GARD RHODANIEN Redevance incitative : les poubelles au cœur d’un débat électrique
Le président de l’Agglo du Gard Rhodanien poursuit son marathon de réunions publiques préalables à la mise en place l’année prochaine de la redevance incitative pour les ordures ménagères. Des réunions souvent électriques, comme ce mardi soir à Saint-Victor-la-Coste.
Ce n’est pas le sujet le plus glamour, certes, mais les enjeux sont là. Un chiffre : 273 kilos d’ordures ménagères non triées par an par habitant dans l’Agglo du Gard Rhodanien et ses 44 communes. « En 1960, c’était 65 kilos par an par habitant », rappelle le président Jean-Christian Rey en préambule, avant de marteler que le basculement vers la redevance incitative était motivé par des raisons environnementales. « On est submergés », dit-il. L’autre motivation est évidemment financière, puisque depuis 1960, « le coût de la collecte a été multiplié par vingt », précise-t-il, et ce n’est pas parti pour baisser, loin de là.
L’idée de la redevance incitative est simple, c’est le principe du pollueur payeur. « C’est un système plus équitable que la TEOM », affirme l’élu qui espère voir le volume de déchets annuel par habitant passer de 273 kilos aujourd’hui à 140 en 2024, alors que le volume de tri, les poubelles jaunes, doit quant à lui passer de 43 à 65 kilos par an par habitant à la même échéance. Car 78 % du contenu des poubelles noires peut être soit trié, soit composté.
Concrètement, chaque habitant aura son bac équipé d’une puce et paiera à la levée. Dans les habitats collectifs, ce sera avec une carte magnétique. Il y aura deux factures par an, comprenant une part fixe, avec 12 levées minimum par an, « pour éviter les dépôts sauvages », selon Jean-Christian Rey, et une variable, fonction du nombre de levées du bac. 2023 sera une année blanche, avec une facture indicative, avant la mise en place pour de bon en 2024.
L'hygiène pose question
Un système qui provoque pour le moins des interrogations, surtout sur l’hygiène. Ce mardi soir, la plupart des interventions du public venu nombreux était sur ce thème : ne sortir sa poubelle qu’une fois par mois, a fortiori par fortes chaleurs semble inconcevable pour beaucoup. « Sur la vraie problématique des biodéchets, ce sera à vous de gérer les choses, et la qualité du sac entre en compte », répondra le président sans convaincre.
De fait, vu le nombre de fois où cette question est revenue, l’élu a eu l’opportunité de préciser sa pensée et ses arguments, comme celui de ces voisins « qui s’entendent et font tourner leurs poubelles ». Comprendre dans ces propos qu’ils jettent alternativement dans la poubelle de l’un puis de l’autre pour mutualiser les levées. Il rappellera aussi qu’il y aurait « un forfait 12 levées, mais c’est vous qui allez choisir », vu que les éboueurs passeront chaque semaine et ne collecteront que les poubelles sorties. Libre à chacun de la sortir chaque semaine, à condition de payer.
Les débats se crisperont sur cette question pour devenir parfois électriques. Une personne qui réclamera une deuxième levée mensuelle gratuite sera chaudement applaudie, un autre estimera qu’avec ce système les dépôts sauvages allaient pulluler, et une autre, assistante maternelle, posera la question des multiples couches qu’elle jette tous les jours. Le président de l’Agglo lui conseillera, après un échange tendu, de compter les poubelles dans les charges qu’elle facture à ses clients, ce que l’intéressée refuse de faire. « Je comprends les difficultés, les craintes, mais il faut agir, on a tous un effort à faire », affirmera Jean-Christian Rey, avant de lancer : « Les poubelles ne sont pas gratuites ! » Et elles le seront donc de moins en moins.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Les réunions publiques sur la redevance incitative se poursuivent, la prochaine ce mercredi soir à 18 heures salle Edith-Piaf à Laudun-l’Ardoise.