FAIT DU SOIR À Aimargues, l'hommage à Fanfonne sous la pluie
Aujourd’hui, comme tous les premiers dimanches de mars, avait lieu à Aimargues l’hommage à Fanfonne Guillierme, la "Grande Dame de Camargue". Pas de chance, la pluie a joué la convive indésirable et a trempé les participants jusqu’à l’os.
Annulera, n’annulera pas… Jusqu’au dernier moment, le suspense était à son comble pour les habitants d’Aimargues et autres afficionados des manifestations taurines en Camargue. Malgré la pluie battante et le vent glacial, le 35e hommage à Fanfonne Guillierme a bien eu lieu, comme tous les premiers dimanches de mars depuis le décès de la Grande Dame de Camargue. C’est un événement important sur ce territoire, d’autant plus qu’il lance traditionnellement la saison des manifestations taurines de la région.
« Il fait beau hein ! » plaisante, un peu dépitée, une Arlésienne venue pour défiler. Il est 8h30, l’heure à laquelle les festivités devaient commencer, mais les membres du cortège tentent encore tant bien que mal de protéger leurs beaux costumes de la raisso. « De toute façon, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, la tradition, c’est la tradition », se motive un manadier. Et c’est avec un peu de retard sur le programme que le défilé se met en route dans les rues d’Aimargues, avec malheureusement peu de spectateurs pour les acclamer.
La procession arrive alors jusqu’à l’église Saint-Saturnin, l’une des seules de France à posséder la devise française, Liberté, Égalité, Fraternité, inscrite sur sa façade. Là les attendent l’évêque du Gard, Monseigneur Nicolas Brouwet, mais également Sa Majesté la Reine d’Arles Camille Hoteman, Nicolas Meizonnet, député du Gard, les sénateurs Laurent Burgoa et Vivette Lopez, les conseillers départementaux Laurence Barduca et Robert Crauste, et le maire d’Aimargues, Jean-Paul Franc. Les bancs sont décorés de décorations jaunes et bleues, aux couleurs de la manade de Fanfonne Guillierme. La messe dite « des gardians » comporte quelques passages en provençal.
« Une bénédiction bien arrosée »
Alors que retentissent les derniers chants religieux, l’assemblée en costumes prend le temps de poser pour les photographes amassés sur le parvis, bien protégée sous les parapluies. Tous rejoindront ensuite la place du Château, où les attendent les gardians venus assister à la bénédiction de leurs chevaux par l’Évêque. Après quelques prières, ce dernier procède à l’aspersion des équidés avec l’eau bénite.
« Une bénédiction bien arrosée », plaisante le maire, qui sous la pluie toujours battante annonce l’annulation de son discours et de la course camarguaise prévue aux arènes dans l’après-midi. Jean-Paul Franc et la Reine d’Arles prendront tout de même le temps de déposer une gerbe de fleurs, jaunes et bleues toujours, aux pieds et pattes de la statue de Fanfonne Guillierme et de son cheval Prince, accompagnée de ses deux Bious d’or Galapian et Segren.
La Grande Dame de Camargue
Antoinette Guillierme, que l’on connait mieux sous son nom de Fanfonne, née en 1895, était une manadière de renom. Passionnée de bouvine et des traditions camarguaises, elle se fera un nom grâce à sa témérité et à la qualité de ses taureaux. Plusieurs d’entre eux remporteront des prix, dont les deux Bious d’or, un trophée taurin qui récompense le meilleur cocardier (une race bouvine camarguaise) de la saison. C’est également celle que l’on appelle la Grande Dame de Camargue qui fera reconnaître le cheval de Camargue comme race pure par les Haras nationaux en 1968.
Les festivités se terminent avec deux abrivados, dont une menée exclusivement par des femmes en hommage à Mademoiselle Fanfonne, et une roussataïo qui met en avant juments et poulains. Néanmoins, peu de spectateurs ont eu le courage de rester voir le spectacle, préférant soit l’abri de leurs véhicules stationnés le long des boulevards, soit les bars voisins. Heureusement, l’apéro est une tradition qui se pratique aussi à l'intérieur !