NOS BELLES MAIRIES La deuxième vie du presbytère de Saint-Siffret
Nous nous sommes tous déjà rendus en mairie pour rencontrer un élu, inscrire les enfants à l'école, ou déposer un permis de construire... Au-delà de leurs missions de service public, certains édifices présentent une architecture remarquable ou témoignent de l'histoire locale. Cet été, tous les mercredis, Objectif Gard vous fait découvrir les plus belles mairies du département. Aujourd’hui, cap sur Saint-Siffret.
Petite commune de 1 100 âmes à côté d'Uzès, Saint-Siffret recèle de belles propriétés et de pittoresques ruelles. Certaines maisons ont été creusées à même la roche. En face, de l'autre côté de la route, se dresse la mairie. Elle a pris pour écrin un bâtiment datant de 1750, un presbytère à l'origine. Il avait été construit après une visite de l'évêque Poncet en 1715. "Je trouve cela amusant cette transformation bien après la loi de séparation de l'Église et de l'État", commente Nathalie Fabie, première adjointe du village.
La mairie était avant située place du Four. Comme son nom le laisse penser, le rez-de-chaussée était occupé par un four qui permettait de cuire le pain des villageois. Le transfert a eu lieu en 1981. "L'ancienne mairie était vraiment obsolète. Les jours d'élection, tout le monde ne pouvait pas rentrer. La rambarde risquait de s'écrouler", se remémore le maire, Dominique Vincent. Élu à la tête du village depuis 35 ans, c'est sous son mandat qu'ont été impulsés les travaux de réhabilitation de ce nouvel édifice. Il a confié la tâche à l'architecte Ariel Balmassière, connu pour avoir grandement oeuvré pour la rénovation d'Uzès et de son secteur sauvegardé.
"On a quasiment refait la mairie à l'identique"
Pour mener à bien le chantier, il s'est appuyé sur le projet architectural initial datant de 1750, rédigé dans une cinquantaine de pages, parfaitement bien conservées. "Tout est détaillé pierre par pierre. On y trouve la couleur des volets, la taille des carreaux de terre cuite... On a quasiment refait la mairie à l'identique", assure le maire.
Les voûtes en pierre ont été conservées, sauf une qui a été cassée pour construire un ascenseur, un des premiers de l'Uzège, permettant de rendre tous les niveaux accessibles. Même les plafonds à la française d'origine ont été gardés après avoir été traités. De même pour les cheminées et l'ancien escalier encore visible. Seul changement : le potager a laissé place à un joli jardin arboré où trône notamment un pommier du Japon.
"J'ai une vue extraordinaire"
Les services accessibles au public se situent au rez-de-chaussée. Le deuxième étage abrite les archives. La salle du conseil municipal et le bureau du maire sont au premier. De sa fenêtre, Dominique Vincent peut observer l'église romane datant de la fin du XIIe siècle, inscrite aux Monuments historiques. Le matin, l'édifice est baigné de soleil : "J'ai une vue extraordinaire", concède le premier magistrat. On peut distinguer derrière la commanderie, aujourd'hui devenue une propriété privée. Un de ses vestiges a été récupéré et est exposé dans le couloir d'accueil, au rez-de-chaussée de la mairie. Il s'agit d'une magnifique clé de voûte, sculptée aux armoiries d’un ancien évêque d’Uzès.
Vivre dans les vieilles pierres, le maire en a l'habitude. Il s'y est accoutumé depuis. Mais il a toujours tenu à restaurer la mairie, à préserver ce patrimoine, plutôt que de construire un bâtiment neuf à l'extérieur du village. "On a la chance d'avoir un maire attaché aux vieilles pierres. ll préfère attendre que de goudronner", conclut sa première adjointe.