ARLES L'association Petit à petit fait vivre le quartier de Griffeuille
Arrivée à Griffeuille au gré de rencontres, l'association Petit à petit fait désormais partie intégrante de la vie de ce quartier prioritaire de la ville d'Arles.
Cela fait bientôt 23 ans que l'association Petit à petit a vu le jour à Arles avec la volonté de "développer des actions de lien social dans les quartiers sur les thématiques du vivre-ensemble, du partage de nos différences, de la rencontre interculturelle", raconte Anne Drilleau, la directrice. Arrivée par hasard à Griffeuille, l'association qui a pour leitmotiv "coopérer pour vivre ensemble" a progressivement évolué au rythme du quartier et des rencontres. Tout en refusant le système d'assistanat, lui préférant des actions qui "restaurent la responsabilité des uns et des autres", Petit à petit travaille sur trois axes majeurs.
Des jardins partagés pour les habitants du quartier
Il y a tout d'abord les jardins partagés, créés en 2012. L'association disposait du savoir-faire mais n'avait pas de terrain. Après plusieurs demandes auprès de la mairie, le bailleur du quartier de Griffeuille a contacté ses membres pour leur proposer de lancer le projet sur ses terrains. C'est ainsi que 4 000 m2 de terrain ont été transformés en jardin potager en plein milieu des immeubles.
Soixante-deux habitants ont un jardin particulier. Un espace collectif est également accessible à tous les habitants, ainsi qu'aux écoles ou aux associations. "Au début, les gens disaient que cela ne marcherait jamais, que ça serait vandalisé. Mais en réalité, comme nous avons tout fait avec les habitants c'est devenu leur truc, il n'y a jamais eu aucun problème", se réjouit Anne Drilleau, douze ans plus tard. Les jardiniers ont même désormais leur propre association nommée Les semeurs du partage. "Nous faisons des barbecues l'été dans la partie collective, cela met de la vie dans le quartier, souvent cité par la presse pour le narcotrafic", confie une habitante.
La cuisine de Griffeuille, un lieu de vie et de découvertes
C'est ensuite une rencontre avec la fondation Luma qui a accru l'implantation de l'association à Griffeuille. "Des membres de la fondation étaient venus voir comment on travaillait car ils venaient d'arriver et ils souhaitaient faire du lien avec les quartiers environnants. Ils nous ont donc proposé un projet autour de la cuisine", poursuit la directrice. L'association a donc lancé une société coopérative d'intérêt collectif, qui compte désormais une vingtaine de coopérateurs, afin de créer La cuisine de Griffeuille. Installé au 14 rue Président J.F Kennedy, ce tiers-lieu accueille la cuisine des lundis, qui est un restaurant ouvert tous les lundis midi. Petit à petit met ainsi en avant des entrepreneuses qui ont obtenu leur Cap cuisine grâce au programme Des étoiles et des femmes, que l'association coordonne par ailleurs.
Des chefs cuisiniers membres de ce programme viennent aussi cuisiner avec leurs anciennes élèves. "L'objectif est vraiment de faire en sorte que les gens reviennent dans le quartier, de décloisonner une ville qui est malgré tout fracturée", souligne Anne Drilleau. Des partenariats sont également passés avec des organismes sociaux afin de faire venir des personnes qui ne viendraient pas d'elles-mêmes dans un restaurant. Un repas coûte 12 euros, mais les clients le souhaitant peuvent donner un petit peu plus afin de permettre aux personnes en difficultés de bénéficier d'un prix solidaire à hauteur de 4 euros. La cuisine du lundi fait sa rentrée lundi 23 septembre avec un plat afghan proposé par le chef Ahmadi, habitant du quartier.
La cuisine de Griffeuille se transforme le reste de la semaine en un lieu de vie ouvert aux habitants du quartier avec des ateliers cuisine, poterie, slam, bien-être, des cours de français, des soirées ado, de l'aide administrative et numérique ou encore de l'aide aux devoirs. Durant le week-end, elle est mise à disposition de cuisinières indépendantes, souvent issues du dispositif Des étoiles et des femmes.
Outre ces actions en faveur du vivre ensemble, Petit à petit a également créé en 2019 une filière de compostage de proximité avec plusieurs partenaires et anime dans ce cadre des ateliers de sensibilisation. Il faut noter que l'association est reconnue organisme de formation et effectue plusieurs missions auprès d'entreprises publiques ou privées, de salariés, de collectifs de citoyens ou encore d'associations. C'est dans ce cadre qu'elle coordonne le dispositif Des étoiles et des femmes sur le Pays d'Arles en partenariat avec France Travail et le Greta Cfa Provence.