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Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 03.05.2024 - Gil Lorfèvre - 4 min  - vu 908 fois

FAIT DU JOUR Nemoscan : tout est une question d’image

Sébastien Saint-Germain (à gauche de la photo) accompagné d’une partie de son équipe ainsi que du docteur Julien Lacroix.

- © Gil Lorfèvre

Trente-sept ans après sa création, le centre d’imagerie médicale de Nîmes est devenu un acteur incontournable du secteur de la santé dans le Gard.

Le 9 avril 2024, le centre d’imagerie médicale Nemoscan inaugure dans un bâtiment attenant aux urgences de la polyclinique Grand Sud à Nîmes un nouveau scanner, le cinquième pour la société nîmoise. Cette dernière a été créée en juin 1987 par une poignée de radiologues locaux désireux à l’époque d’installer l’un des tout premiers scanners dans la cité des Antonin.

Trente-sept ans plus tard, Nemoscan est devenu un acteur incontournable de l’imagerie médicale en région avec quatre sites sur Nîmes (*) rassemblant un total de onze équipements : cinq scanners et six IRM (Imagerie par résonance magnétique). « En 2023, nous avons accueilli un peu plus de 86 000 patients, indique Sébastien Saint-Germain, le directeur de la structure gardoise en charge également de la gestion d’Imagerie du Var à Toulon. Et nos prévisions pour 2024 font état de près de 95 000 patients. Ce chiffre est croissant depuis plusieurs années maintenant. »

En 2021, la société Nemoscan, qui compte une soixantaine de salariés et près de trente radiologues partenaires – soit la totalité des radiologues privés de Nîmes -, a été rachetée par le groupe de cliniques Elsan, premier acteur privé de santé en France. « Ce rachat a permis d’accompagner les projets des cliniques nîmoises avec notamment l’achat d’équipements lourds et de belle facture. »

Il faut dire qu’acquérir un appareil d’imagerie médicale coûte cher. « Le prix moyen d’achat d’un scanner est d’environ 400 000 €, auquel il faut ajouter le coût des travaux d’installation qui oscille entre 500 000 et 600 000 € », précise Sébastien Saint-Germain. Et la note est encore plus salée quand il s’agit de s’équiper d’une IRM qui, faut-il le préciser, peut produire des images plus détaillées des tissus et des organes que le scanner. Une machine coûte en moyenne 1 M€, somme à laquelle s’ajoute la facture des travaux d’installation qui, elle, est estimée entre 1 et 1,5 M€. « L’IRM a l’avantage d’utiliser une technologie qui permet une précision supérieure à d’autres techniques d’imageries médicales, et cela sans danger pour l’organisme. »

Une nouvelle IRM en juillet

D’ailleurs à ce titre, Nemoscan, dont le chiffre d’affaires 2023 est estimé à près de 10 M€, inaugurera en juillet prochain une IRM 3 Tesla, la Rolls Royce de l’imagerie médicale qui possède, entre autres, un système à hauts champs magnétiques permettant des diagnostics plus précis notamment en matière d’oncologie et de neurologie. « Notre objectif est d’apporter la meilleure prise en charge à nos patients. Par conséquent, ce type de machine va permettre à la fois de répondre à une demande croissante pour ce type d’examen et de réduire dans le même temps les délais d’accès », souligne le directeur de la structure nîmoise.

Ce nouvel équipement lourd de dernière génération fait l’objet d’un investissement d’un peu plus de 3,10 M€, travaux compris. « L’amortissement de nos machines se fait sur une période de sept ans, explique Sébastien Saint-Germain. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire estime que c’est la durée de vie d’une machine. » Que deviennent alors ces scanners et autres IRM usagers une fois sortis du circuit médical français ? « Généralement, ils sont repris par le fabricant qui les reconditionne et les revend ensuite à des pays de l’Est ou aux États-Unis où l’achat et l’utilisation de machines d’occasion sont autorisés, contrairement à la France. »

Colère autour de la tarification

Malgré leurs bons résultats, les responsables de Nemoscan sont aujourd’hui inquiets après les annonces faites par le gouvernement ces dernières semaines de revaloriser les tarifs des hôpitaux privés de 0,3 % contre 4,3 % pour les établissements publics. « Cette décision nous impacte de plein fouet, assure Sébastien Saint-Germain. Car Elsan, qui comme toutes les structures médicales doit faire face à l’inflation, va perdre sa capacité à investir. » Et pour le patron de Nemoscan, la situation est d’autant plus critique que « c’est tout le système de santé qui va pâtir de cette décision car je le rappelle les structures privées accueillent à ce jour 35 % des patients alors qu’elles ne perçoivent que 18 % du budget de la Santé. »

Cette décision lourde de conséquences, notamment pour les centres d’imagerie médicale privés qui évoluent dans un milieu très contraint, fait suite « à vingt ans de baisse de nos tarifs ! » La tarification est dégressive en fonction du nombre de patients. Il faut savoir que pour Nemoscan, le forfait technique est dans la très grande majorité remboursé au prix plancher de 26 euros.

Malgré ces turbulences financières, Nemoscan continue à mener une réflexion sur l’accompagnement des besoins du territoire en matière de santé, notamment au vu des flux migratoires et de la hausse régulière du nombre d’habitants sur le département. Jusqu’ici, la société nîmoise était prête à investir dans d’autres projets concernant « l’installation d’équipements lourds dans d’autres villes gardoises qui en auraient besoin ». Seulement, pour cela il faut obtenir des autorisations d’exploitation émanant de l’ARS (Agence régionale de santé), laquelle pour l’instant n’a nullement l’intention d’en accorder de supplémentaires à Nemoscan, ailleurs que sur Nîmes.

(*) Des sites localisés au sein de la clinique Grand Sud bâtiment le Méridien, de la clinique des Franciscaines, de l’institut de cancérologie du Gard au CHU et de la clinique Valdegour inaugurée en juin 2023.

Le groupe Elsan

Le groupe Elsan, dont le siège social est à Paris, gère actuellement 140 cliniques en France et 48 centres d’imagerie médicale répartis dans vingt départements. Ces centres, dans lesquels interviennent un peu plus de 300 radiologues libéraux partenaires, regroupent 81 équipements - dont 44 IRM et 37 scanners - et accueillent au total un peu plus de 2 millions de patients par an.

Gil Lorfèvre

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