L'édifice, datant du XIXe siècle, est emblématique de la ville, visible depuis le pont enjambant le Rhône. Il aurait d'ailleurs été bâti pour faciliter l'acheminement des marchandises lorsque le port spiripontain était très actif. En 2013, il a été fermé pour des questions de sécurité. Les pierres sont très abîmées par les effets du temps mais aussi par l'humidité et le ruissellement des eaux de pluie. Sans oublier les bombardements survenus en 1944 qui ont pu altérer sa solidité. 

Un grand programme de rénovation est alors lancé pour rendre sa splendeur à cet escalier de 47 marches, inscrit aux Monuments historiques. Il y en a pour près de 3 millions d'euros, subventionnés à plus de 80%. Le projet est largement soutenu par des mécènes tels que le Loto du patrimoine de la Mission Stéphane Bern, l’assureur Axa France ou encore le Crédit agricole du Languedoc.

Un chantier en trois tranches

Le chantier se divise en trois tranches. La première, qui concernait la partie l'emmarchement côté nord, est terminée, après neuf mois de travail. Actuellement, la deuxième phase est en cours et devrait se terminer fin-février. Il s'agit de rénover la partie centrale du monument. Chaque jour, au minimum 4 ou 5 personnes s'affairent sur le chantier. Cela peut aller jusqu'à 10 lors d'étapes importantes. Tous les ouvriers sont employés par les sociétés SELE et Jacquet. 

Sur chaque tranche du chantier, environ 300 tonnes de pierres sont utilisées. Les pierres d'origine sont conservées quand elles sont suffisamment en bon état, mais elles sont beaucoup détériorées sur cette tranche. Plus que sur la première. "On n'a pas pu en conserver beaucoup. Il faut au minimum 20 cm d'épaisseur dessous sinon, ce n'est pas structurable", indique le maître d'oeuvre, Jean-François Mousset du cabinet Architekt-on. Cette qualité moindre pourrait aussi s'expliquer par d'éventuels soucis financiers de la commune pendant l'édification, qui l'auraient peu-être amenée à revoir ses exigences à la baisse.

Deux sortes de pierres utilisées pour rénover

À l'origine, l'escalier est construit avec de la pierre de Barutel. Pour sa rénovation, le maître d'oeuvre a opté pour deux types de pierre. Le soubassement est refait avec de la pierre de Branco, issue du Portugal, qui est plus dure, plus dense. Elle résiste bien aux intempéries et joue son rôle de socle pour stabiliser le mur de soutènement. Le haut de la partie centrale est réalisé à partir de pierres de Fontvieille, "qui a des qualités importantes et des caractéristiques proches de la pierre d'origine", précise Jean-François Mousset.

De loin, on contente l'oeil. De près, on pourra remarquer les différences de pierres. Pour un résultat le plus homogène possible, les sociétés prévoient de sabler la pierre et aussi d'appliquer une patine. Reste aussi ce problème de mousse persistant sur l'édifice malgré les produits, probablement à cause de l'humidité ambiante. La mairie de Pont-Saint-Esprit a d'ores et déjà positionné un réceptacle avec station de pompage pour limiter l'impact des écoulements. 

Fin du chantier prévue pour fin 2023

Au fil de l'échafaudage, on peut voir les ouvriers travaillaient les pierres à même le mur. Si les pierres de Fontvieille sont taillées à l'atelier CELE puis reprises en fin de chantier, les pierres sculptées sont taillées sur place. Il y a même des pièces qui sont incrustées dans le murs, comme des tiroirs : "Les joints sont très minces, il faut être très précis", lance le maître d'oeuvre.

Un tailleur de pierre est mobilisé sur les statues, qui revêtent des motifs assez remarquables. Elles sont liées au passé commercial de Pont-Saint-Esprit et à la navigation : "On a découvert qu'il manquait une pièce sur une des sculptures, on va rajouter une bourse de commerce." Le chantier se poursuivra ensuite par la 3e et dernière tranche qui devrait, comme l'espère la municipalité, être terminée en fin d'année 2023.