NÎMES Évasion fiscale : Attac cible BNP Paribas
Munis d’affiches, de pinceaux et de seaux de blanc de Meudon, ces militants de l’association altermondialiste Attac ont redécoré la devanture des trois agences nîmoises de la BNP Paribas.
Défense et dénonciation
Le mot d’ordre était double : « on dénonce le fait que ceux qui essaient de sensibiliser les gens et de mettre en évidence les pratiques d’évasion fiscale qui frisent l’illégalité sont poursuivis, alors que ceux qui sont responsables de ces pratiques jouissent d’une impunité totale », lance David Hautelin d’Attac. Leur militante Nicole Briend, qui a participé à une action symbolique de fauchage de chaises dans une agence BNP Paribas de Carpentras (Vaucluse) le 17 mars 2016 est en effet poursuivie en justice pour vol en réunion par la BNP Paribas, et comparaîtra le 6 février prochain.
BNP Paribas est dans le collimateur d’Attac depuis des années pour ses pratiques. La banque a notamment été condamnée l’été dernier à 38 millions d’euros de redressement fiscal au Royaume-Uni pour avoir organisé un système d’évasion fiscale entre la place londonienne et des paradis fiscaux, système opaque qui passait notamment par les îles Caïmans et le Luxembourg. La banque avait également été condamnée à une amende record de 8,9 milliards d’euros en 2014 par la justice américaine pour ne pas avoir respecté les embargos américains avec Cuba, le Soudan et l’Iran, et en 2017 à 350 millions de dollars d’amende, toujours par les États-Unis, pour manipulation du marché des devises.
« L’évasion fiscale, c’est l’équivalent du budget de l’Éducation nationale »
Alors le but d’une telle opération est de toucher les citoyens : « c’est une opération de communication à destination de tous les gens qui vont passer devant ce week-end », explique David Hautelin. Une opération durant laquelle la consigne expresse était de ne pas commettre de dégradations, car « la BNP n’attend que ça pour continuer ses actions en justice contre nous », répète le militant lors du briefing qui a précédé l’action.
Alors les affiches ont été collées au ruban adhésif, et du blanc de Meudon, qui se nettoie à l’eau, a été utilisé afin d’opacifier les vitres. Une manière pour les militants de « dénoncer les pratiques opaques de la BNP Paribas et réclamer de la transparence. » Et au delà du simple cas de la BNP Paribas, le message est de dénoncer l’évasion fiscale dans son ensemble, quelques semaines après la révélation du scandale des Paradise Papers : « l’évasion fiscale représente entre 60 et 80 milliards d’euros par an rien que pour la France, c’est l’équivalent du budget de l’Éducation nationale, explique David Hautelin. On considère que l’argent nécessaire pour mettre en oeuvre la transition écologique ou pour ne pas subir les politiques d’austérité dans la Sécu, les retraites, la santé ou l’éducation est là, il suffit d’aller le chercher. »
Thierry ALLARD