FAIT DU JOUR À Alès, La France insoumise matraque l'extrême-droite et met le cap sur les Européennes
À l'initiative des Jeunes insoumis alésiens, un meeting réunissant un peu plus d'une centaine de personnes s'est tenu ce vendredi soir à l'espace Alès Cazot. Le député gardois Michel Sala, la coordinatrice nationale des Jeunes insoumis Emma Fourreau et le médiatique Manuel Bompard se sont tour à tour attaqués à la précarité et à "l'imposture du vote RN".
Avec une demi-heure de retard sur l'horaire annoncé, le temps d'attendre le retardataire Michel Sala retenu par le tournage d'une interview sur le plateau d'une chaîne de télévision à Montpellier, le meeting impulsé par les Jeunes insoumis alésiens s'est tenu ce vendredi soir à l'espace Alès Cazot. Une petite centaine de personnes y a assisté, puisque les 95 places assises - on a compté - étaient toutes occupées, tandis que quelques membres de l'organisation ont choisi de rester debout.
Ce n'était pas un hologramme, mais c'est bien la voix de Jean-Luc Mélenchon qui a brisé le silence précédant l'annonce du début du meeting avec la diffusion d’une vidéo au cours de laquelle le tribun incite les jeunes à voter "la prochaine fois" quelques minutes après son éviction du premier tour de l'élection présidentielle "pour deux petits pourcents". Corentin Dupuy a été le premier à s'avancer au pupitre pour s'exprimer au nom des Jeunes insoumis d’Alès, annonçant ainsi les deux thématiques du soir : la précarité et la lutte contre l’extrême-droite.
La lycéenne Anna-Livia Chanard pouvait enchaîner en listant "les réformes de Macron menées contre la jeunesse", à commencer par le service national universel (SNU), lequel ne serait "absolument pas populaire auprès des jeunes". La dernière nommée ne porte pas dans son cœur la "plateforme sélective" que serait Parcousup, laquelle "stresse plus les étudiants" que le baccalauréat lui-même. C'est avec l'intention de s’adresser à "tous les jeunes de la circonscription" que le député Michel Sala s'est saisi du micro.
De ses visites de terrain, le dernier nommé retient que les études supérieures s'avèrent en moyenne "plus courtes pour les jeunes ruraux", lesquels habitent des territoires où l'offre de formation, tout comme les transports en commun, ne sont "pas assez développés pour suivre le cursus de son choix". "Dans l’agriculture, les jeunes ne trouvent pas de foncier pour s’installer", regrette par ailleurs le député insoumis, qui estime que "la proximité géographique et la proximité humaine sont indispensables à l’heure du tout numérique".
Avec son débit mitraillette, des punchlines et des qualités naturelles d’oratrice, Emma Fourreau lui a succédé au pupitre. La coordinatrice nationale des Jeunes insoumis constate avec émoi que le Rassemblement national "fait son arrivée insidieuse un peu partout en France", y compris dans sa région, la Normandie. La jeune femme estime que "le gouvernement Macron porte une lourde responsabilité dans la dédiabolisation du RN", citant pour exemple le ministre du Travail Olivier Dussopt qui, au moment de la réforme des retraites, "a osé dire que Marine Le Pen était plus républicaine que nous (les Insoumis, Ndlr)".
Avec véhémence, Emma Fourreau a dénoncé "l'imposture des députés RN" dont les votes à l'Assemblée nationale illustreraient à merveille "l'arnaque" qu'ils constitueraient. Anna-Livia Chanard l'avait fait avant elle : "Les sondages nous disent que 70% des Français estiment que Marine Le Pen serait proche de leurs préoccupations. C’est un mensonge ! On n’a jamais vu un député RN manifester dans la rue contre la réforme des retraites. Pire, le RN a voté cette année 43% des propositions macronistes. Une bien drôle de façon de s’opposer."
Très applaudi lors de son arrivée au pupitre, Manuel Bompard a enfoncé le clou : "À côté de la posture du RN qui se prétend du côté du peuple qui souffre, il y a une réalité. C'est celle des votes des réputés RN à l'Assemblée nationale. Ils ont voté contre le fait de bloquer les prix des produits de première nécessité !" Le député des Bouches-du-Rhône allait ainsi égrener des exemples de rejets de propositions portées par LFI par "la coalition des députés RN et des députés macronistes", dont celle relevant du gel des loyers pendant un an.
Visiblement désireux de coller à la thématique du soir, le coordinateur national de La France insoumise n'en avait pas fini avec son matraquage du Rassemblement national. "La jeunesse a une inquiétude en particulier, c'est celle de savoir si la planète sur laquelle elle vit sera toujours vivable dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans. Là aussi je vous invite à regarder les votes des députés RN", a poursuivi Manuel Bompard, rappelant que la proposition d'une taxation particulière sur les yachts et jets privés a été rejetée par ces derniers, tout comme celle relevant de la suppression de la niche fiscale pour le kérosène aérien.
Alors que le dernier nommé a par ailleurs dénoncé "l’usage abusif" du "49.3" par le gouvernement pour contrer le vote de plusieurs "amendements progressistes", Emma Fourreau, dans son style caractéristique très frontal, résumait ainsi : "Le RN est l’autre parti des ultras-riches. Les vrais assistés de ce pays ne sont pas les immigrés mais les ultras-riches qui se gavent de super-profits." Après quoi, la coordinatrice nationale des Jeunes insoumis a mis le cap sur les prochaines échéances électorales, à commencer par les élections européennes pour lesquelles sa formation politique, associée à toutes les composantes de la Nupes à l'exception du Parti communiste, a élaboré un programme de 166 propositions.
Celui-ci serait à ses yeux "le meilleur" pour répondre aux exigences des concitoyens relatives au pouvoir d'achat et à l'accès aux soins notamment. Au rang des propositions phares de La France insoumise, la garantie d’autonomie (1102 euros par mois) pour tous les jeunes en formation. "Ce qui compte, c’est de montrer aux Français qu’on est un bloc uni", a conclu Emma Fourreau, considérant qu'une victoire aux européennes serait un signe fort envoyé aux électeurs de l'Hexagone en vue de la prochaine échéance présidentielle en 2027.
Quel avenir pour la Nupes ?
Mais le mois dernier, la réaction de LFI au conflit israélo-palestinien a fait voler en éclats les vestiges d'une Nupes déjà divisée. À ce sujet, interrogé par nos soins à l'occasion d'un échange avec la presse précédant le meeting, Manuel Bompard considère que l'avenir de La France insoumise "doit encore s'inscrire dans une trajectoire collective". Et tandis que beaucoup d'élus de Gauche placent leurs derniers espoirs dans une éventuelle nouvelle primaire réunissant écolos, communistes, socialistes et certains insoumis, le député des Bouches-du-Rhône réaffirme son "attachement" à la Nupes.
"Nos partenaires nous ont dit non sur tout, tout le temps. La Nupes se heurte à ces difficultés incontestables. Mais on ne renoncera pas à une démarche de rassemblement autour du programme de la Nupes défendu l'an dernier devant les électeurs. Si des appareils politiques décident de se mettre à distance de la Nupes, je le regrette", a rétorqué Manuel Bompard. À la tribune, le dernier nommé a conclu son intervention en "teasant" la niche parlementaire du 30 novembre prochain au cours de laquelle LFI sera "maître de l’ordre du jour pour la seule fois de l’année". "Nous avons inscrit une proposition de loi pour obtenir l’abrogation de la réforme des retraites à 64 ans", a prévenu le député, s'offrant ainsi une ovation de l'assistance.
L'interview de Manuel Bompard à venir, dès 7h30, sur Objectif Gard.
La position de Manuel Bompard au sujet du conflit israélo-palestinien :
"Rien, aucune insulte, aucune menace, aucune intimidation, ne nous empêchera toujours de dire qu'à la barbarie des actes commis le 7 octobre dernier, ne peut répondre la barbarie des bombardements d'une armée. Il n'y aura pas de réponse à ce conflit sans une réponse politique. Une réponse qui passe par l'application stricte du droit international, qui passe par la garantie de l'existence d'un état palestinien à côté de l'état israélien."