Publié il y a 1 an - Mise à jour le 30.06.2023 - François Desmeures - 4 min  - vu 806 fois

FAIT DU JOUR Le Climatographe, outil de lecture des changements climatiques, ouvre sur le mont Aigoual

Les architectes lozériens Navecth ont ajouté un appendice à l'observatoire pour réaliser l'éntrée de la muséographie

- François Desmeures

Demain matin, samedi 1er juillet, ouvrira au public le nouvel espace muséographique et pédagogique de l'observatoire du mont Aigoual. Baptisé le Climatographe, il propose des clés de lecture du changement climatique et invite à rechercher des solutions. Il est aussi l'avenir de l'observatoire - que Météo France abandonnera totalement le 30 septembre prochain - et participe de la transformation de la station Alti Aigoual en station quatre saisons. 

L'accueil-boutique, encore en chantier ce jeudi • François Desmeures

Il aura fallu quatre ans de travaux pour restaurer et changer la destination de l'observatoire du mont Aigoual. Quatre ans pour transformer un lieu de relevés météorologiques (avec ses scientifiques), et un espace muséographique, en véritable musée vivant d'interprétation des changements climatiques. Et les projets ne manquent pour la suite, insiste le directeur de l'Observatoire, Laurent Bonnard. Ce samedi 1er juillet, la dizaine de salles sera dévoilée au public. 

Mais, à deux jours de l'ouverture, la ruche s'active et toutes les salles sont encore en travaux. À commencer par l'accueil-boutique, où les présentoirs sont en cours de montage. Tout comme reste protégé le sol de la première salle qui fait courir sur mur et sol une immense carte IGN au 25 000e, qui identifie le territoire causses et Cévennesque le visiteur arpente. "On y évoque les paysages, la géographie, l'histoire", détaille Laurent Bonnard, directeur depuis le 1er février. Le reboisement de l'Aigoual initié par Georges Fabre y est aussi raconté.

Un peu de géographie des causse et Cévennes avant d'entamer la visite • François Desmeures

De l'entrée, il est possible d'atteindre le niveau -1, qui recevra les expositions temporaires. Pour l'ouverture, c'est Météo France qui fournit les seize panneaux de photographies de paysages, issues d'un concours lancé en 2022 par Yann Arthus-Bertrand en partenariat avec l'entreprise publique. 

Au-dessus de cette salle d'expos temporaires, au niveau 0, la galerie sud offre une vue superbe sur la haute valllée de l'Hérault. L'opportunité de baliser la flânerie, dans la galerie, de stations audio qui aident à la lecture du paysage, à travers des textes sonores d'André Chamson ou de Robert-Louis Stevenson. Le tout sous des panneaux de verbatim, anciens et nouveaux, autour du climat. De Mark Twain à Jean-Marc Jancovici. Ou à Valérie Masson-Delmotte, co-présidente d'un groupe de travail du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), par ailleurs présidente du comité scientifique du Climatographe de l'Aigoual, au titre de centre d'interprétation des changements climatiques.

Laurent Bonnard sous les verbatims de la galerie Sud • François Desmeures

Changement de décor dans la salle ronde du bout de la galerie. Éric Verrier, scénographe du nouveau musée, vérifie avec un niveau à laser l'installation des fac-similés des relevés météorologiques collés sur les murs. Des premiers, à l'écriture soignée de la fin du XIXe siècle jusqu'aux années 60, avant que la dactylographie ne prenne le dessus. Des registres "avec des occurences de six mois sur toute cette période", admire le scénographe. Au mur, quatre entretiens à écouter sont disponibles, avec l'historien Emmanuel Le Roy-Ladurie, le glaciologue Claude Lorius, le climatologue Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte. 

L'histoire du climat, notament via les relevés météorologiques de l'Aigoual • François Desmeures

Après un passage par un affichage de unes de la presse qui documentent la montée des craintes et des catastrophes, le long couloir du fond du bâtiment offre une plongée dans les causes et les conséquences du changement. "Ici, on explique le cycle de l'eau, l'effet des nuages, l'effet de serre", relate Laurent Bonnard. Le tout à l'aide de livres électroniques qui déclenchent des écrans, ou de stations audio et vidéo. Après ces informations préoccupantes, une pause s'impose dans la salle bleue, qui se veut un moment de rêverie dans les nuages. "On va installer des poufs et on pourra écouter une évocation de Jean-Pierre Chalon sur les nuages." 

Les causes et les conséquences abordées par l'image • François Desmeures

La salle suivante est une vision projetée du futur, selon les différents scénarios de réchauffement de la planète émis par le GIEC. Face à un globe d'environ 1,50 m de diamètre, la projection numérique propose d'assister aux conséquences, sur le globe terrestre - donc notre Terre -  qu'aurait un réchauffement annuel moyen de +1,5, +2,6, +4,5 et +8,5 degrés. Montée des eaux, sécheresses, le numérique permet ici d'entrer dans le concret. Des impacts dramatiques confirmés ensuite par les huit totems qui évoquent tempêtes, cyclones, fonte des glaces, accroissement des moustiques et autres "réjouissances" induites par le réchauffement climatique. 

Encore en phase de calibirage, le globe illustrera les modifications en fonction de quatre scénarios du GIEC • François Desmeures

Les enjeux posés, vient la question de la "Renaissance écologique". Et elle se veut participative, en s'inspirant d'une fresque de Lorenzetti, de 1338, transposée à notre époque. Il traitait alors de la bonne et de la mauvaise gouvernance à Sienne. Sur un plan actualisé, il s'agit de faire de même pour participer à la lutte contre le réchauffement. "Comment le citoyen peut-il devenir acteur de la lutte ?, interroge Laurent Bonnard. Le tout en fonction des thématiques proposées, comme la construction et la rénovation, la finance, l'éducation, la culture, l'import-export." Les suggestions, libres, seront conservées "pour enrichir les sciences sociales"

La salle des huit totems, qui mesure les impacts • François Desmeures

L'investissement de 3,5 millions d'euros, réalisé par la petite Communauté de communes Causse-Aigoual-Cévennes, a été largement subventionné par les partenaires, à commencer par l'État. Le directeur espère accueillir 55 000 visiteurs, dans les 7 000 m2 de muséographie, désormais payante (*). Et dépasser la période touristique pour proposer "de l'accueil de groupes, des séminaires, des colloques, des formations". Il souhaite aussi mettre sur pied "une série d'outils opédagogiques pour les écoles, mais pas que"

Le nouvel accès entre les restaurant et la muséographie • François Desmeures

Laurent Bonnard imagine aussi que le lien avec le ministère de la Transition écologique ou l'Ademe puisse donner lieu à ce que l'observatoire serve à "former les acteurs publics et privés à l'adaptation des transitions". Le directeur des lieux veut également nouer des liens avec le monde de la recherche et imagine des thésards en résidence. Des contacts sont déjà avancés avec un élève de l'école des mines d'Alès, pour une thèse sur le réchauffement climatique et la protection des forêts. Ensuite, il faudra aussi rénover les sept chambres et le toit, pour un accueil dans des conditions optimales. Le centre d'essais climatiques, qui reste bien actif sur l'observatoire - en effectuant, par exemple, certains tests en conditions extrêmes pour Lafarge - devrait bientôt recevoir "un essai constructif" des Artisans-bâtisseurs en pierre sèche, de Ventalon-en-Cévennes, qui veut voir sur place la résistance de ses édifices. 

L'observatoire a droit à une façade rénovée • François Desmeures

Le 30 septembre, les trois météorologues de Météo France encore présents quitteront définitivement les lieux, sur ordre de leur direction. La fin d'une époque... L'observatoire recrutera un médiateur au 1er janvier. Entre tous les acquis à gérer et tous les projets à lancer, la tâche ne sera pas mince pour les agents de la communauté de communes. Heureusement, pas aussi dur que de lutter contre le réchauffement climatique...

(*) 9 € pour les plus de 15 ans, 4 € entre 6 et 15 ans, gratuit pour les moins de 6 ans. Ouvert tous les jours jusqu'à la fin des vacances d'automne.

Un tronc de mélèze, installé mercredi, pour un peu de rêverie • François Desmeures

François Desmeures

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