Publié il y a 3 h - Mise à jour le 18.11.2024 - Stéphanie Marin - 4 min  - vu 108 fois

ARLES Chico : sa vie, son œuvre et un concert caritatif

Chico (Photo Anthony Maurin).

À 70 ans, l'Arlésien Jahloul Bouchikhi alias Chico se raconte dans un livre intitulé "Sous les étoiles gitanes, ma vie avec les gypsies", publié aux éditions Robert Laffont. 

Ce n'est pas la première fois qu'il se raconte dans un bouquin, mais cette fois-ci Chico transforme l'essai en se livrant plus intimement au fil de lignes qui retracent un parcours en dents de scie. L'homme pourtant pudique se dévoile et répond "à tous ceux qui se sont posés des questions pendant des années". "C'est un exemple d'espoir, de tolérance, de bienveillance, de résilience, de fraternité aussi", poursuit-il. Né à Arles d'une mère algérienne et d'un père marocain, Jahloul Bouchikhi - de son vrai nom - a grandi dans le quartier de Griffeuille, dans un HLM. Il a reçu la discrétion en héritage, inculquée dès son plus jeune âge. En portant des chaussons, on ne risque ainsi pas de déranger les voisins d'en dessous.

La musique gitane résonne en lui à plein "tubes"

Et puis il y a cette rencontre avec Nicolas Reyes, sa famille, son univers. La musique gitane résonne en lui à plein "tubes". Et il collaborera à plusieurs de ces tubes d'abord membre du groupe Los Reyes devenu au début des années 80, Gipsy Kings. Le collectif fait vibrer les nuits tropéziennes des années puis le monde entier
au rythme envoûtant des rumbas flamencas. Mais comme les histoires d'amour, les histoires d'amitié finissent mal en général. 

Chico est évincé des Gipsy Kings "simplement parce que j'ai osé demander des comptes pour le groupe au producteur qui ne correspondaient pas à la réalité de ce qu'on faisait." Le producteur a été condamné, toutefois la rupture est consommée. Ce qui n'empêche pas Chico à la tête du groupe éponyme de poursuivre sa carrière multipliant les rencontres les plus prestigieuses, tout en restant fidèle à ses amis de ses premières heures d'artiste parmi lesquels Brigitte Bardot.

"Cette musique est une clé qui ouvre des portes"

Des rencontres parfois surprenantes, par exemple "celle de Shimon Peres et Yasser Arafat pour le premier anniversaire des accords de paix signés à Oslo". Surprenante car elle ravive un souvenir tragique, celle de la mort de son frère aîné, Ahmed, abattu en Norvège par les services secrets israéliens lesquels pensaient avoir éliminé un terroriste palestinien. "C'est terrible. Mais 23 ans après, le destin m'a ramené à l'Unesco où j'ai joué pour ceux qui de par leurs fonctions, représentent ce pour quoi mon frère a été assassiné - c'est lui qui m'avait offert ma première guitare - et ils viennent me serrer à la main. J'ai une photo de ce moment, elle symbolise l'image du pardon", explique Chico, nommé par la suite envoyé spécial pour la paix à l'Unesco, parrainé par le commandant Cousteau.

Mission qu'on lui a confié pendant plus de 20 ans. "J'ai toujours dit que cette musique est une clé qui ouvre des portes, certaines inattendues, que ce soit pour découvrir des pays, pour rencontrer des rois, des présidents, des ouvriers..., énumère-t-il. Notre musique n'a aucune barrière, ni générationnelle, ni sociale, ni de langage. Elle est universelle, elle s'exprime avec le coeur, l'émotion dépasse la compréhension des mots." C'est finalement une vie riche d'aventures - Chico avait même emprunté un sentier politique en 2001 en ce présentant à élection municipale d'Arles, mais ça n'avait mené à rien - que l'Arlésien a écrit noir sur blanc avec cette volonté de "tout dire", insiste-t-il. 

Happy end

On apprend également sa réconciliation avec Nicolas Reyes au moment où Chico achevait l'écriture de son livre. "Je trouve ça magnifique, d'abord parce que ça me fait un happy end et puis nous ça nous a apaisés, ce n'était pas normal que cette histoire dure plus de 30 ans." Le temps lui aura finalement donné raison. "Mais ce qui est important aujourd'hui, c'est que nous sommes heureux de nous retrouver tous les deux, avec la famille", ajoute-t-il.

Rejouer ensemble "n'est pas d'actualité". Chico poursuit de son côté avec la sortie le 8 novembre dernier d'un album de chants de Noël réarrangés dans le style mythique des gypsies intitulé "Les chants sacrés de Noël" (Universal). Un nouvel opus qui s'accompagne d'une tournée dans les églises et cathédrales un peu partout en France - le 11 décembre à la basilique du Sacré-Coeur à Marseille, par exemple - avec une formation guitares, piano, violon. "Ça prend un sens incroyable, une dimension magnifique dans ce cadre sacré empreint de spiritualité. C'est encore un exemple œcuménique que je montre", se réjouit-il. La preuve s'il le fallait que le livre est toujours ouvert, "tous les soirs je me couche et tous les jours je me lève en remerciant le seigneur". "Nous sommes des privilégiés, nous vivons de notre passion."

Un concert caritatif à Nîmes

Le guitariste arlésien et ses compagnons de route feront une halte à la Smac Paloma à Nîmes, ce mardi 19 novembre à l'occasion d'un concert caritatif organisé par le Barreau de Nîmes. En 2023 déjà Chico avait répondu aux sollicitations de la bâtonnière Khadija Aoudia, pour aider les enfants turcs victimes du terrible séisme survenu en février. "Son engagement, son investissement correspondait complètement à mes valeurs. Naturellement j'avais répondu présent. Et puis à Nîmes, j'adore Nîmes, j'y ai de très bons souvenirs, quand je faisais Mosaïque Gitane à l'époque de Jean Bosquet, c'était magnifique", se souvient-il. Chico sera donc de retour dans la capitale gardoise à la veille de la journée internationale des droits de l'enfant. Tous les fonds collectés seront reversés aux associations Unicef, Alphe et Aspie Family. Entrée : 10€. Billetterie en cliquant ici

Stéphanie Marin

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