ARLES Le festival Off sort du cadre avec La Kabine
Florent Basiletti et Juliette Larochette, co-fondateurs avec Rosalie Parent de La Kabine à Arles, sont de la génération Voies Off. Ils s'inscrivent dans les traces de cette association disparue en 2021, s'autorisant tout de même un pas de côté.
Diplômés de l'École nationale supérieure de la photographie d'Arles, Juliette Larochette et Florent Basiletti ont créé en 2021, avec Rosalie Parent, La Kabine. L'association met en lumière la photographie et bien au-delà, l'image au sens large, très souvent en lien avec d'autres disciplines artistiques. Promotion et accompagnement d’artistes émergents, création de résidences longues, expositions et événements culturels, font partie des missions menées par la structure bien ancrée dans son territoire, au plus près de sa population.
"Il y a eu d'autres initiatives depuis, qui n'ont jamais perduré. Et ça manque !"
Calqué sur leur projet mené depuis trois ans - six artistes accompagnés dans ce laps de temps - un nouveau pari, celui de relancer le festival off des Rencontres d'Arles. Le duo âgé de 28 ans, a suivi de près le travail engagé par Voies Off. L'association s'est éteinte en 2021, faute de moyens financiers. "Il y a eu d'autres initiatives depuis, qui n'ont jamais perduré. Et ça manque !", regrette Florent. Un constat partagé entre les murs de La Kabine. En seulement cinq mois, il a fallu trouver les budgets, les partenaires - dont la Ville d'Arles, entre autres - les lieux d'exposition, élaborer un programme...
À coeur vaillant, rien d'impossible. Prenant leur courage à quatre mains, et bien plus encore puisque de nombreuses personnes les accompagnent dans cette aventure, ils ont construit, associés à Fisheye, un Off à l'équilibre entre fondamentaux et nouveautés. De nombreux événements seront organisés gratuitement, dès la semaine d'ouverture des Rencontres d'Arles et se poursuivront jusqu'au 29 septembre : des rencontres, des conférences, des projections de films photographiques, des lectures de portfolio, des ateliers dans la cour du palais de l'archevêché, des expositions présentées jusque dans des lieux insolites, des maisons, des garages, des hôtels particuliers, les jardins de la Verrerie d'Arles, un ancien bureau de poste etc. Un programme papier sera prochainement édité et accompagné d'une application à télécharger : InPhoto Festival.
Dans le fond comme dans la forme, ce festival en lien et complémentaire avec le In(*), se veut engagé. D'abord parce qu'il ouvre la réflexion sur la place et la responsabilité de la photographie et l'image plus généralement, à l'ère des réseaux sociaux, de l'Intelligence artificielle. Ensuite parce que la découverte et le soutien d'artistes émergents fait partie de son ADN. "Photographe est aujourd'hui un métier ultra précaire, le salaire moyen mensuel varie entre 400 et 500€", précisent Florent et Juliette. À travers ce festival, la volonté est d'offrir une visibilité aux galeries, photographes et artistes grâce à des supports de communication.
De les aider jusqu'à leur mettre un lieu d'accueil à disposition, dans l'ancien hôtel-restaurant Le Printemps. "Nous voulons en faire un lieu de vie et de détente ouvert à tous, de rencontres entre professionnels. Et, parce que nous connaissons trop de photographes qui dorment dans leur voiture et ne mangent pas correctement lors du festival, nous pensons en faire dès l'année prochaine une cantine solidaire en collaboration avec l’association Petit à Petit", indiquent les co-fondateurs de La Kabine. Soutenue par la Fondation Transdev, cette association permet à des femmes éloignées de l’emploi et vivant dans les quartiers sensibles, de suivre une formation culinaire qualifiante d’exception aux côtés de grands chefs. Autre projet, toujours sur le volet social, s'ouvrir aux quartiers lors des prochaines éditions.
Photojournalisme et révélation
En collaboration avec la Fondation Manuel Rivera-Ortiz, la Fondation Carmignac et Dysturb, et comme cela existe à Paris et San Francisco, La Kabine organisera la Nuit du photojournalisme le 4 juillet à l'Archevêché. Le lendemain, le 5 juillet, marquera le retour du prix Révélation orchestré par l'association arlésienne et la SAIF. "Nous avons reçu plus de 450 candidatures d'artistes émergents, souligne Juliette. 31 ont été retenues. Le lauréat recevra un chèque de 2 000€, puis 3 000€ seront répartis entre les 30 finalistes restants."
Le petit plus du festival off
La Kabine compte parmi ses partenaires l'entreprise Royal Canin. C'est à travers ce partenariat qu'est née l'idée d'établir un parcours "pet friendly" avec la participation de nombreuses galeries arlésiennes.
*"Quel plaisir de voir à quel point le In et le Off sont si complémentaires et permettent d'appréhender toute la diversité des approches autour de l'image", peut-on lire dans l'édito signé Christophe Wiesner, directeur Les Rencontres d'Arles et Aurélie de Lanlay, directrice adjointe.