LAUDUN-L'ARDOISE Abandon du projet Gifi : le maire se défend dans une vidéo
Il y a quatre mois, Jean-Christian Rey, président de l'Agglomération du Gard rhodanien, annonçait dans un communiqué l'abandon du projet de plateforme logistique de Gifi sur l'ancien site d'Arcelor-Mittal, situé dans la zone industrielle de L'Ardoise. Il considère que la commune n'a pas donné un accord clair dans les temps. Se sentant "mis en cause", le maire de Laudun-l'Ardoise, Yves Cazorla, a reparlé du sujet dans une vidéo, mise en ligne il y a quelques jours.
Yves Cazorla le répète : il ne comprend pas la décision du président de l'Agglomération d'abandonner ce projet, à quelques heures de signer le compromis de vente. "Je pense qu'on a perdu beaucoup de temps, on a travaillé quatre ans sur ce projet pour l'abandonner du jour au lendemain. [...] C'est un gâchis pour le territoire, pour les habitants et pour ce site qui avait de l'avenir", s'exprime-t-il à travers une interview vidéo tournée in situ.
Comme l'a rappelé l'édile, le projet Gifi prévoyait entre 250 et 500 emplois et était estimé à 60 millions d'euros, "ce qui aurait eu un impact bénéfique pour toutes les entreprises du territoire". Lors du conseil communautaire du 12 avril 2021, les élus ont choisi à la majorité le projet Gifi plutôt que LEF (L'Ardoise eco-fret), bien que 44 d'entre eux se soient abstenus. La décision suit celle de la municipalité laudunoise. Mais du côté des riverains, le projet est loin de faire l'unanimité. Le comité de défense a listé de nombreuses inquiétudes : pollution aux particules fines, nuisances sonores, difficultés de circulation à cause de camions supplémentaires sur cette route déjà saturée...
Une clause pour limiter les nuisances sur les riverains
Le maire assure qu'il avait négocié une clause avec Gifi pour limiter l'impact sur les riverains : murs anti-bruit, construction de merlons... "Gifi proposait aussi de racheter les biens proches du passage à niveau et donc des flux de camions, ou bien de donner à leur propriétaire une somme d'argent de 30 000€", expose l'édile. Dans la clause, était aussi prévu que Gifi s'achemine vers une flotte de camions roulant à 100% en carburant vert d'ici à 2033. Et aussi que les habitants de Laudun-l'Ardoise soient favorisés pour les emplois. "Nous avons obtenu l'accord de cette clause le 20 octobre. On était prêt à signer le compromis de vente repoussé le 7 novembre, puis le 9", retrace le maire.
Mais le 8 novembre, le président de l'Agglomération a envoyé un communiqué disant : "Considérant que l’Agglomération n’a jamais porté un projet sur une commune sans que cette dernière n’ait donné un accord plein et entier à le voir se réaliser. Considérant la demande faite à la commune de se positionner clairement sur le dossier Gifi avant le 18 octobre 2022 et ayant accepté un délai supplémentaire jusqu’au 7 novembre 2022. Aujourd’hui, mardi 8 novembre 2022, considérant que les conditions ne sont pas réunies, le projet Gifi est donc abandonné."
"J'aurai du mal à travailler sur un autre projet, tant que je n'en saurais pas plus sur cet abandon"
La version d'Yves Cazorla n'est pas la même : "Il (Jean-Christian Rey, NDLR) dit que la position de la commune n'est pas assez claire et qu'il est trop tard. Je ne sais pas pourquoi il dit ça alors qu'on a travaillé sur ce compromis, donné toutes les pièces attenantes. L'EPF (*) avait tout en main, le notaire était au courant." Il continue de se défendre : "Quand on insère une clause particulière dans un projet et qu'on a rendez-vous le lendemain, c'est clair qu'on est d'accord pour signer le compromis. (...) Je n'ai pas été flou sur ce projet, je n'ai pas retardé la décision."
Malgré ce différend, Yves Cazorla, qui est aussi vice-président délégué au foncier d'entreprise à l'Agglomération du Gard rhodanien, entend continuer à travailler au sein de cette instance et avec Jean-Christian Rey. "Laudun-l'Ardoise est quand même la troisième commune du territoire, mais il était important de revenir sur ce sujet."
Le 1er magistrat laudunois conclut en lançant : "J'aurai du mal à travailler sur un autre projet, tant que je n'en saurai pas plus sur cet abandon." Contacté, le président de l'Agglomération qui serait "intensément mobilisé sur divers dossiers territoriaux" a seulement réagi en disant : "Il y a ceux qui parlent et ceux qui travaillent. Je suis résolument dans le camp de ceux qui travaillent."
* Yves Cazorla explique : "Pour acheter l'ancien site d'Arcelor-Mittal, on peut faire appel à l'EPF (Établissement public foncier) qui rachète, avance la trésorerie et revend à l'acquéreur potentiel. C'est ce qu'a choisi l'Agglomération à travers une convention."