PRÉSIDENTIELLE Le patron du PS, Arnaud Bord : « Oui, je suis favorable à une primaire de la Gauche »
Après la réussite du congrès des Républicains qui ont désigné leur candidate à la présidentielle, Valérie Pécresse, la candidate socialiste Anne Hidalgo souhaite aussi une primaire. Une solution pour permettre à la Gauche de revenir sur le devant d'une scène dont elle a complètement disparu ? Entretien avec Arnaud Bord, premier secrétaire fédéral du Parti socialiste 30.
Objectif Gard : Cette pré-campagne présidentielle s’est jouée uniquement autour des thèmes de la Droite que sont l’immigration ou la sécurité. Comment expliquez-vous que les candidats de Gauche n’ont pas réussi à se faire une place dans le débat public ?
Arnaud Bord : Aujourd’hui, les candidats de Gauche ne sont pas ceux qui dirigent les médias. Ils ont pris les sujets qui ont été exacerbés par certains candidats. La Gauche porte, elle, des sujets essentiels et notamment en cette période de crise. Or preuve en est que cela n’intéressait pas le débat public… Pour autant, ce débat est peut-être éclipsé par le commercial Emmanuel Macron qui distribue des euros avec le chéquier de l’État pour masquer ce creusement des inégalités dont la lutte est primordiale pour la Gauche.
C’est pas un peu facile d’attaquer les journalistes ? Vous ne faites pas votre introspection….
Si ! Sauf qu’aujourd’hui le choix d’Anne Hidalgo était de faire une campagne de territoire pour aller s’imprégner de ce que les français attendaient pour cette présidentielle. Or les faits de ce week-end, qui ne vous ont pas échappé, ont mis la Gauche au pied du mur. L’extrême-Droitisation de la France n’est pas acceptable et réclame un sursaut unitaire et salutaire de la Gauche.
Vous faites référence à l’altercation entre des partisans d’Éric Zemmour et des militants de SOS Racisme ?
Je vous laisse ces mots-là. Au-delà, on sait que les médias sont attachés aux sondages. Or un sondage info du 22 novembre 2021 indique que 70% des sympathisants et sympathisants de Gauche (FI, EELV, PS, PRG, PCF…) appellent à une candidature unique.
Vous êtes donc favorable à l’organisation d’une primaire pour rassembler les candidats de Gauche comme l’a proposé Anne Hidalgo mercredi soir sur TF1 ?
Oui. Nous sommes surtout les premiers à proposer une primaire pour que le débat programmatique soit mis en avant et pas l’alliance de logos qui est mortifère. Au-delà, Anne Hidalgo prend l’engagement - et c’est une première - de se rallier au vainqueur en cas de défaite. Ce n’est pas donc pas une alliance derrière quelqu’un, mais une alliance pour un programme de Gauche.
Avec qui et comment s’organiserait cette primaire ?
On sait le faire. On en a déjà beaucoup organisé. Les modalités restent à définir quand on saura quels candidats accepteront d’intégrer cette primaire. Mais chacun aujourd’hui doit prendre ses responsabilités.
Pensez-vous pouvoir convaincre le candidat de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, de vous rejoindre ?
Il n’y a pas à convaincre. C’est le seul chemin pour redonner un espoir à notre camp et aux valeurs que l’on porte. Si Jean-Luc Mélenchon veut continuer seul, il prendra ses responsabilités. Mais à 9%, on ne gagne pas une élection présidentielle.
Il ne veut peut-être pas gagner la présidentielle, mais plutôt financer son parti avec les élections législatives ?
Oui, mais ce n’est pas la réalité de la misère des concitoyens français. En plus, s’il n’y a pas d’union de la Gauche à la présidentielle, tout le monde sera dispersé aux élections législatives. On sait que les deux élections sont liées. In fine, tout le monde sera perdant.
Cette annonce inattendue de la part d’Anne Hidalgo ne signifie-t-elle pas qu’il y a un peu panique à bord (Sans mauvais jeu de mots avec votre nom de famille) ?
Non. À un moment donné, ce n’est pas parce que quelqu’un fait preuve de responsabilité qu’il y a de la panique. Il y a un constat froid de la situation et de la droitisation du débat public. Or aujourd’hui, et notamment en situation de crise, seule la Gauche peut apporter de vrais réponses à la détresse des Français. Mais une Gauche unie !
Cette idée de primaire ne serait-elle pas finalement une fausse bonne idée. Pensez-vous que les candidats de Gauche auront la même discipline que les Républicains qui ne se sont pas trop égratignés pendant les débats ?
Nous, pour l’intérêt général on prend ce risque là parce qu’aujourd’hui la situation est tellement grave qu’elle nous oblige.
Propos recueillis par Coralie Mollaret