FAIT DU JOUR À Marguerittes, la Maison bleue cachait un trésor
Le bâtiment, qui a été détruit ces derniers jours, abritait des vestiges de la chapelle Saint-Pierre. Une arche, une croix discoïdale, un escalier et des dalles ont déjà été trouvés. Pour la ville de Marguerittes, ce sont des découvertes majeures et ce n’est peut-être pas terminé.
Cette histoire commence par un grand bruit. Nous sommes dans la nuit du 26 au 27 mars dernier et la toiture de la Maison bleue (un nom lié à la couleur de sa façade) vient de s’effondrer. Le bâtiment, niché en plein cœur de la ville, appartient à la commune et il est inhabité depuis plusieurs décennies. Insalubre, il subit les outrages du temps et il est voué à la destruction. En ce début de printemps, la chute de la toiture accélère le processus. Sa disparition donne un peu plus de visibilité à la chapelle Saint-Pierre, restaurée il y a quatre ans. L’ancienne église paroissiale du XIIe siècle a en partie été détruite par les Protestants, lors des guerres de religions au XVIe siècle.
Une croix, une arche, un escalier, des dalles et ce n'est pas fini
Une fois la Maison bleue mise en sécurité et désamiantée, le grignotage a débuté en septembre, impliquant l’interdiction de stationner et de circuler aux abords. Mais au fur et à mesure que disparait ce bâtiment de 80 mètres carrés et haut d’un étage, des trésors insoupçonnés se dévoilent. Certes, la municipalité s’attendait à retrouver des vestiges, mais pas en si grande quantité et d’une telle valeur patrimoniale. « On a trouvé une belle croix discoïdale en pierre. D’après les experts, c’est relativement rare dans la région. On a aussi découvert une arche apparente qui est la continuité de l’intérieur de la chapelle, mais aussi un escalier qui montait à la chaire. Il y a également les dalles qui sont les mêmes qu’à l’intérieur de l’église, et elles laissent penser qu’il y a des caveaux. On est comme des gamins », s’enthousiasme Rémi Nicolas, le maire de Marguerittes.
« C’est un lieu qui pourrait être visité par le public. »
Rémi Nicolas, le maire de Marguerittes.
C’est désormais aux archéologues de prendre le relais : « On a saisi l’architecte des Bâtiments de France, le service des Monuments historiques et la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles, NDLR) pour que l’on puisse enclencher le processus des fouilles à l’extérieur et à l’intérieur », souligne le premier édile. Puis, viendra le temps de la gestion de ce patrimoine et Remi Nicolas imagine déjà le futur : « L’idée est de mettre en valeur de beaux vestiges et de projeter une mise en scène qui va revaloriser le cœur de l’édifice. C’est un lieu qui pourrait être visité par le public. il y a une attractivité touristique certaine. » Les Marguerittois qui espéraient un parking à la place seront déçus.
Un coût de plusieurs centaines de milliers d'euros et des financements à trouver
Mais si le projet est passionnant, il n’est pas gratuit. « La destruction de la Maison bleue nous a coûté 130 000 €, alors que le budget initial était de 100 000 €. Mais il a fallu générer le désamiantage. Nous ne connaissons pas encore le coût de la valorisation des vestiges, mais nous serons évidemment à plusieurs centaines de milliers d’euros et j’espère que nous serons en capacité à mobiliser les financements des services l’État et notamment de la DRAC », abonde la maire de Marguerittes. Au fil du temps, la Maison bleue a été endommagée, mais elle a aussi un peu préservé les vestiges. Du fond des temps, la chapelle Saint-Pierre délivre des morceaux de l’histoire de Marguerittes et elle n’a peut-être pas fini de réserver des surprises.