MÉJANNES-LES-ALÈS Malmené par la crise sanitaire, S Group s'est réinventé et se met à rêver
Malmenée par la crise sanitaire qui a bien failli avoir sa peau, l'entreprise spécialisée dans les solutions audiovisuelles, techniques et scénographiques dédiées au secteur culturel voit l'horizon se dégager et distingue même le mont Cavala où elle projette de s'installer.
Spécialisée dans les solutions audiovisuelles, techniques et scénographiques, S Group revient de loin ! L'entreprise basée à Méjannes-les-Alès depuis le début du siècle a particulièrement souffert de la crise sanitaire et de ses conséquences sur le secteur culturel. "Le dernier concert de masse avant le covid, c'est le 22 février 2020 avec DJ Snake à l'U Arena de Nanterre devant 40 000 personnes", se souvient Alexandre Coulet, gérant de l'unité méjannaise.
Une date suffisamment "marquante" pour que le patron du réseau d'entreprises Leader Alès ne l'oublie pas. "Après ça, j'ai compris tout de suite qu'on allait souffrir. L'ancien ministre de la Culture (Franck Riester, NDLR) de l'époque nous disait que les évènements culturels allaient reprendre dans l'été. Donc, on a continué à garder l'outil en route pour être prêt à redémarrer. Ça a été une grosse erreur car on a brûlé la trésorerie", rejoue le codirigeant de S Group.
Cette gestion "catastrophique" de son ministère de tutelle a bien failli "coûter la tête de l'entreprise", assure le dernier nommé, qui n'hésite pas à parler d'une véritable "boucherie". Mais Alexandre Coulet a allié résilience et ingéniosité pour assurer la pérennité de ce fournisseur de matériel (son, éclairage, vidéo) et d'ingénierie qu'est S Group. "On a su se réinventer grâce au secteur de la télévision qui continuait à tourner même avec la pandémie", rappelle le chef d'entreprise.
Alors qu'elle assurait déjà les décors et la technique de l'émission Fort Boyard et qu'elle venait d'acter son association avec la société de production d'Arthur pour District Z, l'entité méjannaise a décroché l'un de ses plus beaux contrats en signant avec C8 et Touche pas à mon poste (TPMP). Une réelle "bouée de sauvetage" en plein marasme économique. "Sans la télé, on aurait eu un bilan comptable catastrophique !", concède Alexandre Coulet.
Les JO de Paris dans le viseur
L'année suivante, en 2021, toujours sans perspectives dégagées concernant les évènements festifs et culturels, S Group s'est lancé dans la construction de décors scéniques en investissant les ateliers du groupe Capelle. "À ma connaissance, on est la seule entreprise à traiter notre secteur à 360° de la sorte", se félicite le gérant d'une société qui se distingue par du matériel premium. Le dernier à en avoir profité n'est autre que le célèbre rappeur Ninho pour l'intégralité de sa tournée 2022.
Depuis que l'horizon s'est éclairci, le chiffre d'affaires (CA) est revenu à la normale pour s'établir à 14 M€ et S Group n'en finit pas de rafler de nouveaux marchés. Les producteurs de spectacles musicaux restent sa "première cible", tandis que la télévision représente aujourd'hui 20% de son CA. Depuis peu, l'événementiel sportif est dans le viseur du patron de Leader Alès qui se projette volontiers jusqu'aux Jeux Olympiques de Paris 2024 et les "nombreux événements d'entreprises" qu'il va générer.
Mais la société méjannaise ne néglige pas l'étranger (30% de son chiffre d'affaires) et notamment l'Espagne où elle a su se faire une place de choix sur le marché de la musique électronique, lequel se concentre essentiellement à Barcelone et aux Baléares. "On a de grosses affinités avec DJ Snake et David Guetta dans ce domaine", précise Alexandre Coulet.
La nouvelle page au mont Cavala
Récemment, S Group a signé un nouveau contrat qui le lie à l'émission TPMP pour quatre années supplémentaires, tandis que son codirigeant participera pour la première fois au Gala des pièces jaunes diffusé sur France 2 le 28 janvier, en présence d'artistes tels que Mika, Vianney et Pharrell Williams. Un nouveau partenariat qui symbolise "l'engagement éthique" de l'entreprise et fait la "fierté" de son gérant.
La sérénité est ainsi revenue dans les rangs de la société spécialisée dans les solutions audiovisuelles, techniques et scénographiques, laquelle n'entend pas pour autant se reposer sur ses lauriers. Alexandre Coulet a même "hâte" d'ouvrir la nouvelle page qu'il esquisse depuis quelques années. Celle qui le mènerait avec sa trentaine de salariés permanents et ses 200 intermittents à Vézénobres, dans la nouvelle zone d'activité économique du mont Cavala.
"On a mis le projet sur pause pendant le covid. Là, il est reparti de plus belle", prévient ce dernier. La zone de quatre hectares, jadis non constructible, est en cours d'aménagement (voirie, réseaux, etc.) pour une ouverture espérée début 2025. "Le but, c'est de regrouper en un seul lieu toutes les activités liées à l'industrie culturelle et créative pour optimiser les coûts de construction, d'assemblage et de préproduction. À terme, on pourra, sur un même lieu, imaginer et concevoir un spectacle culturel de A à Z", s'enthousiasme le codirigeant.
Des perspectives réjouissantes et des attentes
De nouvelles entreprises débarqueront dans le bassin alésien, alors que la société S Group quadruplera sa surface d'exploitation (passant de 3 500 à 13 000 mètres carrés). Le nouveau bâtiment abritera l'unité logistique de l'entreprise, ses ateliers de construction de décors (bois et acier), son pôle commercial, ainsi que son incubateur, conçu comme "un nouveau centre de formation des métiers techniques de l'industrie culturelle et créative".
Des perspectives réjouissantes pour celui qui a refusé de céder à la tentation d'un déménagement au-delà des frontières de l'Agglo lorsque les contraintes administratives et environnementales ont bien failli faire capoter le projet. "Sur le plan urbanistique, ici, on se développe de manière raisonnée. Ce n'est quand même pas la Vallée du Rhône. Tout n'est pas bétonné !", résume Alexandre Coulet.
Le chef d'entreprise attend désormais que la préfète du Gard honore sa "promesse" en concrétisant le projet de contournement de Nîmes par l'ouest, vieux de plusieurs décennies. "Jusqu'à maintenant, c'est avant tout un échec politique. Depuis qu'on en parle, il y a eu le dédoublement de l'A9, une gare à Montpellier et une gare à Nîmes. On fait des routes partout et on va nous dire qu'on n'a pas l'argent pour faire un tronçon supplémentaire. Ce n'est pas entendable", peste le quadragénaire, qui mise aussi sur un raccordement du côté de Bagnols/Cèze car la "connectivité" est indispensable pour les affaires.
S Group recrute
Depuis le covid, le monde du travail vit une profonde transformation. Certains secteurs en souffrent plus que d'autres et peinent à attirer. C'est le cas de l'industrie culturelle. "On doit travailler sur la formation et l'attractivité de ces métiers techniques. Il y a des efforts à faire sur la politique RSE. Il faut faire en sorte que les salariés soient bien dans leurs baskets", reconnaît Alexandre Coulet. Et d'ajouter : "En ce moment, on est sur un jeu des chaises musicales. Certes, parfois on va arriver à recruter, mais c'est un confrère qui va en faire les frais." Une situation qui tiendrait d'une inadéquation entre la qualification des demandeurs d'emploi et les besoins des entreprises. Chez S Group, cinq nouvelles offres d'emploi viennent d'être mises en ligne. Soudeur, tourneur, préparateur, chargé de projets et chargé d'affaires sont recherchés.