LA RÉCAP' Jean-Moulin fait de la Résistance, une crèche à 80 000 euros, et du boudin à la Légion
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Jean-Moulin fait de la Résistance. C'est fou comme l'histoire - la petite comme la grande - prend plaisir à bégayer et à repasser les plats. Surtout les plus indigestes. Quelques jours à peine après l'agression d'un professeur par un parent d'élève devant le collège de Saint-Gilles (relire la Récap' de la semaine dernière), vendredi 15 janvier c'est cette fois le directeur de l'école Jean-Moulin du quartier du Chemin Bas d'Avignon qui a été insulté et menacé de mort devant une de ses collègues par le père d'un élève de CP qui n'aurait pas apprécié les remarques du pédagogue concernant le comportement de son rejeton. Ce nouvel incident, qui est malheureusement loin d'être un cas isolé, aura eu pour seul bénéfice de mettre en exergue la solidarité qui s'est exprimée collégialement de la part du corps enseignant mais aussi des parents d'élèves, tous unis pour dénoncer cette violence imbécile. Mais c'est tout. Pour le reste, les premières victimes de cet acte insensé ont été les enfants dont l'école est restée fermée. Car Jean-Moulin est désormais entrée en Résistance. Faudra-t-il dans un futur proche enfermer l'École dans une tour d'ivoire en installant des portails électroniques détecteur de métaux à l'entrée des établissements, des vigiles devant les grilles et s'assurer au préalable de la présence auxiliaire d'un policier à chaque échange entre enseignant et parent d'élève ? Ce serait assurément la pire des solutions et installerait définitivement une méfiance réciproque qui n'a pas lieu d'être et des a priori relationnels négatifs durables sans régler le fond du problème. L'école doit rester un espace d'échange et de discussion. Mais si l'Éducation nationale a bel et bien vocation à apporter les connaissances nécessaires à leur épanouissement personnel aux enfants de la Nation et à leur offrir les outils nécessaires à leur réussite, les enseignants ne sont pas des punching-balls et il n'entre pas dans leurs compétences de faire l'éducation des parents.
Une crèche à 80 000 euros. C'est en effet la coquette somme dont devrait potentiellement devoir s'acquitter la municipalité de Beaucaire qui vient, pour la quatrième fois, d'être condamnée pour avoir installé une crèche dans l'enceinte de l'Hôtel de ville, en contravention avec la loi sur la laïcité de 1905 qui, dans son cadre général, indique une interdiction d'un signe ou d'un emblème religieux dans un édifice public. Lundi 18 janvier, la cour administrative d’appel de Marseille a rendu un jugement portant astreinte de 5 000 euros par jour à compter de ce jour et jusqu’au démontage de la crèche, prévu le 3 février prochain. Ce qui n'a pas ému le moindre du monde le maire Rassemblement national de Beaucaire, Julien Sanchez, dont le bras de fer avec l'administration a vite tourné chez lui au bras d'honneur. Loin d'aller à Canossa et de faire profil bas, l'impétueux élu beaucairois s'est au contraire empressé une fois encore d'enfiler les guenilles trop grandes pour lui de la victime incomprise dans une vidéo diffusée sur Internet. "Cette crèche est là. Elle y restera jusqu'à la date initialement prévue de son démontage", pose là comme un défi à l'État celui qui se drape dans l'étendard des défenseurs des traditions de Provence. Mieux encore, toujours prêt à rouler carrosse qu'il voudrait les voir tirer, le maire n'a pas hésiter à solliciter ses plus fidèles zélateurs lors d'un appel aux dons qu'il aurait pu intituler "Santons tous en chœur" pour financer la crèche de... 2021 ! Julien Sanchez a également annoncé sa décision de saisir le Conseil d'État pour faire annuler l'ordonnance de la cour administrative d'appel de Marseille. Et pour faire bonne mesure, "nous allons aussi en plus poursuivre en justice l'État français pour discrimination politique", ajoute le maire qui compile les procès, n'en est pas à ça près et sait mieux que quiconque que le ridicule ne tue pas.
Du boudin à la Légion. En dépit de la pandémie de covid-19 peu propice aux affaires et au tourisme, en ce début d'année on a quelques raisons d'avoir la banane chez les Falco. Cette famille parisienne, qui gère et possède en partie 29 hôtels 4 et 5 "étoiles" à Paris, dans le Sud de la France et, plus récemment, à l’étranger au Portugal et en Chine (source Challenges), en sus de décrocher à Nîmes sa première étoile au Guide Michelin pour le restaurant gastronomique de l'Imperator, le Duende, vient de voir le chef de famille, Jean-Bernard, décoré de la Légion d'honneur. Désormais habilité à arborer le coruscant ruban rouge et son hochet, le désormais chevalier rejoint au sein l'honorifique ordre napoléonien le maire de Nîmes et officier, Jean-Paul Fournier (*) avec lequel il s'est fâché depuis que la municipalité a engagé des travaux de voiries sur les Quais de la Fontaine devant son établissement, le privant d'une halte minute pour les véhicules de ses riches clients. Pas sûr que cette hasardeuse confraternité de circonstance suffise à rabibocher les deux hommes, le magnat de l'hôtellerie persistant à évoquer cette semaine dans nos colonnes que le maire et ses équipes "sont complètement à côté de la plaque". Quant à ce qui pourrait ressembler à un signe d'apaisement, dans une autre Légion, étrangère celle-là, on aurait chanté qu'on n'en voit pas... le bout d'un, chacun dans son coin préférant "faire du boudin" et camper sur ses positions.
Philippe GAVILLET de PENEY
* Jean-Paul Fournier a été promu officier en 2007 par le président Sarkozy. En , à la suite de sa condamnation pour prise illégale d'intérêt, il est suspendu pour un an du port de ses décorations de la Légion d'honneur et du Mérite (source Wikipédia).