Du plus loin qu'il se souvienne, Kevin Vivier jouait déjà aux jeux vidéo à 5-6 ans, avec son père. À croire que les balbutiements sur la manette dans la maison familiale, à Saint-Geniès-de-Comolas, ont été gravés durablement dans son disque dur. Ado, il a passé beaucoup d'heures sur World of Warcraft "ce qui a pu entacher un peu mes études", avoue-t-il en riant. Au lycée, il s'amusait à coder sur sa calculatrice Ti-82. Aujourd'hui âgé de 30 ans, Kevin Vivier vit toujours dans son village du Gard rhodanien et fait les allers-retours jusqu'à Avignon. Là, où il y a sept ans, il a ouvert sa propre école de jeux vidéo, en Courtine. 

Le Gardois n'avait alors que 23 ans et sortait à peine de ses études de programmation qu'il a suivies après avoir obtenu son baccalauréat scientifique au lycée Einstein de Bagnols-sur-Cèze. "J'avais envie de créer une école telle que je me l'imaginais, mais dans un objectif hypothétique. J'ai rencontré des acteurs du milieu, j'ai trouvé des locaux adaptés, la banque me suivait. Les astres étaient totalement alignés, c'était difficile de rebrousser chemin", retrace-t-il. 

20e rang mondial décerné par The Rookies

Malgré son jeune âge, il se lance. Courage, folie "ou un mélange des deux ?", plaisante Kevin Vivier. En convention, certains étudiants le prenaient pour un élève. Qu'importe, la réussite n'attend pas le nombre des années. Sept ans après la création de l'école, son travail est récompensé par une belle consécration. L'année passée, la Game academy était classée septième meilleure école française dans la catégorie "développement de jeux vidéo" par l'organisme indépendant The Rookies. En 2023, elle a raflé la troisième place nationale et se positionne au vingtième rang à l'international.

La petite école avignonnaise, qui compte une centaine d'étudiants, parvient à se frayer un nom au milieu des gros établissements : "On est fier mais cela donne envie de faire encore mieux", lance le directeur qui remercie aussi ses équipes. Emma Juvenal, sa secrétaire, témoigne d'ailleurs à propos de son patron : "C'est quelqu'un de jeune, d'ambitieux mais humble qu'on a envie d'épauler et de suivre. Il est inspiré et inspirant. Il donne à tous la chance de pouvoir profiter de son dur labeur."

Une porte d'entrée vers de grands studios

La qualité de la formation ouvre aux diplômés les portes de célèbres studios tels que Ubisoft ou Ankama. "Les studios apprécient le temps d'adaptation très rapide de nos élèves. (...) On cherche vraiment à être dans l'accompagnement de l'étudiant. Ils sont quinze en classe, c'est essentiel pour travailler correctement. Le suivi pédagogique est très étroit", atteste le directeur. La Game academy propose deux cursus en cinq ans d'études : une formation de programmateur pour apprendre à coder les menus, les actions et toute l'articulation du jeu, et une formation d'infographiste pour maîtriser la modélisation 2D/3D, la création de personnages et d'environnements. La seule limite étant l'imagination des élèves qui pianotent sur leur clavier et peaufinent leurs travaux à l'aide de leur souris. 

"On a besoin de programmateurs pour la moindre application mobile maintenant, c'est très prisé. L'infographisme évolue de plus en plus. On en retrouve dans les pubs de montres par exemple", explique Kevin Vivier. Même si la formation tourne autour du jeu vidéo, les compétences acquises peuvent être utiles dans bien d'autres domaines comme le cinéma ou le serious gaming. L'Armée de l'air utilise ces technologies pour créer des simulations de vol notamment.

Grâce à la complémentarité des deux formations, les élèves travaillent aussi ensemble chaque année à créer un jeu vidéo. Les projets sont montrés devant des jurés professionnels, les étudiants doivent les présenter sur scène. "Cela compte pour le diplôme", souligne Kevin Vivier. Dès son lancement, la Game academy a connu un bel engouement mais la progression de l'établissement a été ralentie par la crise du Covid-19 et reprend doucement. L'école est aménagée dans deux bâtiments, décorés à la sauce geek bien sûr. Chaque salle est baptisée à l'effigie d'un héros numérique comme Skyrim ou Mario. Peut-être qu'un jour, un de ses espaces portera le nom d'un jeu qu'aura élaboré un de ces étudiants assis derrière l'écran...

Le tarif de la Game academy est autour de 5 000 € par an. Une journée portes ouvertes est organisée ce vendredi 26 janvier sur place au 135, rue Claude-André Paquelin, 84 000 Avignon. Les formateurs feront visiter les locaux et parleront des formations dispensées. Plus d'informations sur le site Internet en cliquant ici.