LES ANGLES Font d'Irac : les riverains inquiets face au projet de 60 logements
Soixante. C'est le nombre de logements prévus dans le projet immobilier de la Font d'Irac. Et cela suscite des réticences chez les riverains. Mardi soir, une réunion d'information et de concertation a été organisée pour expliquer le projet et répondre aux interrogations de la centaine de personnes présentes.
La Font d'Irac est un quartier en bas des Angles, ceinturé entre la 2X2 voies, la RD2, le Rhône et le chemin de fer. À deux pas des habitations demeure un secteur arboré. Une majeure partie a été reclassée en zone naturelle, une autre de 2,8 hectares est sous le coup d'une OAP (orientation d'aménagement et de programmation). En clair, le Plan local d'urbanisme (PLU), qui s'appuie sur des perspectives démographiques, prévoit d'y implanter dans un avenir plus ou moins proche des logements.
Il y a quelques mois, la municipalité des Angles a vendu ces 2,8 hectares à la société Envol (société appartenant au groupe Hectare, ndlr) pour 1,5 million d'euros. Dessus, la société prévoit de construire 60 logements : 16 villas, 20 logements collectifs en accession libre et 24 logements sociaux. Ces derniers seront répartis dans des "plots" d'habitat collectif en R+2 (rez-de-chaussée + deux étages). Ce qui ramène une densité basse d'environ 20 logements à l'hectare. "L'emprise bâtie est de 7%. C'est extrêmement maîtrisé d'un point de vue d'impact (...) Le projet est beaucoup moins dense que le tissu urbain existant", indique Quentin Daïder de chez V+D architectes.
"Espaces verts significatifs" et "maintien des espaces arborés existants"
Tolga Coskun, directeur développement durable chez Envol, a aussi rappelé qu'avant chaque opération immobilière, une quinzaine d'études étaient effectuées en amont (diagnostics écologique, phytosanitaire des arbres etc.). "On construit une stratégie durable de développement urbain. On réduit au maximum notre impact à travers l'approvisionnement en matériaux ou une utilisation la plus sobre possible des espaces. Tout cela a été synthétisé dans une charte développement durable transformée ensuite en label", assure-t-il.
La société Envol s'est aussi engagée à "porter une grande vigilance" lors de la réalisation des travaux pour obtenir le résultat attendu. Et une fois le chantier réceptionné, le promoteur restera encore deux ans sur place "pour l'activation des lieux". Il pourra intervenir en cas d'éventuels défauts, pour reprendre les plantations, pour aider à la création d'une vie associative... Ce projet de la Font d'Irac ressemblera à un "parc habité", avec des "espaces verts significatifs" et "le maintien des espaces arborés existants", comme l'exige le PLU. Le but étant de ne pas recourir à un "déboisement massif". Les arbres seront conservés pour créer une zone tampon et éviter la covisibilité entre les nouvelles villas et les maisons déjà existantes en zone ouest. L'accès pour les habitants se fera seulement par le chemin de la Digue, une autre piste sera créée pour les pompiers en cas d'incendie. Et le boulodrome sera conservé.
"Vous arrachez le coeur de la Font d'Irac"
Voilà un argumentaire qui se veut rassurant pour les riverains, pour beaucoup opposés à ce projet dans leur quartier. Un collectif s'est d'ailleurs monté il y a quelques mois et une pétition en ligne totalise près de 570 signatures. Une habitante se soucie du risque inondation. Ce à quoi l'urbaniste Stéphane Vernier, a répondu : "C'est une zone inondable mais constructible. Cela a été validé par les services de l'État au niveau du PLU."
Les interventions des habitants ont été nombreuses et plus ou moins vives. Un autre habitant qui réside impasse des Marjolaines s'inquiète de la présence d'eau à faible profondeur dans le sol : "Si vous voulez construire des immeubles importants, ils auront les pieds dans l'eau." L'architecte a assuré qu'aucun parking ne serait créé en sous-sol pour éviter les impacts sur les nappes phréatiques et que des dossiers loi sur l'eau vont être fournis. Paul Caparros, qui est un des meneurs du collectif de riverains, se révolte : "Ce projet va passer devant le tribunal administratif ! (...) Vous dites que vous préservez le bois mais vous enlevez la partie la plus belle. Vous arrachez le coeur de la Font d'Irac. Vous n'avez pas le droit."
Une autre habitante déplore que les habitats collectifs qu'elle désigne comme des "blocs de béton" dénotent dans le paysage. Un homme espère que malgré tout "le quartier va rester tranquille". Un autre appréhende le fait que 120 voitures supplémentaires circulent à cet endroit. Endroit où les vitesses excessives sont monnaie courante selon un couple, qui a peur pour les enfants mais aussi pour les résidents qui s'engageront sur la rue de la Digue, où la visibilité n'est pas toujours bonne. Une femme se demande aussi si les maisons déjà construites ne vont pas perdre de leur valeur.
La commune contrainte de construire des logements
La municipalité et la société Envol ont entendu les remarques et s'engagent à réfléchir à des solutions pour davantage sécuriser les lieux, pour encore améliorer la dimension paysagère. Mais le maire, Paul Mély, a surtout voulu faire comprendre aux habitants qu'il fallait absolument que la commune fasse des efforts : "On a beaucoup de contraintes supranationales. On a obligation de construire des logements sociaux et même des logements tout court parce que notre démographie augmente." Aux Angles, il y a environ 4 500 logements dont 450 logements sociaux. Il en faudrait 700 de plus pour rentrer dans les taux imposés par la loi SRU. En attendant, la municipalité paie des pénalités.
Mais ce n'est pas ce que l'édile craint le plus. Ils alertent le public : "Aujourd'hui, l'OAP prévoit 60 logements. On aurait pu aller jusqu'à 80. Si on continue de faire traîner cette opération, si on sollicite moult fois les services de l'État, j'ai peur que d'ici peu de temps l'EPF (établissement public foncier, ndlr) préempte ce terrain et qu'on se retrouve peut-être avec le double de logements que ce qui est prévu. Si vous faites blocage, ça ne va que retarder l'échéance du projet qui à terme pourrait se transformer en quelque chose de beaucoup plus désagréable sur lequel nous, élus, on n'aurait plus aucun pouvoir."
Dans la salle, était aussi présente Aurélie Tétot, présidente du collectif des Écureuils de la Combe Chazet, un autre quartier anglois où plane un projet immobilier. "Vous avez dédensifié à la Font d'Irac, donc j'imagine que vous allez remettre en route le projet de la Combe Chazet pour satisfaire les exigences de l'État. Mais on parle d'un pourcentage de logements sur une population qui augmente. C'est sans fin. Surtout qu'on détruit des biotopes, il y a des intérêts faunistique et floristiques...", revendique-t-elle. Le maire acquiesce mais affirme qu'il n'y a pas d'autres zones disponibles de suite pour construire à part ces deux secteurs. Et que l'État n'attendra pas. Le maire est d'ailleurs convoqué à la préfecture d'ici quinze jours.
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