Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 12.08.2021 - boris-boutet - 2 min  - vu 1290 fois

ENVIRONNEMENT Rapport du GIEC : quelles conséquences pour la Camargue ?

(Photo Anthony Maurin)

Terre de Camargue, un territoire sensible en matière de gestion de l'eau (photo Véronique Camplan)

En début de semaine, le sixième rapport du GIEC - le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations unies - a été publié. Selon ce dernier, l’objectif de ne pas dépasser le 1,5 °C de réchauffement d’ici à la fin du siècle est compromis. Denis Lacroix, responsable de la prospective à la direction scientifique de l’Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER), revient sur les conséquences du réchauffement climatique sur la Camargue. 

Pour Denis Lacroix, le rapport alarmiste du GIEC n'a rien d'une surprise. "Pour nous, c'est la mise en forme officielle d'une information qui circule dans la communauté scientifique depuis des années, estime-t-il. Il confirme que le changement climatique est lié aux activités humaines et a parmi ses conséquences la montée du niveau de la mer et l'augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes. Surtout, et c'est ce qui est le plus important, cette tendance est en accélération : c'est comme si, en voiture, vous essayez de prendre un virage en épingle en gardant le pied enfoncé sur le champignon." 

La synthèse du rapport ne sera disponible qu'en septembre et il est pour l'heure trop tôt pour avoir une déclinaison précise des conséquences à l'échelon local. Pour autant, la Camargue, comme tous les autres deltas du monde, est une région particulièrement vulnérable. "C'est une zone très basse qui est soumise aux influences marines depuis très longtemps, appuie Denis Lacroix. Elle risque d'être de plus en plus salinisée, ce qui aura des conséquences sur la végétation et l'activité humaine." 

L'aquaculture pour succéder au riz de Camargue ?

Parmi les cultures traditionnelles dans le secteur, celle du riz de Camargue pourrait, à terme, devenir difficile par endroit. "Sur place, la mer se rapproche de la surface de la terre, explique le scientifique. Mais les évolutions des écosystèmes ne sont pas nécessairement des catastrophes pour les économies locales. En Camargue, ces changements seront par exemple très favorables au développement de l’aquaculture d’eau saumâtre. Si ces tendances sont anticipées, des poissons de très bonne qualité pourraient être élevés ici."

Au-delà de l'activité économique, c'est le risque de submersion de certaines zones qui inquiète particulièrement Denis Lacroix. Afin de pouvoir s'adapter au mieux aux évolutions à venir, le responsable de la prospective à l'IFREMER croit beaucoup en la modélisation. "Si j'étais maire, je commanderais des études de modélisation bathymétrique car elles permettent de rendre concrètes les évolutions à venir et d'identifier les zones à risque pour leur commune, conseille-t-il. Cela permettrait d'établir une stratégie à moyen et long terme en réduisant les coûts. Les maires pourraient alors planifier des politiques de développement l'esprit tranquille." Le message est passé.

Boris Boutet

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