanmoins, le tableau bagnolais est contrasté. Certains commerces s'en sortent bien, maintenant à flots fréquentation et trésorerie. La manager reçoit aussi en ce moment pas mal de demandes d'installation de commerces rue Fernand-Crémieux et boulevard Lacombe. "Rue Fernand-Crémieux, il n'y aura plus qu'un emplacement de libre", assure Fabienne Avis. Elle admet qu'à Bagnols et notamment rue de la République, il est parfois difficile de trouver des "cellules en bon état, qui ont souvent en plus des petites surfaces".
La durée de stationnement gratuit augmentée
Pour inciter les habitants à revenir dans le centre-ville et ses magasins, l'association Bagnols commerces essaie d'organiser des animations, des jeux concours. En avril, devrait avoir lieu le Printemps du commerce. La municipalité met aussi en place des mesures pour tenter de rebooster la fréquentation. Avant, les personnes qui stationnaient sur des places payantes avaient droit à 2X20 minutes gratuites par jour, qui ont été élargies à 1h de gratuité depuis un an. De quoi donner plus de temps pour arpenter les rues. Les détenteurs de voitures électriques, hybrides, hydrogène ou GPL peuvent retirer gratuitement leur disque vert à la police municipale sur présentation de la carte grise et bénéficier de 2h de gratuité par jour. À cela s'ajoutent les zones bleues et les parkings gratuits.
"Il existe également l'OPAH-RU où l'aide peut atteindre jusqu'à 50 % du coût des travaux pour permettre aux vieilles habitations et commerces du cœur de ville d'être rénovés pour un environnement plus attrayant. La boulangerie Diard, qui est propriétaire de ses murs, a pu le faire", donne pour exemple la Mairie. Plusieurs travaux ont été menés successivement sur les entrées du centre-ville (Jean-Jaurès, Langevin et Bertin-Boissin*) aussi dans le but de donner envie au chaland de venir. Les nouveaux commerces (hors alimentaire) bénéficient d'une aide au loyer, au bout du quatrième mois d'installation.
Concernant le sentiment d'insécurité, la municipalité affirme : "Les policiers municipaux sont positionnés tous les soirs sur la place de la mairie et font des patrouilles pédestres aux heures de fermeture des commerces. On a aussi notre réseau développé de vidéoprotection où le moindre rassemblement délicat est signalé aux forces de police."
(*) Les commerçants installés à proximité des travaux de Bertin-Boissin et qui ont vu leur chiffre d'affaires impacté par le chantier, ont reçu une aide compensatoire de la Mairie.