FAIT DU SOIR Les rapaces ont-ils encore leur place dans les fêtes médiévales ?

Une buse de Harris de la Fauconnerie Griffondor.
- MLM photographieLe Gard compte un certain nombre de fêtes médiévales. Il n'est pas rare d'y voir des démonstrations de vol de rapaces. Mais est-ce la place de ces animaux sauvages ? Assurément non pour l'association de protection animale "Paris Animaux Zoopolis" (PAZ). Les fauconniers, eux, usent de pédagogie pour expliquer la réalité de leur métier et pour rassurer sur le bien-être de leurs oiseaux.
Ce week-end, se tiennent les Journées Médiévales à Uzès avec au programme des tournois de chevalerie, des démonstrations de combats et un spectacle de vol de rapaces dans la cour du Duché. Cette dernière animation n'est pas passée inaperçue auprès de l'association PAZ qui a envoyé un courrier au maire, Jean-Luc Chapon, lui demandant pour les prochaines éditions de ne plus programmer de spectacles avec des animaux sauvages.
Il se trouve que c'est l'association Les Dynamiques d'Uzès qui organise les Médiévales d'Uzès en réalité. La présidente Lara Mauger affirme que la question n'a jamais été soulevée jusqu'à présent mais qu'elle a toujours vu des oiseaux qui avaient l'air bien portants dans leur apparence comme dans leur comportement. "On sent vraiment un lien entre les fauconniers et leurs oiseaux", assure-t-elle.
Des oiseaux "privés de leurs mouvements" ?
Les conditions de vie de ces oiseaux constituent l'un des premiers arguments avancés par la PAZ. Dans le courrier adressé à la mairie d'Uzès, il est écrit : "Les rapaces nés en captivité ont le même patrimoine génétique que leurs congénères libres : ils ont donc les mêmes besoins. Ainsi, les faucons doivent pouvoir voler plusieurs kilomètres par jour ce qui ne peut pas être le cas en captivité où ils sont attachés et détenus à vie en cages ou en volières. Privés dans leurs mouvements, attachés, il est fréquent de constater des stéréotypies (troubles du comportement) chez les animaux sauvages captifs, preuve d’un état d’anxiété chronique."
L'association de protection animale pointe aussi un dressage "particulièrement choquant" en rationnant la nourriture de l'oiseau, pour que lors du spectacle, il revienne plus facilement sur le gant du dresseur prendre sa récompense. "Les rapaces captifs sont tellement imprégnés par l’humain qu’ils ne survivraient pas dans la nature. Ils sont donc condamnés à effectuer toute leur vie les mêmes numéros pour quelques minutes de "spectacle"", se désole la PAZ.
"Nos oiseaux ne sont pas maltraités, loin de là"
Ce tableau alarmiste reflète-t-il vraiment la réalité ? "On écoute les opinions de ces associations mais elles sont faussées. Nos oiseaux ne sont pas maltraités, loin de là. Il ne faut pas oublier que dans la nature, ces oiseaux vivent moitié moins de temps et ne mangent pas tous les jours. Ce sont des animaux territoriaux qui peuvent s'entretuer", répond Aurore Corci, à la tête avec sa mère, Isabelle, de la Fauconnerie Griffondor, basée à Remoulins. Ses oiseaux vivent dans de grandes volières et sont lâchés tous les jours afin de se dégourdir. Elle emmènera entre 8 et 12 rapaces ce week-end aux Médiévales d'Uzès. Un spectacle de vol est prévu le samedi à 18h30 et les oiseaux seront visibles la journée au pied du Duché.

Aurore Corci fait preuve de beaucoup de transparence : "À chaque début de spectacle, on explique bien que l'on travaille nos oiseaux à l'affectif. On crée avec eux une relation de confiance et de respect mutuel, qui est très longue à obtenir car les rapaces restent sauvages. Cela prend des années pour certains." Et d'ajouter : "Pendant les démonstrations, si nos oiseaux aujourd'hui ne veulent pas voler, on ne les oblige pas. Les gens peuvent déjà les voir de très près et c'est pas mal."
D'importants contrôles et des certifications obligatoires
La fauconnerie est une histoire de famille qui dure depuis 15 ans. Ses parents, magiciens à l'origine, faisaient des numéros avec des perroquets et autres becs crochus. Un jour, sa mère -qui faisait aussi refuge LPO- a recueilli une buse sauvage blessée par un chasseur avec peu de chances de survie. Elle a quand même voulu la soigner. L'oiseau s'est laissé faire, une véritable relation s'est nouée.
Guérie, la buse a revolé autour de la maison pendant trois semaines, bien reconnaissable par son trou dans l'aile qui ne s'est jamais refermé. "L'année suivante, elle est revenue avec son partenaire, comme pour nous le présenter. On s'est dit qu'on pouvait largement créer un lien avec un rapace, il faut juste plus de temps qu'avec un animal domestique", retrace Aurore Corci. C'est ce qui a poussé sa mère à passer ses certificats de capacité, condition sine qua non pour pour être fauconnier et faire du spectacle. "On a d'ailleurs un important suivi ainsi que de très gros contrôles, parfois à l'improviste. On en a eu il y a trois semaines", ajoute la fille.
"Nous faisons beaucoup de pédagogie"
Aujourd'hui, la Fauconnerie Griffondor compte 36 rapaces et exerce plusieurs activités : spectacle, stages, sensibilisation auprès des enfants, reproduction, l'effarouchement pour faire peur aux nuisibles... "Partout où nous nous déplaçons, nous faisons beaucoup de pédagogie pour que le grand public puisse connaître un peu mieux le monde du grand rapace, apprenne comment le protéger aussi dans la nature. On ne fait pas que se faire de l'argent sur le dos de nos oiseaux", assure Aurore Corci. Parfois, la fauconnerie est amenée à récupérer des rapaces qui étaient détenus illégalement par des personnes.
Elle a déjà eu affaire aux slogans et pancartes des associations animalistes pendant des représentations. Aux militants, elle a envie de rappeler : "Nos oiseaux, quand ils volent, ils sont en liberté. S'ils souhaitent repartir, ils le peuvent. Un rapace n'est pas domestiqué et on ne lui ote pas ses instincts naturels de prédateur. Il n'a pas besoin de nous mais l'animal n'est pas bête, on lui offre le gîte, le couvert, la sécurité." Elle invite les militants à venir chez elle, pour dialoguer, pour voir comment elle travaille et les conditions des animaux "qui sont heureux d'être avec nous".
Bientôt une loi prohibitive ?
À l'origine, les parcs zoologiques et les fauconneries sont destinés à faire de la reproduction "dans un but de maintien d'espèces en vie. S'il n'y avait pas ça, plein d'espèces se seraient éteintes", plaide Aurore Corci. Un faux alibi d'après l'association PAZ qui rétorque que "la majorité des espèces de rapaces utilisées dans les spectacles comme les faucons pèlerins, les hiboux grands ducs ou les buses de Harris ne sont pas des espèces menacées d’extinction."
Les questions autour du bien-être animal sont très prégnantes aujourd'hui. Plusieurs fêtes médiévales ont d'ailleurs fait le choix d'annuler leurs spectacles de fauconnerie. L'article 46 de la loi du 30 novembre 2021 pourrait dans les prochaines années interdire "d'acquérir, de commercialiser et de faire se reproduire des animaux appartenant aux espèces non domestiques en vue de les présenter au public dans des établissements itinérants." Reste à en connaître l'envergure exacte ?
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