FAIT DU JOUR À Bagnols/Cèze, les médiateurs "prennent le pouls" de la ville
Ils sillonnent la ville de Bagnols-sur-Cèze et on les reconnaît facilement à leur tee-shirt gris. Ce sont les médiateurs. Véritables acteurs de la tranquillité publique et du vivre-ensemble, nous les avons suivis pour en apprendre davantage sur leur métier.
Difficile de marcher dans la rue auprès de Nadia et Fatiha sans échanger plusieurs "bonjour" et "comment ça va". À Bagnols-sur-Cèze, les deux femmes sont bien identifiées par les habitants. Tous les jours, bravant la chaleur estivale, elles arpentent surtout les quartiers prioritaires de la Ville (Coronelle, Vigan-Braquet, Citadelle et Escanaux) mais passent aussi par le centre-ville ou la piscine Guy-Coutel, à la rencontre des résidents. Vêtues de leur tenue grise estampillée "Médiateur" et du logo de la Ville de Bagnols-sur-Cèze, elles ne passent pas inaperçues et décrochent souvent des sourires chez ceux qui les reconnaissent.
Avec leur collègue Samir, elles comptent parmi les trois médiateurs de la Ville de Bagnols-sur-Cèze. L'équipe s'étoffera bientôt d'une quatrième personne voire d'une cinquième. Cela permettra d'élargir les horaires de présence jusqu'à 22h. "Mais quand on veut recruter, ce n'est pas si facile. Il faut un profil particulier", indique Christian Baume, adjoint bagnolais délégué à la Sécurité et à la Tranquillité publique.
Mais quelles sont les missions des médiateurs ? "Dès qu'il y a un souci, on a l'habitude d'appeler la police, mais ce n'est pas toujours utile, voire même contreproductif. On parle souvent d'incivilité, d'insécurité. Le médiateur vient en amont pour désamorcer, régler une situation", poursuit Christian Baume.
Aller chercher les familles les plus éloignées pour leur parler des dispositifs existants pouvant les aider
Mais leur action ne se cantonne pas à la gestion de conflit. Ils sont aussi des "passeurs de relais" : "Leur rôle est aussi d'orienter les familles, les personnes qu'elles croisent vers les organismes, les associations, les dispositifs existants qui peuvent les aider." Au parc Marcel-Pagnol, les deux médiatrices ont croisé Lamyaa et sa nièce Sabrina et leur ont parlé de la Ruche numérique, un lieu qui peut aider gratuitement les familles qui n'ont pas accès à Internet chez elles dans leurs démarches administratives.
"Arriver à aider, c'est une grande fierté. Surtout quand on apprend qu'un jeune à qui on a parlé est pris en charge et se trouve entre de bonnes mains", atteste Fatiha, qui a été embauchée comme "adulte-relais" par la Ville de Bagnols-sur-Cèze depuis un mois. C'est dans la veine de cette habitante qui vit depuis 40 ans aux Escanaux et qui a souvent servi d'interprète à "ceux qui ne savent pas bien lire et écrire le français". Nadia, qui n'est pas du genre "à rester entre quatre murs", se retrouve bien dans cet emploi. Psychopraticienne de base, elle a choisi de faire un pas de plus "dans sa fibre sociale" et de se tourner vers la médiation elle aussi.
Elle nous glisse à propos d'elle et son binôme : "On est toutes les deux natives de Bagnols-sur-Cèze, on sait comment était la ville avant et maintenant, dans le bon comme dans le mauvais. Ça démultiplie notre implication." Fatiha rebondit : "On veut participer au changement des quartiers. On veut aider les jeunes, les parents parfois démunis et leur expliquer où il faut aller pour demander de l'aide."
"Se mettre à leur hauteur"
Dès la rentrée de septembre, elles passeront du temps auprès des jeunes qui traversent parfois des périodes difficiles, qui sont en décrochage scolaire ou souvent absents en cours. Les établissements scolaires font parfois appel à elles pour entrer en contact avec ces jeunes. Les médiatrices peuvent également les repérer directement dans la rue au moment où ils devraient normalement être à l'école.
Il n'est pas toujours facile d'amorcer le dialogue : "Avec les jeunes du quartier, on fait un sourire et on va vers eux. Il ne faut pas venir dans une position de force, mais se mettre à leur hauteur", indique Fatiha. La confiance se noue petit à petit, les jeunes "ne se sentant pas jugés" finissent par s'ouvrir et se confier. "Les jeunes n'ont parfois pas d'interlocuteur. Arriver à les accrocher est hyper important. Cette phase de prévention peut éviter de basculer dans une situation plus compliquée, vers les points de deal ou la délinquance", rappelle l'adjoint Christian Baume.
Pour lui, les médiateurs "prennent véritablement le pouls de la ville" et connaissent le terrain. Toutes les trois semaines, ils effectuent des maraudes principalement pour prévenir et alerter sur les addictions, un phénomène de plus en plus courant. L'équipe prend le temps d'écouter les jeunes et les incite à entamer un sevrage. Les médiateurs travaillent aussi avec le CSAPA (Centre de soins spécialisé dans la prévention de l'alcoologie et les addictologies) et l'association Riposte.
Ils peuvent aussi avoir une carte à jouer en cas de conflit de voisinage et restent attentifs aux remontées des commerçants. Toutes leurs actions s'inscrivent dans la stratégie locale territoriale de sécurité et de prévention de la délinquance (STSPD), signée en avril dernier, et sont coordonnées avec les autres médiateurs de Mosaïque en Cèze ou Riposte "pour être plus efficaces", conclut Christian Baume.
La Tranquillité publique, un domaine vaste
Les médiateurs font partie des différents services regroupés à la Direction de la tranquillité publique, qui est installée dans de nouveaux bureaux depuis juin au 14, rue Saint-Victor. Cela regroupe aussi bien l'occupation du domaine public que les droits de terrasses, que l'organisation de la fête votive en passant par la distribution de sacs jaunes (dans le cadre de la redevance incitative).