NÎMES Connaissez-vous la ville contemporaine ?
« L’architecture est le moyen par lequel nous pouvons donner forme à notre monde » disait Zaha Hadid.
Nîmes est depuis vingt siècles une ville de bâtisseurs. Patrimoine antique et patrimoine contemporain se font face dans un dialogue temporel dans lequel vous allez vous immerger. La Nîmes contemporaine, c’est la rencontre entre une ville et des créateurs.
Artistes et architectes ont inscrit leur passage dans la trame urbaine de la ville.
Face aux Arènes, le Musée de la Romanité réunit les collections archéologiques de la ville ainsi qu’un jardin archéologique méditerranéen.
Sobre, légère et épurée, l’architecture contemporaine imaginée par Elizabeth de Portzamparc dialogue avec l’architecture antique. La façade en verre sérigraphié est pensée pour être vue comme légère, en contraste avec la pierre de l’amphithéâtre romain qui lui fait face.
La façade et ses 6 708 carreaux de verre permettent, par des ouvertures, de laisser s’entrevoir l’urbanisme et l’architecture de la ville. Celle-ci a été posée manuellement sur un bardage en inox ondulé qui enveloppe, sur les quatre faces, les 2500 mètres carrés du musée. Le bâtiment est traversé par les vestiges de l’enceinte romaine et dispose en son cœur d’un escalier à double révolution donnant accès aux différents étages du musée.
Et connaissez-vous l’église Notre-Dame du suffrage et Saint-Dominique ? Cette église est bâtie en 1964 d’après les plans de l’architecte nîmois Joseph Massota (1925-1989).
Elle est le résultat d’un dialogue continu entre Massota et l’abbé Benoît, chargé du suivi du projet et futur prêtre de l’église. L’église est implantée sur un terrain situé entre les quartiers du Chemin-Bas d’Avignon et du Clos d’Orville. Elle est imaginée comme un lien symbolique fort entre ces deux nouveaux quartiers et leurs habitants.
Grand admirateur du Corbusier et spécialiste du béton armé, Massota conçoit, avec l’entreprise Portal, un bâtiment en béton prenant la forme d’une amande, rappelant l’idée d’une barque qui fend les eaux. Cette forme se distingue dans son environnement car elle s’oppose alors aux constructions voisines. Les murs extérieurs sont faits de modules de béton préfabriqués en forme d’hexagones posés en quinconce donnant à la façade un aspect de résille.
Les intervalles sont fermés par des verres colorés qui laissent passer la lumière.
Le bâtiment est organisé sur deux niveaux. Sous une charpente en bois, une grande nef qui se déploie en forme d’hémicyle autour de l’autel occupe l’étage. Massotta fait appel à des artistes nîmois pour le mobilier et le décor.
La sculptrice Paule Pascal a réalisé le bénitier ainsi que le baptistère en béton. Elle a utilisé le même matériau pour les 16 panneaux moulés du chemin du Rosaire dans la galerie-cloître au rez-de chaussée. Les vitraux aux teintes douces du baptistère sont signés Dominique Gutherz. À chacune des extrémités du bâtiment on retrouve une résille de verres colorés réalisée par Jean Gineyts. Le rez-de-chaussée est occupé par une salle de réunion, une chapelle et trois galeries couvertes rappelant l’idée d’un cloître avec ses arbres plantés. L’église est protégée au titre des monuments historiques depuis 2002 et elle est labellisée Architecture contemporaine remarquable. Des travaux de restauration ont été menés en 2018 par l’architecte Éric Grenier.
L'hommage à Camus bâti en 1986, ça vous parle ? Bernard Pagès réalise cette sculpture verticale, sur le thème des grands hommes, dans le cadre d’une commande générale du Fonds national d’art contemporain qui en fera dépôt à la ville de Nîmes. Elle est installée sur la place Hubert Rouger en 1988.
Composée alternativement de blocs réguliers de béton et de masses de calcaire bosselé tournant autourd’un axe, la sculpture de 5,50 m fait référence à la colonne, un thème très présent dans l’œuvre de l’artiste dès le début des années 1980. Aucune face n’est privilégiée, le spectateur est invité ainsi à faire le tour et à participer ainsi à la rotation de l’œuvre. Des carreaux de faïence bleue évoquent la Méditerranée, chère à Albert Camus, né en Algérie.
Et la Place d’Assas et ses symboles ? Cette place porte le nom d’un chevalier, né au Vigan, qui s’est illustré lors d’une bataille en Allemagne au XVIIIe siècle. Deux monuments se côtoient à l’ouest de la place. L’un, conçu par Martial Raysse, est dédié au chevalier d’Assas et aux héros morts pour la France.
L’autre, érigé à la mémoire d’Ernest Denis, historien nîmois reconnu pour son rôle dans l’indépendance de l’ancienne Tchécoslovaquie. La place a été créé en 1988.
La construction d’un parking souterrain oblige la municipalité à décider son réaménagement en 1988. Le projet, confié à Martial Raysse, s’inscrit dans le plan d’embellissement des places publiques du site patrimonial remarquable (SPR).
Martial Raysse choisit de laisser beaucoup d’espace libre pour la déambulation des passants. Ses sculptures de pierre et de bronze, qui animent et structurent la place, évoquent les origines de Nîmes - Nemausus et Nemausa, un principe masculin et un principe féminin - tandis que des symboles ésotériques invitent à une lecture philosophique.
La Place du Chapitre ? Cette place est réaménagée par les architectes français Dominique Pierre et Philippe Ghezzi en 2007. Située au cœur du centre historique, son réaménagement a pour objectif de valoriser la qualité architecturale des bâtiments anciens qui entourent la place et de créer un cheminement piéton de la cathédrale et du musée du Vieux-Nîmes (ancien palais épiscopal) vers la chapelle des Jésuites et l’ancien collège qui abrite aujourd’hui le musée d’Histoire naturelle et de Préhistoire.
Un long plan incliné et sinueux, caché par les bassins de la fontaine organisée en terrasses, permet de franchir agréablement la différence de niveau entre la place du Chapitre et la place aux Herbes.
Une mise en lumière soulignant l’architecture classique de l’ancien palais épiscopal et un éclairage indirect des différents espaces piétons proposent un nouveau regard sur l’espace en nocturne.
En 1984… Le « Signal » de Takis est positionné sur la place de la Calade. Cette sculpture est réalisée en 1984 par l’artiste grec Vassiliakis Takis. Au sommet d’une longue tige de 8,40 mètres de haut, entourée d’une spirale, le tout en métal, deux cercles rouge et vert évoquent des feux de signalisation.
Vassilliakis Takis, arrivé en France en 1954, est fasciné par le paysage technologique de la gare de triage de Calais. Il crée dès cette époque des signaux. L’artiste y figure un récepteur-émetteur d’énergies secrètes. Celui-ci est l’un des prototypes préfigurant les signaux du bassin de la Défense, à Paris.
La ville de Nîmes s’est vu offrir l’œuvre en 1989 par un mécène privé passé par l’intermédiaire de la Job School de Nîmes, une école de vente. Le signal de Takis a su trouver sa place dans le cœur de ville, en face du théâtre Bernadette-Lafont, sur la place de la Calade.
Le bas-relief, situé sur l’ancienne Maison de l’agriculture (actuellement le Conseil départemental du Gard), 9 rue Bernard-Aton, est une commande de Joseph Massota à la sculptrice Paule Pascal.
Reprenant avec une rigueur géométrique le thème des moissons et des récoltes, on y voit représentés des vignes, des arbres fruitiers et des cueilleuses de fruits d’inspiration antique. Cette composition de grande dimension est créée avec de la pierre du Pont du Gard, coquillée jaune et claire. L’usage de cette pierre est directement inspiré des travaux de l’artiste, architecte et artisan Armand Pellier qui l’a utilisée dans l’ensemble de sa production.
À côté d’Armand Pellier, le sculpteur Marcel Gimond a beaucoup influencé le travail de Paule Pascal. Encouragée à l’expression artistique dans les ateliers de ces artistes majeurs du XXe siècle au niveau régional, Paule Pascal traite la pierre en taille directe et sculpte sur le chantier, de manière abstraite et brutaliste. Elle fait ainsi un lien entre la sculpture et l’architecture.
En 1987, en haut de l’Avenue Carnot, l’Abribus a été créé et mis en scène. Ce mobilier urbain surprenant est une réalisation du designer français Philippe Starck, sur commande publique, qui participe de la volonté de donner un aspect moderne et vivant aux espaces à proximité du centre historique.
Cet abribus de marbre fait le lien entre histoire et urbanisme contemporain. On y retrouve l’emblème de la ville : le palmier et le crocodile dont le corps est évoqué par le grand cube reposant sur quatre sommets, la queue et le cou sont représentés par la ligne de cubes au sol. Philippe Starck dessine également les bancs en fonte d’aluminium ainsi que l’éclairage qui entourent les platanes le long de l’avenue.
De nombreuse autres monuments, bâtiments et structures sont à découvrir en flânant au gré des ruelles nîmoises. Si vous vous aventurez au sud en prenant le bus qui va jusqu’au Parnasse, vous verrez ce que les Nîmois appellent le Colisée.
Cet ensemble de logements et de bureaux est une construction des architectes japonais Kisho Kurokawa et Mieko Inoue. Situé sur un rond-point du boulevard périphérique, il marque l’entrée sud de la ville.
Outre l’évocation des arènes antiques, l’architecte a voulu en faire une métaphore de la ville faite de béton et de verre. L’immeuble s’élève sur huit niveaux et suit le tracé de cinq demi-cercles, chacun symbolisant un aspect de la ville : des arbres symbolisent la nature, la première passerelle piétonnière la notion de lien, les immeubles de bureaux l’industrie, la seconde passerelle piétonnière les activités culturelles et commerciales de la ville, et la partie résidentielle l’habitat.
En 2019, le bâtiment initial a connu une extension sur le secteur surnommée « Colisée III », le projet a été porté par les nîmois Gilles Cusy et François Clavel et héberge les services de Nîmes métropole. Il abrite, sur 2500 mètres carrés, un hémicycle, quatre salles de réunion et 32 bureaux.